(mise à jour 1er juin 2024)
La 58 ème édition du festival Off d’Avignon a failli ne pas avoir lieu cette année … en raison des Jeux Olympiques qui mobilisent beaucoup de forces vives. Ce n’est pas mon propos de polémiquer, notamment sur la date de démarrage qui a été avancée suite à la demande des services publics alors que les vacances scolaires ne débuteront que 6 jours plus tard.
Et pour compliquer encore les choses beaucoup de compagnies ont décidé de commencer encore plus tôt afin de disposer d’un nombre de représentations égal à ceux des éditions précédentes. La date de fin est quant à elle identique pour tout le monde, y compris dans le "In", le 21 juillet.
Le public sera-t-il au rendez-vous partout pour tous sachant qu’il y aura 445 spectacles du 29 juin au 2 juillet, puis 1666 spectacles et près de 25000 levers de rideau à partir du 3, uniquement dans les salles du Off ? Rien n’est sûr, sans parler de la météo qui jouera son petit rôle.
2024 sera donc une année particulière, et je ne ne vais pas cette fois dresser de liste de recommandations comme je l'ai fait les années passées. Ce serait trop fastidieux de filtrer par date, par créneau horaire, par lieu, par durée d’exploitation, par ancienneté (reprise ou création), par type de public, par catégorie, etc … Par contre en tapant le titre du spectacle dans le cartouche blanc de la colonne de droite et en cliquant sur rechercher vous accéderez à ma critique, si j’en ai fait une, et vous pourrez lire mon avis. Si vous suivez le libellé "spectacles" vous repérerez mes derniers coups de coeur : Naïs, le Géniteur, Du domaine des murmures, Le Cid …
J’adhère à la volonté du festival Off Avignon d’être un espace-temps où les frontières artistiques, culturelles, humaines se fondent pour laisser place à la découverte, à la rencontre, à la célébration de la diversité et de la création. J’espère cette année pourvoir encore une fois y faire des découvertes en sortant de mes zones "de confort" habituelles. Et je vous souhaite semblable parcours.
Cette année encore l'affiche fait débat depuis sa révélation fin avril 2024. Pourtant l'idée de lancer un concours parmi les élèves de l'École Supérieure d'Art Avignon (ESAA) est tout à fait légitime et cohérente avec la volonté de changement du festival Off. Quand on en connait la symbolique on ne peut qu'adhérer au choix de la lauréate, Oleksandra Dementieva, étudiante ukrainienne.
Ce visuel, onirique et décalé, revisite les symboles de la paix (couleur bleu ciel, rameau d’olivier et plumes de la colombe) et de l'universalité. Empli d'espoir et de liberté, ce poisson énigmatique prend son envol vers demain et au-delà, comme un symbole d’un festival qui nous transporte vers des horizons artistiques insoupçonnés. Il a pour intention de rassembler, nous apaiser et nous inviter à changer de regard.
Le Conseil d’administration du Off a progressé dans l’application de la charte du "faire ensemble", avec des évolutions qui touchent directement la profession comme la question des VHSS (Violences et Harcèlement Sexistes et Sexuels) dont a la charge Agnès Chamak, directrice du Théâtre des Brunes qui compte bien intensifier la prévention, la sensibilisation et la formation en ce qui concerne les rapports de domination.
Si Avignon est l'endroit où se créé le plus de spectacles en France il faut considérer que c'est aussi le cas dans le secteur du Jeune public comme le souligne depuis longtemps Raymond Yana, responsable de l'Espace Alya et délégué au Jeune public. Il est sans doute le premier festival au monde en matière de jeune public avec 190 spectacles. Un Village des enfants devrait être créé l'an prochain. Je le verrais bien dans l'ancien village du Off, implanté dans l'école Thiers, 1 rue des écoles, rebaptisée Simone Weil après les travaux qui ont amené à changer le lieu d'accueil du Off (aujourd'hui 6 rue Pourquery de Boisserin).
Raymond Yana travaille aussi avec Laurent Domingos, coprésident d’AF&C et administrateur de compagnie à la mise en place d'un label qui sera décerné par un organisme indépendant après validation de 52 items et revu tous les trois ans.
Ce type de préoccupations entre en résonance avec celles de la Scène indépendante qui est le Syndicat national des Entrepreneurs de Spectacles qui présente près de 180 spectacles programmés par 130 producteurs, compagnies et lieux de spectacles adhérents pour un total de 2687 représentations avec 500 artistes interprètes, comédien.es et musicien.es.
Ce syndicat qui d'ailleurs est présent dans une vingtaine de festivals proposera en effet des rencontres au Village du Off pour échanger sur les différents dispositifs de financement dans le spectacle vivant et sur son avenir, l’émergence, la parité … qui sont des questions que beaucoup se posent. Il a aussi mis au point un label pour certifier des spectacles produits dans le respect de la législation sociale, fiscale et artistique, déjà obtenu par 160 adhérents.
On constate aussi régulièrement le souhait d’apaiser les tensions entre théâtre public et théâtre privé. Je le mentionne parce que ce ne sont pas des préoccupations intestines. L’objectif est de transformer positivement le paysage culturel.
S'agissant spécifiquement des actions d'AF&C il est heureux que l'écoresponsabilité soit un but qui se concrétise avec la volonté de réduire l'empreinte carbone en visant à utiliser le ferroutage mutualité du matériel et des décors des compagnies. Cette action devrait se matérialiser très concrètement en 2025. Si toutes les compagnies y adhéraient on diviserait l'empreinte carbone liée au transport des décors par 100.
L'objectif est aussi clairement affirmé de réduire la production de déchets en limitant le nombre des affiches à un maximum de 150 et surtout l'affichage sauvage. On a déjà réduit le poids de 60 tonnes à 25. Espérons qu'on ne verra plus des rues défigurées par des guirlandes secouées par le mistral.
L'écotransition passera aussi par l'éducation des publics au travers d'ateliers pédagogiques et s'accompagne de la dématérialisation de l'ensemble des cartes.
Le public justement n'est pas oublié puisqu'un guide international élargi aux spectacles accessibles aux non-francophones a été mis au point. De même qu'un guide jeune public est en cours de réflexion. Et puisque les écoles ne fermeront que le 8 juillet des journées de sensibilisation qui permettront d'accueillir 300 enfants seront mises en place pour les écoles situées en REP.
La liste des nouveautés serait trop longue à établir mais on constate que l'évolution se fait dans le bon sens. Ainsi la ville de Versailles implantera la majeure partie de la programmation du Mois Molière à l'Ancien Carmel, preuve indéniable de la vitalité de l'itinérance.
Après avoir participé depuis plusieurs années au festival, Taiwan est le premier pays à être invité d'honneur, avec un focus ambitieux dans le spectacle vivant, le cinéma, la littérature, le street art et les arts plastiques. J'aurai l'occasion d'en reparler plus en détail.
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