Michèle Guigon poursuit son exploration du sens de l’existence. Après la Vie va où ? Elle abandonne le mode interrogatif pour nous donner des amorces de réponses dans ce nouveau spectacle, écrit dans le prolongement du précédent.
La comédienne nous reçoit dans un chez-soi encombré de pensées. Le tri s’effectuera en direct sur le plateau. Les idées brouillonnes seront jetées au panier. Les idées fraiches seront accrochées avec des pinces à linge. Seules les idées claires seront lues au public.
Toujours avec la spontanéité, l’humour et la vitalité qui caractérisent cette artiste qui, décidément gagne beaucoup à vieillir. Le mot est lâché comme un chien dans un jeu de quilles. Elle secoue le panier des a priori sur la cinquantaine qu’elle se décide à aborder sereinement et fièrement.
Le cancer est probablement une épreuve comparable au feu pour le fer, assurant une solidité hors norme aux vainqueurs. Michèle est de cette trempe. Elle s’est débarrassée des tics qui handicapaient sa relation avec les autres. Elle a lâché beaucoup. Mais elle a gagné énormément. Le jeune clown est devenu un beau poète.
Ceux qui la connaissent retrouveront la verve et la sensibilité des trois précédents solos. Puissent les autres venir nombreux pour découvrir cette artiste unique … dans une catégorie où elle me semble être la seule. Mais puisqu’il faut développer des arguments pour motiver les indécis je dirais qu’elle a quelque chose de Desproges, en moins caustique, en plus doux. Exemple : avoir une maladie mortelle c’est la chance de se préparer à la mortalité de la vie. C’est comme enchainer maths sup, maths spe.
Qu’elle a aussi quelque chose d’Anne Roumanoff, en plus philosophique. Exemple : Généralement quand on voit le problème c’est que la solution n’est pas loin. C’est quand on ne voit pas le problème qu’il n’y a pas de solution.
Qu’elle a quelque chose de Muriel Robin, en moins dérisoire. Dans sa façon de sauter apparemment du coq à l’âne pour faire diversion alors que c’est une autre manière de traiter le sujet. Exemple (alors qu’elle classe des papiers comme on trierait du linge sale elle s’empare d’un flacon de détergent) : Un moment, je lance une machine … (sort de scène, puis réapparait). Ce qui est pratique avec ces nouveaux bouchons c’est que quand on les revisse on n’a pas les mains qui glissent.Qu’elle a quelque chose de Raymond Devos, en plus accessible. Exemples : On a inventé la grammaire pour se comprendre bien, nous explique-t-elle preuves à l’appui sur les règles d’accord du participe passé.
Qu’elle a quelque chose de Guy Bedos, en moins satirique. Vivre est un tel travail, pourquoi en faire un autre ? Vieillir est un verbe avec lequel on ne se sent pas concerné jusqu’à la dernière minute. Vieillir c’est mettre de plus en plus de temps pour aller de moins en moins loin. C’est pas le temps qui passe, c’est nous.
Qu’elle a quelque chose de Jean-Marie Bigard, en moins animale. Ce n’est pas la chauve-souris qu’elle nous mime mais la mouche incapable de s’échapper par une fenêtre ouverte. Et quand elle nous raconte la fable du hérisson et de la gazelle on entend Cyrano de Bergerac, consolant Roxane au soir de sa vie, la remerciant que grâce à elle une robe était passée dans sa vie.
Qu’elle a quelque chose de Michel Boujenah, en moins familial. Mémé Oïa et son corset aux dix-neuf crochets n’est là que fugitivement pour servir la démonstration de la psychologie du grand âge et justifier qu’en somme ce sont les vieux qui ont inventé le hip-hop.
Je vous promets un spectacle complet, musical, gestuel, philosophique, personnel et authentique, tissé du matériau autobiographique des années Cronembourg (oui avec un C) d’un après-guerre qui ne fut pas tout rose si on le scrute sans mélancolie. La grande leçon à retenir c’est qu’on ne reviendra jamais à comme avant et qu' il ne faut pas avoir peur de vivre.
Michèle Guigon n’a pas embrassé une profession qui convenait à son père. Elle a choisi poète pour rendre en beauté ce que la vie nous impose en difficulté. C’est la fonction de l’artiste de canaliser la force de la vengeance sans la transmettre en héritage. Le boulot n’est pas terminé et c’est heureux car il va y avoir encore bien des soirées aussi belles et généreuses à vivre avec elle.
Il est évident qu’elle n’a pas fini de nous dire tout ce qu’elle a dans le cœur.
Pieds nus traverser mon coeur, au Théâtre Noir du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des champs, 75006 Paris.
Standard : 01 42 22 26 50, réservations : 01 45 44 57 34
Du mardi au samedi à 20h jusqu'au 23 octobre, les dimanches à 17h
www.lucernaire.fr
Le texte de la pièce est disponible à la Librairie du Lucernaire et je vous le recommande tout autant que le spectacle.
La comédienne nous reçoit dans un chez-soi encombré de pensées. Le tri s’effectuera en direct sur le plateau. Les idées brouillonnes seront jetées au panier. Les idées fraiches seront accrochées avec des pinces à linge. Seules les idées claires seront lues au public.
Toujours avec la spontanéité, l’humour et la vitalité qui caractérisent cette artiste qui, décidément gagne beaucoup à vieillir. Le mot est lâché comme un chien dans un jeu de quilles. Elle secoue le panier des a priori sur la cinquantaine qu’elle se décide à aborder sereinement et fièrement.
Le cancer est probablement une épreuve comparable au feu pour le fer, assurant une solidité hors norme aux vainqueurs. Michèle est de cette trempe. Elle s’est débarrassée des tics qui handicapaient sa relation avec les autres. Elle a lâché beaucoup. Mais elle a gagné énormément. Le jeune clown est devenu un beau poète.
Ceux qui la connaissent retrouveront la verve et la sensibilité des trois précédents solos. Puissent les autres venir nombreux pour découvrir cette artiste unique … dans une catégorie où elle me semble être la seule. Mais puisqu’il faut développer des arguments pour motiver les indécis je dirais qu’elle a quelque chose de Desproges, en moins caustique, en plus doux. Exemple : avoir une maladie mortelle c’est la chance de se préparer à la mortalité de la vie. C’est comme enchainer maths sup, maths spe.
Qu’elle a aussi quelque chose d’Anne Roumanoff, en plus philosophique. Exemple : Généralement quand on voit le problème c’est que la solution n’est pas loin. C’est quand on ne voit pas le problème qu’il n’y a pas de solution.
Qu’elle a quelque chose de Muriel Robin, en moins dérisoire. Dans sa façon de sauter apparemment du coq à l’âne pour faire diversion alors que c’est une autre manière de traiter le sujet. Exemple (alors qu’elle classe des papiers comme on trierait du linge sale elle s’empare d’un flacon de détergent) : Un moment, je lance une machine … (sort de scène, puis réapparait). Ce qui est pratique avec ces nouveaux bouchons c’est que quand on les revisse on n’a pas les mains qui glissent.Qu’elle a quelque chose de Raymond Devos, en plus accessible. Exemples : On a inventé la grammaire pour se comprendre bien, nous explique-t-elle preuves à l’appui sur les règles d’accord du participe passé.
Qu’elle a quelque chose de Guy Bedos, en moins satirique. Vivre est un tel travail, pourquoi en faire un autre ? Vieillir est un verbe avec lequel on ne se sent pas concerné jusqu’à la dernière minute. Vieillir c’est mettre de plus en plus de temps pour aller de moins en moins loin. C’est pas le temps qui passe, c’est nous.
Qu’elle a quelque chose de Jean-Marie Bigard, en moins animale. Ce n’est pas la chauve-souris qu’elle nous mime mais la mouche incapable de s’échapper par une fenêtre ouverte. Et quand elle nous raconte la fable du hérisson et de la gazelle on entend Cyrano de Bergerac, consolant Roxane au soir de sa vie, la remerciant que grâce à elle une robe était passée dans sa vie.
Qu’elle a quelque chose de Michel Boujenah, en moins familial. Mémé Oïa et son corset aux dix-neuf crochets n’est là que fugitivement pour servir la démonstration de la psychologie du grand âge et justifier qu’en somme ce sont les vieux qui ont inventé le hip-hop.
Je vous promets un spectacle complet, musical, gestuel, philosophique, personnel et authentique, tissé du matériau autobiographique des années Cronembourg (oui avec un C) d’un après-guerre qui ne fut pas tout rose si on le scrute sans mélancolie. La grande leçon à retenir c’est qu’on ne reviendra jamais à comme avant et qu' il ne faut pas avoir peur de vivre.
Michèle Guigon n’a pas embrassé une profession qui convenait à son père. Elle a choisi poète pour rendre en beauté ce que la vie nous impose en difficulté. C’est la fonction de l’artiste de canaliser la force de la vengeance sans la transmettre en héritage. Le boulot n’est pas terminé et c’est heureux car il va y avoir encore bien des soirées aussi belles et généreuses à vivre avec elle.
Il est évident qu’elle n’a pas fini de nous dire tout ce qu’elle a dans le cœur.
Pieds nus traverser mon coeur, au Théâtre Noir du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des champs, 75006 Paris.
Standard : 01 42 22 26 50, réservations : 01 45 44 57 34
Du mardi au samedi à 20h jusqu'au 23 octobre, les dimanches à 17h
www.lucernaire.fr
Le texte de la pièce est disponible à la Librairie du Lucernaire et je vous le recommande tout autant que le spectacle.
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