Son feuillage aromatique au parfum d’agrume peut être employé jeune en salade avant de devenir le gumbo un peu plus tard en saison. Les feuilles sont alors séchées, broyées et broyées pour obtenir une poudre incontournable de la cuisine Cajun.
René de Obaldia a choisi cet arbre avec perspicacité pour donner une tonalité exotique à sa pièce qui est un western contemporain. C’est de l’histoire ancienne, mille fois jouée. Mais revue et corrigée par l’auteur soi-même, et mise en scène par Thomas le Douarec (qui lui aussi a repris le travail à zéro) cela devient une comédie musicalement déjantée et furieusement alerte, et le public ne peut pas regretter une minute d’être venu la voir.
Dès le lever de rideau qui s’ouvre sur les trois coups, tirés à coups de revolver, on est heureux d’être là. Pour entendre ce texte qui fait fuser les répliques, tantôt souffles, parfois bises ou brises composant un ensemble truculent, brillant, très drôle et superbement bien écrit.
Nous sommes dans le Kentucky, chez de pauvres fermiers qui s’appellent … Rockfeller. Le patriarche a un tempérament fougueux. Caroline, sa femme, adorée, quoique … a des talents ménagers et celui de lire l’avenir dans une boule de cristal. Les enfants, Tom et Paméla se chamaillent. Le docteur Butler, l’ami de la famille, s’incruste à la table.Cette histoire abracadabrante frôle le « trop » sans jamais l’atteindre, avec ses répliques savoureuses : l’œuf d’autruche ne fait pas le printemps. (…) J’aurai la peau du dernier des mohicans. On nage en plein western, avec toute son imagerie : portes de saloon, robes volantées, chapeaux et plumes, Indiens, cow-boys et shérifs.
Surgit Œil de Lynx qui terrorise les fermiers jusqu’à l’arrivée d’une prostitué au grand cœur et un shérif justicier comme il se doit. Tous les ingrédients du western y sont, mais n’allez pas croire qu’on est dans un schéma classique. La parodie est à son comble.
Les dialogues sonnent justes malgré leur coté dérisoire : Ah si j’avais 20 ans comme y’a 50 ans ! Ou une misogynie caricaturale et intentionnellement comique : Occupe-toi, tricote ! Mais toujours ciselés dans une langue riche.
Les acteurs sont de vraies tornades. Avec une mention spéciale pour Patrick Préjean qui reprend le rôle de John-Emery Rockefeller, jadis interprété par Michel Simon et Jean Gabin. Un rôle physique qui ne laisse pas une minute de repos mais qui doit combler le comédien. Sans oublier tous les autres (voir distribution en fin de billet).
On aimera aussi la pièce pour les danses et les chants, les soupirs et les hurlements. Pour la musique en clin d'œil à Ennio Morricone.
René de Obaldia en fut lui-même un heureux spectateur en compagnie de Michèle Morgan, marraine du festival, et cousine de l’auteur par alliance (cela ne s’invente pas). Il déclarait avoir passé une soirée formidable, se disant enchanté, et touché, de la présence et de la ferveur d’un public lui aussi conquis : c’est très réconfortant d’être en chair et en os parmi vous.
La réciproque était vraie : il était très agréable d’être à coté d’un si jeune homme !
Le théâtre du Ranelagh célèbre cet auteur jusqu'au 19 novembre en proposant plusieurs spectacles et lectures au cours d'un festival dont vous trouverez le détail sur le site du théâtre.
Du vent dans les branches de Sassafras de René de Obaldia
Mise en scène : Thomas Le Douarec assisté de Michèle Bourdet et Philippe Maymat
Jusqu’au 19 novembre 2011 A 21h du mercredi au samedi - Dimanche à 17h
Théâtre Le Ranelagh - 5 rue des vignes - 75016 Paris - 01 42 88 64 44
Avec Patrick Préjean, Isabelle Tanakil, Michèle Bourdet, Marie Le Cam, Charles Clément, Philippe Maymat ou Thomas Le Douarec, Christian Mulot, Mehdi Bourayou. Lumières : Pascal Noel - Costumes : Argi Alvez pour les Mauvais Garçons. Décor : Claude Plet - Musique : Mehdi Bourayou
Photos Lot sauf mention A bride abattue
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