Les Jeux Poétiques de Paris seront un des grands marqueurs de L’Olympiade culturelle parisienne. Ce projet généreux et porté par la Ville de Paris se déroulera de mai à septembre 2024 sous la direction du Paris Université Club (PUC) et du Théâtre de la Ville selon un programme conçu par Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du théâtre et Bernard Comment, président du PUC, tous deux directeurs artistiques du projet.
Ce sont Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la culture et de la ville du quart d’heure et Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine qui ont introduit la manifestation mardi 30 avril 2024 lors d’une conférence de presse, qui aura été ponctuée d’animations sportives et artistiques.
La première nous a donné la définition de l'audace vue par Sainte-Beuve : Il osa trop mais l'audace était belle. Elle a voulu insister sur la notion de démocratie culturelle. Le second nous a rappelé que la poésie était une discipline olympique dans les Jeux antiques.
Ce sont des épéistes que nous entendîmes les premiers, depuis le balcon, faisant crisser leurs fleurets et couiner leurs chaussures alors qu'Alexandre Choiselat enveloppait musicalement leur prestation avec sa guitare électrique.
Depuis sa réouverture, le Théâtre de la Ville, n'a de cesse de se rendre disponible à de nouveaux publics, en devenant un lieu de partage de pratiques différentes, y compris amateur. Il a pour objectif d'être un pont entre des disciplines enfermées jusque là dans des sanctuaires dédiés. Voilà pourquoi son directeur n'a pas craint par exemple d'ouvrir dimanche dernier les portes de verre du grand hall à vocation d'agora à des pongistes.
Lui-même, en tant qu'ancien tennisman, ne dresse pas de barrière entre sport et culture. Il est vrai que les JO ont stimulé la créativité des artistes. Ils ont ainsi réveillé -et ce n’est qu’un exemple- notre intérêt pour le patrimoine pictural témoignant de la montée en puissance des pratiques sportives par le biais de l'exposition que le musée Marmottan-Monet présente sur Les artistes et le sport (1870-1930).
L’aventure des jeux Poétiques a commencé en septembre 2023 avec un concours de slogans dont les 34 gagnants feront l'objet d'un travail graphique et d'un affichage qui fera surgir la poésie dans les rues de la ville, sur les bus et dans le métro. La diffusion de capsules sonores est prévue dans des musées, au Palais Galilée et même dans les Catacombes.
Il y aura aussi des spectacles Formes 75, dont le nom se réfère au numéro minéralogique de Paris et qui dureront 75 minutes sur des terrasses, dans des jardins et des centres sportifs, également sur la place du Châtelet. L’une d’elles, intitulée, Rio della negra sera un hommage à l’un des membres du groupe Manouchian.
Sans compter les programmes associés comme la célébration du Bloomsday le dimanche 16 juin au théâtre des Abbesses avec 12 auteurs et 3 artistes, qui reprendront l’odyssée de l’Ulysse de James Joyce à travers les sites sportifs de Seine-Saint-Denis.
On comprend combien sport et poésie peuvent se répondre en suivant le combat (amical) de boxe dont les chocs des cuirs et les changements de rythme s’accordent avec la guitare.
Ce surgissement de la poésie dans la ville s’échelonnera jusqu’en septembre 2024 dans un programme inclusif ouvert aux jeunes voix de la poésie incluant slam et rap, sous l’égide de l’écrivain et poète franco-congolais Alain Mabanckou qui nous rappelle que la poésie est une voix (ou une voie) de reconquête de notre humanisme. L’entièreté du programme sera consultable sur lesjeuxpoetiques.paris.
La matinée fut l’occasion d’entendre des extraits du Grand Combat d’Henri Michaux (1899-1984) au cours duquel son héros emparouille et endosque son adversaire contre terre avant de l’écorcobalisser. De découvrir un des slogans gagnants, La fille du discobole de Caroline Gallien. D’entendre James Noël (ci-dessous à droite) chanter un texte créole en hommage aux pieds des femmes et nous apprendre que l'amour c'est chauve-souris.
De régaler nos oreilles des bons mots de Rim Battal (ci-dessus, à droite) tirés de son dernier ouvrage paru en février dernier au Castor astral sous le titre X et excès : Je veux le beurre et son argent puis m'établir sur une plage avec la crémière, j'ai pensé. (…) Le masculin l'emportera pas au paradis, je me suis dit.
Gageons que la poésie, injustement malmenée à l’école en imposant la récitation et le par coeur, pourra retrouver sa place au centre de nos émotions les plus profondes en dépassant le vivre ensemble pour le faire ensemble. Car elle est à l'origine de tous les arts, et n’emploient-on pas le même verbe « joue » aussi bien sur un terrain sportif que sur un plateau de théâtre ? Combattre sans se battre, voilà un bel enjeu pour ce programme qui se clôturera le 7 septembre sous la forme d’une performance de 12h, de midi à minuit, dans le théâtre de la Ville et sur un ring de boxe installé place du Châtelet.
Il est prévu que 20 auteurs et autrices francophones, poètes mais aussi slameurs et slameuses, rappeurs et rappeuses, entreprennent ce marathon poétique au terme duquel ils passeront le relais à 10 poètes et poétesses de Los Angeles, prochaine ville hôte des Jeux olympiques de 2028.
Mais avant, le week-en du 24 au 26 mai marquera le coup d’envoi sur la place du Châtelet et au gymnase Sarrailh. De quoi réveiller la tragédienne Sarah Bernhardt …
Enfin, cela peut sembler anecdotique mais je recommande la qualité de la proposition de restauration du théâtre de la ville, associé avec Bocoff et je vous conseille de vivre de poésie et d’eau claire …
Les Jeux poétiques
Ville de Paris
Théâtre de la Ville, 2, Place du Châtelet - 75004 Paris
PUC - Paris Université Club, 12 avenue Pierre de Coubertin - 75013 Paris
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