(mise à jour 8 décembre 2012)
Le sujet est connu. Qui n'a pas entendu les Habits neufs de l'empereur et l'histoire de la Princesse au petit pois dans sa prime jeunesse ? La pièce est connue aussi par la mise en scène que Philippe Awart en a faite il y a deux ans.
Aller la (re)voir c'était prendre le risque de la déception. Et non ! Le travail de cette jeune troupe est formidable d'ingéniosité. Ils ont astucieusement misé tout le budget "décors, costumes et accessoires" sur ces derniers, alors que Philippe avait les moyens de satisfaire ses ambitions dans les trois domaines.
Le décor est réduit à sa plus simple expression. Quatre voiles transparents tombent des cintres. Quand on n'a pas les moyens de faire sophistiqué il faut être inventif. Et Alexandre Blazy metteur en scène, et acteur l'est à 500%. Rien que ces roses rouges sur chaque dossier de fauteuil font un effet boeuf à l'arrivée des spectateurs. Notre cerveau commence à cogiter. J'y ai d'abord vu un ersatz de tomate à lancer si je ne trouvais pas le jeu des acteurs à mon goût. Je n'étais pas loin ...
Mes voisins ont cru qu'un message secret était caché au centre.
Cela commence fort, tout de suite, avec des costumes très "designés" et intelligemment conçus pour faire des changements aussi vite qu'Arturo Brachetti dans ses performances.
Scratch alors ! On comprend qu'une entreprise française soit le numéro deux mondial dans le domaine (blague mise à part, il faut absolument que la compagnie invite le patron).
Intelligent, inventif, joyeux, et universel. En plus c'est très fort d'avoir tout misé sur les costumes puisque l'apparence est le thème central de la pièce. Mais ceci ne serait que gadget s'il n'y avait pas tant de talent dans l'interprétation des comédiens. il en faut pour interpréter une quarantaine de rôles à seulement 5, et sans que le spectateur ne s'aperçoive de toutes les supercheries.
Ce que j'avais écrit en décembre 2009 s'applique aussi à ce Roi nu là, à un paragraphe près. Alors ne m'en veuillez pas si je me plagie moi-même : Vivifiant, drôle et intelligent, ponctué de références inventives, c'est une soirée où l'on regrette de n'avoir pris que deux billets alors qu'on aurait dû entrainer tous ses amis. Il y a beaucoup d'excellents spectacles mais une pièce aussi jubilatoire que celle-là c'est assez rare pour que j'insiste.
Le Roi nu est une comédie où s'emboitent trois contes d’Andersen (le porcher amoureux, la princesse au petit pois et les habits neufs de l'empereur). Un gardien de cochons tombe amoureux d’une princesse dont le père a décidé le mariage avec un roi voisin, dictateur tyrannique et fanatique. Le jeune porcher, aidé de son meilleur ami, va monter un incroyable stratagème pour renverser la situation à son avantage.
Si l'auteur (1896-1958) a puisé dans le répertoire du conteur danois c'est tout simplement parce que ses contes ont enchanté son enfance. Une de ses tantes lui avait offert un livre dont les images étaient jaunies par le temps. Le jeune Evguéni s'amusait à les lécher pour leur redonner du brillant l'espace d'un instant ... comme la jeune fille aux allumettes. En 1934, il écrit le Roi nu sous les aspects du conte pour dénoncer le conformisme et la terreur que suscite un pouvoir politique implacable. Il faut dire qu'il en connait un rayon sur le sujet puisqu'il vit en Russie. De plus il est plongé dans une atmosphère plutôt yiddish chez sa grand-mère paternelle alors que les amis de ses parents appartiennent à l'intelligentsia. Autant dire qu'il est habitué à faire le grand écart en matière de langage.
Le texte n'a pas pris une ride (...) La traduction est fidèle au mélange des styles, aux accumulations verbales et aux onomatopées (...) Les costumes vont paraitre extravagants alors que sur scène tout est si "naturel". On ne s'étonne d'aucune apparition (...) Les comédiens jouent chacun plusieurs rôles et même au premier rang on se laisse prendre par leur interprétation.
Il faut entendre la dénonciation du comportement humain dans ce qu'il a d'idiot : toutes les traditions tiennent sur des imbéciles inébranlables reconnait le Premier Ministre, prêt à jurer que le Roi est élégamment vêtu alors qu'il est ... tout nu ... La pièce sera interdite en Russie avant même sa création car on n'appréciait pas son coté subversif qui, aujourd'hui apparait avec moins de force parce qu'on a l'habitude de la liberté d'expression.
Ce Roi Nu est à mi-chemin entre entre les Marx Brothers, les Monty Pythons et les cabarets d’Edouard Baer …(rien que ça) Vraiment bravo !
Le Roi Nu d’après Evguéni Schwartz, mise en scène Alexandre Blazy, par la Compagnie Fulguro, Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg du Temple, à 20 Heures 30 encore les lundis è, 14 et 21 mai 2012.
Il a été joué en Avignon, en off, mais en Avignon tout de même, tous les soirs au Théâtre BUFFON. Pendant un mois, du 7 au 29 juillet 2012, on peut espérer qu'il aura le temps de convaincre les programmateurs des théâtres. C'est une belle campagne à faire. Longue vie à ce roi nu !
Depuis le 7 octobre, la fine équipe reprend la pièce tous les dimanches soir à 20h04 au Théâtre des Béliers Parisiens, le nouveau théâtre de l'Artdenfer Production d'Arthur Jugnot, 14 bis rue Sainte Isaure 75018.
Depuis le 7 octobre, la fine équipe reprend la pièce tous les dimanches soir à 20h04 au Théâtre des Béliers Parisiens, le nouveau théâtre de l'Artdenfer Production d'Arthur Jugnot, 14 bis rue Sainte Isaure 75018.
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