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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mercredi 31 octobre 2012

Philippe Corentin aime-t-il les légumes ?

Philippe Corentin a publié une vingtaine d'albums à l'Ecole des loisirs. Et pourtant cet auteur-phare n'avait encore jamais accepté de se soumettre à l'épreuve de la dédicace. Pourquoi ce légendaire bougonneur a-t-il changé d'avis restera un mystère. Toujours est-il qu'il fit le déplacement mercredi dernier et qu'il ne fut sans doute pas déçu du voyage tant le nombre de ses admirateurs (avec un seul représentant de la gente masculine c'est le masculin pluriel qui s'impose ...) était impressionnant.

Sa biographie sera vite expédiée. On sait juste qu'il est né dans les années 40, en région parisienne, Paris ou Boulogne-Billancourt selon les sources. Il passe son enfance à Quimper, fait des études qui sont qualifiées de très secondaires sur le site de son éditeur ... En 1968, ses premiers dessins sont publiés dans "L'Enragé". Il a collaboré à "Elle", "Marie-Claire", "Jardin des Modes", "Vogue"... Du dessin d'humour à l'illustration en passant par la publicité, il est arrivé aux albums pour enfants.

Plus que la naissance, la paternité (et la grand-paternité) semblent être des évènements capitaux. Il a un frère, jumeau, Alain le Saux, qui fait le même métier que lui, mais Philippe brouille bien les cartes en s'inventant un nom de plume. Il prétend ne pas aimer la campagne et préférer la Bretagne, ce qui n'est pas antinomique. Ses goûts sont -ils dictés par amour de la rime, des crevettes ou du far aux pruneaux ? On le devine capable de se gaver de gâteaux, puis de légumes par bonne conscience.

Il réussit à s'entendre aussi bien avec son chat Valmont, qui dort sur sa table, qu'avec le chien Hissimédore, qui dort sous. Comment croire qu'il ait dans la vie réelle le caractère bougon qu'il semble fier de revendiquer ? Il est en tout cas extrêmement drôle et pratique la dérision avec tendresse.

Il avoue à demi-mots l'influence de Dürer, Gustave Doré, Mc Kay, Calvo, Tex Avery ... auxquels on pourrait ajouter Roald Dahl, Charlie Chaplin et les Marx Brothers. A bien observer ses livres on trouverait une parenté avec Claude Ponti. Même source d'inspiration familiale, l'un comme l'autre ont commencé à dessiner des albums pour leurs enfants. Même clin d'oeil au lecteur qu'ils font entrer dans leurs ouvrages. Même proposition de lire entre les lignes et de tourner le livre dans tous les sens. Et rien d'étonnant à cela puisqu'il affirme son intention de chatouiller le soir le lecteur avec ses histoires plutôt que de chercher à l'endormir.

Philippe Corentin n'hésite pas à se mettre en scène parmi ses personnages, et il ne se fait pas de cadeau en se représentant comme un vieux ronchon. Il aborde la panne d'inspiration en s'interpelant lui-même dans Zzzz... Zzzz ...

J'espère que si je démonter le mécanisme selon lequel il nous fait rire cela ne fera que renforcer l'envie d'aller plonger le bout de votre nez directement entre les pages. Il nous fait entrer dans l'histoire, comme au théâtre, par une interrogation : dis, maman pourquoi ... ? ou bien bille en tête par une affirmation : voilà, c'est l'histoire de ... en détournant ensuite les personnages principaux des contes ( le père noël, le petit chaperon rouge, le loup).

Ses héros portent des noms de personnages de dessins animés : Pipioli Pissenlit, Zigomar, Scroneugneu, Trottinette, Totoche, Routoutou, Bouboule, Baballe, Machin Chouette, Loustique et Chiffonnette ... Ils sont aussi sympathiques lorsqu'ils n'ont pas de patronymes comme la Mère Souris (avec des majuscules tout de même) ou la grenouille qui parfois même se contente d'être spectatrice muette de l'aventure, comme dans Plouf !

Les albums sont autant accessibles aux enfants qu'aux adultes. Philippe Corentin conjugue le comique de situation avec l'ironie. Il manie le langage parlé sur un ton familier, avec moult bruits, exclamations et interjections comme plouf, patatras, bing dans le chou, pan, hop et boum, pif, paf et patatouf. Mais il ose aussi employer un lexique précis pour les besoins de l'histoire : l'enfant apprendra que la souris est granivore et l'hirondelle insectivore et il sera aidé à ne pas confondre les animaux d'Afrique avec ceux qui vivent au Pôle Nord.

Philippe Corentin lui aussi est un granivore, si on en croit les pense-bêtes qu'il dessine dans un album pour songer à réclamer du blé à Arthur (Arthur Hubschmid est son éditeur à l'Ecole des Loisirs).

Sa collection est disponible dans toutes les bonnes librairies, et en particulier à la librairie Chantelivre, 13 rue de Sèvres, 75006 Paris.

Mademoiselle tout-à-l'envers, 1988; Le Chien qui voulait être chat, Lutin poche,1989; Le Père Noël et les fourmis, 1989, L'Afrique de Zigomar, 1990; Pipioli la terreur, 1990; L'Ogrionne, 1991; Plouf !,1991; Biplan le rabat-joie Mouche, 1992; Zigomar n'aime pas les légumes, 1992; Patatras !, 1994; L'Ogre, le loup, la petite fille... , 1995; Papa!, 1995; Mademoiselle Sauve-qui-peut, 1996; Les Deux goinfres, 1997; Tête à claques, 1998; L'Arbre en bois, 1999; Machin Chouette, 2002; Zzzz...zzz... , 2007; N'oublie pas de te laver les dents ! , 2009; Zigomar et les zigotos, 2012.

Pour en savoir davantage sur Philippe Corentin : lire la page de l'auteur sur le site de l'éditeur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Précieux article et tellement alléchant ! A découvrir pour ma petite Poupette et …aussi pour moi.

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