Il n'y a pas longtemps, je découvrais Absolument dé-bor-dée que je dévorais très vite. Apprenant que, à peine réintégrée dans son administration territoriale, Zoé avait récidivé je me hâtais de lire la suite.
La couverture est la soeur jumelle de la première. Le crayon a été cassé et le carnet à spirales a légèrement jauni. Un matériel sur lequel l'auteur avoue fantasmer lorsqu'elle découvre le fantastique (et sans doute très onéreux) logiciel de réservation de voitures de fonction en plein bug. Encore quelques années de crise et ledit logiciel n'aura pas besoin de mise à jour ... je veux dire quand les fonctionnaires devront se contenter de cycles pour accélérer leurs déplacements.
On retrouve la fine équipe avec laquelle on avait fait connaissance. En particulier le Gang des Chiottards, ainsi surnommé parce qu'il est d'usage d'appeler Cabinet l'aréopage des collaborateurs les plus proches du Maire, comme on le fait d'ailleurs pour un Président de Conseil général, régional, un Ministre et tout Président qui se respecte.
Le sureffectif dénoncé dans le premier opus n'est pas revue à la baisse et il est toujours commun d'embaucher une nouvelle personne-ressource pour gérer un problème de communication, quel qu'il soit. L'auteur exprime ses opinions avec réalisme (page 53) : les jours où je veux voir la vie du bon côté, je me dis que placer deux agents pour un unique poste permet de réduire significativement le chômage. le reste du temps, voir un tel gâchis des deniers publics me navre.
Elle cite abondamment Quino dans Mafalda en plaçant d'amères petites phrases en tête de chaque nouveau chapitre comme pour enfoncer les clous semés dans le précédent. Comme celle-ci : Le pire, c'est quand le pire commence à empirer.
Même si tous les faits ne sont pas concentrés dans l'administration qui lui sert de modèle, du moins on espère qu'il y a une certaine dose de fiction dans le catalogue des aberrations qu'elle nous raconte, la jeune femme s'efforce d'apparaitre comme le Zorro de la Territoriale tentant de remettre les élus et leurs sbires sur le droit chemin. Elle clame (page 58) sa bonne foi haut et fort : tel que vous présentez les choses, ce n'est pas borderline légalité. C'est illégal. Défendu. Illicite. En l'occurrence créer un nouveau poste hors délibération du Conseil municipal, sans passer d'annonces dans les journaux spécialisés, se dispenser d'entretiens d'embauche en étirant au maximum de ses possibilités l'article 3 de la loi du 13 juillet 1983 qui permet d'embaucher plutôt un contractuel qu'un fonctionnaire, ou faire appel à une société de conseil hors procédure de marché d'appel d'offres. Soit dit en passant il est si facile de "truquer" les appels d'offres pour avantager une entreprise que l'illégalité est une pratique facile à blanchir.
La mégalomanie continue aussi de s'exprimer au fil des pages. T'as le numéro de Matignon ? interroge le chef de notre rédactrice sur un ton qui admettrait mal une réponse négative.
Ce second tome qui semble précéder un troisième, se focalise sur une dérive en dénonçant la placardisation. Le phénomène n'est pas récent. En ce qui concerne Zoé la manoeuvre est directement liée à la publication de son premier livre, mais pas que. Elle a du en agacer plus d'un avec ses codes, ses seuils, ses critères et c'est bien connu, l'administration n'a pas d'humour
La placardisation fut largement pratiquée suite à des divergences politiques dans l'audio-visuel. Mais ce n'est pas nécessairement parce qu'on déplait qu'on se trouve démuni de travail. Il y a moult raisons d'être libéré de ses obligations. J'ai moi-même expérimenté la situation. J'étais alors très jeune fonctionnaire et c'est bêtement, faute de dossiers à traiter, que je me suis retrouvée sans emploi, mais pas sans salaire. Je n'avais pas l'âme guerrière chevillée au corps et n'ai pas voulu changer la fonction publique de l'intérieur. Il faut dire que la France se trouvait alors en période de plein emploi et j'eus vite fait de trouver mieux ailleurs. Manifestement Aurélie Boullet, puisque tel est son nom, est dans d'autres dispositions d'esprit, encore convaincue que sa résistance pourrait ébranler le tyrannosaure. Mais je doute que sa position soit maintenable à moyen terme.
Le sureffectif dénoncé dans le premier opus n'est pas revue à la baisse et il est toujours commun d'embaucher une nouvelle personne-ressource pour gérer un problème de communication, quel qu'il soit. L'auteur exprime ses opinions avec réalisme (page 53) : les jours où je veux voir la vie du bon côté, je me dis que placer deux agents pour un unique poste permet de réduire significativement le chômage. le reste du temps, voir un tel gâchis des deniers publics me navre.
Elle cite abondamment Quino dans Mafalda en plaçant d'amères petites phrases en tête de chaque nouveau chapitre comme pour enfoncer les clous semés dans le précédent. Comme celle-ci : Le pire, c'est quand le pire commence à empirer.
Même si tous les faits ne sont pas concentrés dans l'administration qui lui sert de modèle, du moins on espère qu'il y a une certaine dose de fiction dans le catalogue des aberrations qu'elle nous raconte, la jeune femme s'efforce d'apparaitre comme le Zorro de la Territoriale tentant de remettre les élus et leurs sbires sur le droit chemin. Elle clame (page 58) sa bonne foi haut et fort : tel que vous présentez les choses, ce n'est pas borderline légalité. C'est illégal. Défendu. Illicite. En l'occurrence créer un nouveau poste hors délibération du Conseil municipal, sans passer d'annonces dans les journaux spécialisés, se dispenser d'entretiens d'embauche en étirant au maximum de ses possibilités l'article 3 de la loi du 13 juillet 1983 qui permet d'embaucher plutôt un contractuel qu'un fonctionnaire, ou faire appel à une société de conseil hors procédure de marché d'appel d'offres. Soit dit en passant il est si facile de "truquer" les appels d'offres pour avantager une entreprise que l'illégalité est une pratique facile à blanchir.
La mégalomanie continue aussi de s'exprimer au fil des pages. T'as le numéro de Matignon ? interroge le chef de notre rédactrice sur un ton qui admettrait mal une réponse négative.
Ce second tome qui semble précéder un troisième, se focalise sur une dérive en dénonçant la placardisation. Le phénomène n'est pas récent. En ce qui concerne Zoé la manoeuvre est directement liée à la publication de son premier livre, mais pas que. Elle a du en agacer plus d'un avec ses codes, ses seuils, ses critères et c'est bien connu, l'administration n'a pas d'humour
La placardisation fut largement pratiquée suite à des divergences politiques dans l'audio-visuel. Mais ce n'est pas nécessairement parce qu'on déplait qu'on se trouve démuni de travail. Il y a moult raisons d'être libéré de ses obligations. J'ai moi-même expérimenté la situation. J'étais alors très jeune fonctionnaire et c'est bêtement, faute de dossiers à traiter, que je me suis retrouvée sans emploi, mais pas sans salaire. Je n'avais pas l'âme guerrière chevillée au corps et n'ai pas voulu changer la fonction publique de l'intérieur. Il faut dire que la France se trouvait alors en période de plein emploi et j'eus vite fait de trouver mieux ailleurs. Manifestement Aurélie Boullet, puisque tel est son nom, est dans d'autres dispositions d'esprit, encore convaincue que sa résistance pourrait ébranler le tyrannosaure. Mais je doute que sa position soit maintenable à moyen terme.
Dans le premier opus elle dénonçait les fonctionnaires qui ne veulent pas travailler. Cette fois elle démontre qu'il en existe qui s'en trouvent empêchés.
Le placard est souvent une étape sur le chemin de croix du harcèlement. Delphine de Vigan le démontrait avec Les heures souterraines il y a trois ans. Lui aussi un roman, lui aussi très autobiographique, mais beaucoup plus tragique. Les lecteurs de Zoé Shepard s'amusent, ce qui peut réjouir dans un monde plutôt morose. Mais ne nous y trompons pas, même si l'auteur force un peu le trait ... de crayon, il y aurait urgence à ce que le drapeau noir flotte sur la marmite et que la fonction territoriale s'assainisse d'elle-même avant que le pire ne soit atteint et que le contribuable n'en vienne à se fâcher pour de bon.
Ta carrière est fi-nie ! de Zoé Shepard chez Albin MichelEt toujours Absolument dé-bor-dée ! ou le paradoxe du fonctionnaire de Zoé Shepard également chez Albin Michel
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