Je veux parler ici de la guerre scénarisée par Christophe Barratier et que, autant vous le dire tout de suite, je n'ai guère apprécié, comparativement à la version de Yann Samuell, et dont j'avais rendu compte le 7 septembre dernier.
Les deux films n'ont curieusement pas grand chose en commun. Autant le réalisateur des Choristes a su émouvoir le public avec son histoire de pensionnat des oiseaux, autant il a faibli cette fois-ci.
Selon moi la Guerre des boutons doit rester sur le terrain du jeu et du (difficile) apprentissage de la vie en société, de la tolérance et de la découverte de l'altérité. Yann Samuell a parfaitement réussi ce challenge, tant du coté des enfants que des adultes.
Christophe Barratier a lui choisi de situer son adaptation à la fin de la seconde guerre mondiale avec tout ce qu'on en sait de délation, de règlements de compte et de patriotisme aveugle. Il ne nous apprend rien. Il utilise des ficelles usées jusqu'à la corde. Je ne vois pas l'intérêt d'entendre chanter maréchal nous voilà dans une salle de classe où l'on pratique l'humiliation pédagogique au quotidien.
Ce personnage, qui se révèlera héros à la dernière minute, ne fait pas honneur à l'Instruction publique en punissant à tour de bras au lieu de conduire sa classe sur le chemin des apprentissages et surtout du "vivre ensemble" comme on dit aujourd'hui. La niaiserie de son regard, doublé d'un sourire compatissant à l'annonce de la déclaration de guerre des deux groupes d'enfants ne fait pas honneur à sa fonction. Où est le rôle éducatif que devraient jouer les adultes ?
La rivalité entre les deux communes, doublée de celle entre les deux instituteurs était autrement plus intéressante dans la version de Yann Samuell.
De plus, le film de Barratier suinte de violence, parfois gratuite, entre maitre et élève, entre père et fils, et je déconseille d'y emmener des enfants de moins de 8 ans, alors qu'il est abusivement "conseillé" à partir de 6 ans. La scène où le père l'Aztec soule Petit Gibus ne m 'a pas fait rire du tout. Même si je conviens que Clément Godefroy est un interprète formidable qui laisse augurer une belle carrière.
Les dialogues ne sont pas châtiés :
Cela n'a aucun sens de nous montrer par la suite le père Lebrac comme l'instituteur capable d'héroïsme. Les adultes ne sont pas à leur place. Les enfant non plus. Et c'est ce qui m'a le plus dérangé. Si je n'avais vu que cette version là je l'aurais peut-être appréciée, mais comparativement au travail de son "rival", il me semble qu'il n'y a pas photo, comme on peut le dire aujourd'hui.
La bande son semble copiée d'Ivanohé ou d'un western. Les envolées lyriques sont excessives. Seuls les costumes ont grâce à mes yeux. Le travail de Jean-Daniel Vuillermoz est magnifique. Sans surprise quand on connait le talent de l'homme, couronné d'un Molière cette année pour la création des costumes de Henri IV le bien aimé, au théâtre des Mathurins.
Les tissus ne respirent pas le neuf. Ils ont été soigneusement choisis. C'est parfait. J'exprimerais juste un bémol sur les brodequins avec lesquels on voit bien que les enfant ont du mal à se déplacer et qui restent curieusement impeccables après avoir trainé dans la poussière. Il y a bien aussi quelques "raccords" maladroits, quand Lebrac porte alternativement son unique chemise bleue une fois avec, une fois sans les boutons de toutes les couleurs. Qui donc se relève la nuit pour les changer ? Ce n'est qu'un détail qui prouvera, s'il le faut, que la perfection n'est pas de ce monde.
Je peux sembler sévère mais je suis déçue de constater que la notoriété acquise avec les Choristes a forcé la main aux programmateurs et que le film de Barratier truste littéralement les salles obscures. Si vous avez vu ce film ne vous dispensez pas d'aller voir celui de Yann Samuell qui n'est pas du tout la même histoire, et qui ne fait aucunement doublon. Ou alors contentez-vous de relire le livre de Louis Pergaud.
Si vous n'avez vu ni l'un ni l'autre vous devinez sans peine celui que je vous recommande.
Les deux films n'ont curieusement pas grand chose en commun. Autant le réalisateur des Choristes a su émouvoir le public avec son histoire de pensionnat des oiseaux, autant il a faibli cette fois-ci.
Selon moi la Guerre des boutons doit rester sur le terrain du jeu et du (difficile) apprentissage de la vie en société, de la tolérance et de la découverte de l'altérité. Yann Samuell a parfaitement réussi ce challenge, tant du coté des enfants que des adultes.
Christophe Barratier a lui choisi de situer son adaptation à la fin de la seconde guerre mondiale avec tout ce qu'on en sait de délation, de règlements de compte et de patriotisme aveugle. Il ne nous apprend rien. Il utilise des ficelles usées jusqu'à la corde. Je ne vois pas l'intérêt d'entendre chanter maréchal nous voilà dans une salle de classe où l'on pratique l'humiliation pédagogique au quotidien.
Ce personnage, qui se révèlera héros à la dernière minute, ne fait pas honneur à l'Instruction publique en punissant à tour de bras au lieu de conduire sa classe sur le chemin des apprentissages et surtout du "vivre ensemble" comme on dit aujourd'hui. La niaiserie de son regard, doublé d'un sourire compatissant à l'annonce de la déclaration de guerre des deux groupes d'enfants ne fait pas honneur à sa fonction. Où est le rôle éducatif que devraient jouer les adultes ?
La rivalité entre les deux communes, doublée de celle entre les deux instituteurs était autrement plus intéressante dans la version de Yann Samuell.
De plus, le film de Barratier suinte de violence, parfois gratuite, entre maitre et élève, entre père et fils, et je déconseille d'y emmener des enfants de moins de 8 ans, alors qu'il est abusivement "conseillé" à partir de 6 ans. La scène où le père l'Aztec soule Petit Gibus ne m 'a pas fait rire du tout. Même si je conviens que Clément Godefroy est un interprète formidable qui laisse augurer une belle carrière.
Les dialogues ne sont pas châtiés :
Le père Lebrac à son fils : j'ai été con avant toiQuant à la scène de l'arrestation de la famille juive, certes juste au plan historique, elle est traumatisante pour un jeune public. Le milicien exprime joyeusement qu'il nettoie la France tandis que l'instituteur ne trouve rien de mieux à dire que : allez les enfants, allez jouer !
Le fils : Oui, mais toi tu l'es resté
Le père : File te coucher, tu dînes pas.
Le fils : Tombe bien, j'ai pas faim.
Cela n'a aucun sens de nous montrer par la suite le père Lebrac comme l'instituteur capable d'héroïsme. Les adultes ne sont pas à leur place. Les enfant non plus. Et c'est ce qui m'a le plus dérangé. Si je n'avais vu que cette version là je l'aurais peut-être appréciée, mais comparativement au travail de son "rival", il me semble qu'il n'y a pas photo, comme on peut le dire aujourd'hui.
La bande son semble copiée d'Ivanohé ou d'un western. Les envolées lyriques sont excessives. Seuls les costumes ont grâce à mes yeux. Le travail de Jean-Daniel Vuillermoz est magnifique. Sans surprise quand on connait le talent de l'homme, couronné d'un Molière cette année pour la création des costumes de Henri IV le bien aimé, au théâtre des Mathurins.
Les tissus ne respirent pas le neuf. Ils ont été soigneusement choisis. C'est parfait. J'exprimerais juste un bémol sur les brodequins avec lesquels on voit bien que les enfant ont du mal à se déplacer et qui restent curieusement impeccables après avoir trainé dans la poussière. Il y a bien aussi quelques "raccords" maladroits, quand Lebrac porte alternativement son unique chemise bleue une fois avec, une fois sans les boutons de toutes les couleurs. Qui donc se relève la nuit pour les changer ? Ce n'est qu'un détail qui prouvera, s'il le faut, que la perfection n'est pas de ce monde.
Je peux sembler sévère mais je suis déçue de constater que la notoriété acquise avec les Choristes a forcé la main aux programmateurs et que le film de Barratier truste littéralement les salles obscures. Si vous avez vu ce film ne vous dispensez pas d'aller voir celui de Yann Samuell qui n'est pas du tout la même histoire, et qui ne fait aucunement doublon. Ou alors contentez-vous de relire le livre de Louis Pergaud.
Si vous n'avez vu ni l'un ni l'autre vous devinez sans peine celui que je vous recommande.
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