Elles sont quatre jeunes femmes , joyeuses, à s'élancer à l'assaut d'un chemin escarpé. A regarder leurs pieds équipés de simples claquettes on les croirait en route pour la plage. Mais leur mission, très ordinaire, est d'atteindre le sommet de la montagne , d'y remplir chacune deux seaux d'eau à la source et de les redescendre au village.
Ce n'est pas une promenade de santé. Un pied se tord sur une pierre. La chute est brusque. Un filet de sang coule le long de la jambe. Une vie de moins. C'est tout, banal.
En bas, une voisine accouche. Elle est bénie : c'est un garçon. Une vie de plus. Autre normalité. Le village peut se préparer à festoyer.
Il en va ainsi depuis des décennies sans aucune raison pour que cela change. Même si les hommes sont désormais majoritairement sans travail ils restent dans leur tête chasseurs et guerriers et ont peur de la paix. Il leur faut du temps pour accepter de considérer les choses autrement.
La tradition garantit la continuité de la tranquillité masculine et il ne peut être question de remettre en cause cette domination. Jusqu'à ce qu'une goutte de sang de trop décident les femmes à allier leurs forces. Plus question d'accepter la fatalité, de se tuer à la tâche tandis que les maris tapent le carton en sirotant une boisson fraiche. Elle vont mener la révolution avec les moyens du bord, en chantant et en dansant, avec à leur tête Leila, la jeune, qui a tout à perdre, et Vieux fusil, la vieille qui n'a rien à gagner.
Le scénario emprunte la forme d'un conte oriental situé dans le temps, par la présence d'un téléphone et d'une télévision, mais peu repérable géographiquement. Le tournage a eu lieu dans l'Atlas, à 50 km au sud de Marakech, et la source n'est pas un décor de fiction. L'eau courante n'alimente le village que depuis quatre ans. Le point de départ a été une grève de l'amour qui a eu lieu en Turquie en 2001 pour une histoire d'eau et qui s'est terminée grâce à un journaliste qui a publié un article dans Libération.
Les actrices comme Leila Bekhti, Biyouna ou encore Hiam Abbass (qui était merveilleuse dans the Visitor de Thomas Mac Carthy en 2008) ont été inspirées par les habitantes du village. Ce sont des femmes ouvertes, dont la vivacité, l'humour, la joie de vivre et la poésie transcendent les souffrances quotidiennes.
Le réalisateur est persuadé que la beauté et l'intelligence de la femme sont les seules armes possibles contre l'intégrisme et la bêtise. Il s'est appuyé sur la tradition berbère de la poétesse, presque chroniqueuse, quasi slameuse, qui dans chaque village improvise des chants pendant les fêtes avec une âme de justicière.
Le personnage de Vieux fusil a 70 ans aujourd'hui. Elle doit son nom à la force de ses paroles, puissantes comme des balles, qui ont permis d'obtenir un nombre conséquent de divorces. Pour gagner il faut savoir employer les métaphores, et ne jamais attaquer l'adversaire frontalement car on ne gagne rien d'un ennemi qui perd la face.
Après Va, vis, deviens, puis le Concert, c''est tout le talent de Radu Mihaileanu, d'avoir conçu un film en forme de plaidoyer féministe qui ne soit pas une caricature de la société marocaine. Comme il l'a expliqué aux spectateurs de la soirée d'ouverture du Festival Paysage de cinéastes, il a voulu que le cri des femmes soit entendu comme une main tendue aux hommes. Le public a été unanimement séduit.
Le festival démarrait en beauté avec ce film qui s’inscrivait parfaitement dans le double thème du paysage et de la Méditerranée. Le cinéaste a conquis la salle par ses propos humanistes. On m’a dit que les comédiennes avaient à cœur que le message principal soit entendu et serve la cause, non seulement des femmes mais de tous ceux qui croient aux valeurs d’égalité et de progrès. Elles scrutent les commentaires de la page facebook du film qu’elles lisent régulièrement depuis New York où elles sont actuellement en tournage. Alors n’hésitez pas à laisser vos impressions. Ne cherchez pas , la voici.
Pour tout savoir de la 10 ème édition, horaires et programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/
Ce n'est pas une promenade de santé. Un pied se tord sur une pierre. La chute est brusque. Un filet de sang coule le long de la jambe. Une vie de moins. C'est tout, banal.
En bas, une voisine accouche. Elle est bénie : c'est un garçon. Une vie de plus. Autre normalité. Le village peut se préparer à festoyer.
Il en va ainsi depuis des décennies sans aucune raison pour que cela change. Même si les hommes sont désormais majoritairement sans travail ils restent dans leur tête chasseurs et guerriers et ont peur de la paix. Il leur faut du temps pour accepter de considérer les choses autrement.
La tradition garantit la continuité de la tranquillité masculine et il ne peut être question de remettre en cause cette domination. Jusqu'à ce qu'une goutte de sang de trop décident les femmes à allier leurs forces. Plus question d'accepter la fatalité, de se tuer à la tâche tandis que les maris tapent le carton en sirotant une boisson fraiche. Elle vont mener la révolution avec les moyens du bord, en chantant et en dansant, avec à leur tête Leila, la jeune, qui a tout à perdre, et Vieux fusil, la vieille qui n'a rien à gagner.
Le scénario emprunte la forme d'un conte oriental situé dans le temps, par la présence d'un téléphone et d'une télévision, mais peu repérable géographiquement. Le tournage a eu lieu dans l'Atlas, à 50 km au sud de Marakech, et la source n'est pas un décor de fiction. L'eau courante n'alimente le village que depuis quatre ans. Le point de départ a été une grève de l'amour qui a eu lieu en Turquie en 2001 pour une histoire d'eau et qui s'est terminée grâce à un journaliste qui a publié un article dans Libération.
Les actrices comme Leila Bekhti, Biyouna ou encore Hiam Abbass (qui était merveilleuse dans the Visitor de Thomas Mac Carthy en 2008) ont été inspirées par les habitantes du village. Ce sont des femmes ouvertes, dont la vivacité, l'humour, la joie de vivre et la poésie transcendent les souffrances quotidiennes.
Le réalisateur est persuadé que la beauté et l'intelligence de la femme sont les seules armes possibles contre l'intégrisme et la bêtise. Il s'est appuyé sur la tradition berbère de la poétesse, presque chroniqueuse, quasi slameuse, qui dans chaque village improvise des chants pendant les fêtes avec une âme de justicière.
Le personnage de Vieux fusil a 70 ans aujourd'hui. Elle doit son nom à la force de ses paroles, puissantes comme des balles, qui ont permis d'obtenir un nombre conséquent de divorces. Pour gagner il faut savoir employer les métaphores, et ne jamais attaquer l'adversaire frontalement car on ne gagne rien d'un ennemi qui perd la face.
Après Va, vis, deviens, puis le Concert, c''est tout le talent de Radu Mihaileanu, d'avoir conçu un film en forme de plaidoyer féministe qui ne soit pas une caricature de la société marocaine. Comme il l'a expliqué aux spectateurs de la soirée d'ouverture du Festival Paysage de cinéastes, il a voulu que le cri des femmes soit entendu comme une main tendue aux hommes. Le public a été unanimement séduit.
Le festival démarrait en beauté avec ce film qui s’inscrivait parfaitement dans le double thème du paysage et de la Méditerranée. Le cinéaste a conquis la salle par ses propos humanistes. On m’a dit que les comédiennes avaient à cœur que le message principal soit entendu et serve la cause, non seulement des femmes mais de tous ceux qui croient aux valeurs d’égalité et de progrès. Elles scrutent les commentaires de la page facebook du film qu’elles lisent régulièrement depuis New York où elles sont actuellement en tournage. Alors n’hésitez pas à laisser vos impressions. Ne cherchez pas , la voici.
Pour tout savoir de la 10 ème édition, horaires et programme du Festival : Le Rex, 364 avenue de la Division-Leclerc, 92290 Châtenay-Malabry - Renseignements : 01.40.83.19.81 Site du Rex : http://cinema.lerex.free.fr/
1 commentaire:
Tu me donnes très envie d'aller le voir.
A très bientôt
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