J'ai découvert Frédérique Martin avec Le Vase où meurt cette verveine (Talent Cultura 2012 – Grand Prix littéraire de Villepreux 2012). J'avais tout autant apprécié le suivant, Sauf quand on les aime (sélection Fnac 2014).
Je retrouve l'esprit caustique dont cette auteure est capable à travers le recueil de nouvelles qu'elle publie toujours chez Belfond.
Elle y pousse les travers de notre société, à leur paroxysme. Elle a le chic de pointer les mots béquille, les expressions creuses, les tu vas bien ? lancés quand on n'a rien de mieux à se dire. Selon les mots de son éditeur, son livre est un recueil pur malt, sec et bien tassé. Ce n'est pas du feel good, c'est du feel better.
J'envisage de te vendre ... Le fils fait bien davantage et passe à l'acte. Il met sa mère en vente pour, prétend-il, quitter l'enfance. Frédérique Martin force le trait : tous les parents devraient s'y attendre (p. 18). La crainte de la maison de retraite n'est pas si différente si on y réfléchit bien.
Dans ce premier texte la mère ne bronche pas. Elle a pourtant de la valeur puisque les enchères montent et qu'on se la dispute. Quant au fils il ressent juste à la fin le désespoir tranquille des roses. On est dans l'esprit du Vase où meurt cette verveine.
Avec Remugles (p. 43) on glisse du conte de fées à l'épouvante. Plus tard on se mariera pour le pire avant le meilleur. Il sera aussi question de mourir dans la dignité, ou plutôt dans la discrétion (p. 133) en vertu du décret 8731 qui autorise de "donner les moyens d'une fin digne à ceux qui en ont fait le choix".
Toutes ces nouvelles font majoritairement froid dans le dos. On espère que le monde de demain ne sera pas celui-là.
En attendant, la cruauté semble avoir la cote. Il y a quelques semaines Nicolas Cauchy en faisait la brillante démonstration ... lui aussi chez Belfond.
J’envisage de te vendre (j’y pense de plus en plus) de Frédérique Martin, Belfond, en librairie le jeudi 21 janvier
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