Il y a comme ça des spectacles qu'il n'est pas commode de chroniquer... A-t-on le droit de "dépoussiérer" un classique jusqu'à en faire un opéra rock ? Certains affirment que non, disant que le décor de ce Hamlet est hideux, qu'on ne peut pas re-traduire Shakespeare, et qu'une mise en scène ne peut se résoudre à monter/descendre deux escaliers
Cela aurait pu être mon point de vue mais je ne suis pas partie au bout de 15 minutes (j'étais coincée en bout de rang) et je dois dire que je ne partage pas l'opinion du réfractaire au bout de 3 heures.
Tout se tient et il faut accepter que le regard d'un metteur en scène ne soit pas celui auquel on a l'habitude. Je vous encourage donc à attendre pour juger ... (un conseil qui vaut pour tout d'ailleurs). Il est vrai que cet Hamlet est radicalement différent de Qui es-tu Fritz Haber ? Prix Coup de Coeur de la presse OFF 2013 en Avignon.
Le roi du Danemark est mort… Sa femme Gertrude se remarie avec Claudius son propre beau-frère ! Le jeune Prince Hamlet, fils de Gertrude et du feu roi, et neveu de Claudius, vit très mal cette situation… Or, au dehors des remparts du château d’Elseneur, apparaît, les nuits de pleine lune, un spectre ! Y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark ! Des mots, des mots, des mots… Etre ou ne pas être, là sera la question.
Le roi du Danemark est mort… Sa femme Gertrude se remarie avec Claudius son propre beau-frère ! Le jeune Prince Hamlet, fils de Gertrude et du feu roi, et neveu de Claudius, vit très mal cette situation… Or, au dehors des remparts du château d’Elseneur, apparaît, les nuits de pleine lune, un spectre ! Y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark ! Des mots, des mots, des mots… Etre ou ne pas être, là sera la question.
La chose, en l'occurrence le fantôme du père d'Hamlet, apparait à plusieurs reprises, quasiment sorti d'un jeu vidéo, troublant la conscience de son fils qui, deux mois après sa mort et quelques heures avant le remariage de sa mère, ne peut (évidemment) pas se résoudre à l'oublier, encore moins à pardonner. Le décor (de Caroline Mexme, collaboratrice de Xavier Lemaire depuis dix-huit ans) est très sombre, Hamlet est tout de noir vêtu. Personne ne fait le deuil ... sauf Gertrude qui apparait, jupe fendue comme une fiévreuse adolescente.
Xavier Lemaire avait séduit le public avec Les Coquelicots des tranchées (Molière 2015 du Théâtre Public). Il signe (et revendique) ici la traduction, l'adaptation, et la mise en scène et il a conçu la pièce autour du personnage d'Hamlet en sachant qu'il confierait le rôle à Grégori Baquet, Molière de la révélation masculine en 2014, lequel n'étant plus tout à fait un jeune homme, lui donne davantage d'envergure. On a beau savoir que c'est une pièce sur le doute on a le sentiment que cet Hamlet là a de puissantes convictions et qu'il n'en dérogera pas.
C'est intentionnellement encore que l'action n'est pas installée dans une époque déterminée ni restreinte à l'évocation d'un château, d’une chambre ou d’un cimetière. On pourrait même lui trouver une forme de contemporanéité. Les deux escaliers mobiles qui composent le décor (qui évoluera au fil de la représentation) suggèrent un espace, de la Terre au Ciel et du Ciel à l’Enfer. Les costumes de Virginie H participent à cette construction d'un monde fantastique.
Les esprits chagrins (encore) estimeront que le langage n'est pas de mise pour une cour royale. Camilla Barnes assume d'être repartie de l’anglais, brutal et charnel autant que poétique pour extraire un peu plus de 2 heures de dialogues des 5 heures potentielles. Les insultes ne sont guère politiquement correctes. On assiste à des scènes qui auraient leur légitimité dans un opéra rock. Aucun rôle n'est mineur et le travestissement est de mise.
La scène de théâtre de l'acte III, qui permet de démasquer l'oncle empoisonneur est jouée comme un spectacle dans le spectacle.
Le duel final semble un jeu dangereux (qu'on se rassure, le maître d’armes, François Rostain, a l'habitude de régler ce genre de combat au théâtre comme au cinéma). Un vrai vent de folie souffle sur la scène. Tout va plus vite que d'habitude. La pièce est presque raccourcie de moitié. Ça déménage comme dans un feuilleton télévisé et ça permet de ré-entendre le texte si souvent moqué : être ou ne pas être ...
Certes rien ne finit bien. Ophélie (délicate Pia Chavani) perdra la raison et la vie. Mais on a cru à la possibilité d'une rédemption. Xavier Lemaire a cherché à insuffler du lyrisme et de la comédie. C'était inattendu et au final heureux.
La musique de Frédéric Jaillard mérite une mention parce que si elle a été créée pour le spectacle elle semble déjà familière à nos oreilles. Ce musicien (qui est aussi comédien) a déjà collaboré plusieurs fois avec Xavier Lemaire ... et beaucoup d'artistes comme par exemple Thomas Dutronc.
Traduction et adaptation de Xavier Lemaire et Camilla Barnes
Mise en scène Xavier Lemaire
Avec Grégori Baquet - Hamlet, Christophe Charrier – Horace, Pia Chavanis - Ophélie, Julie Delaurenti - Gertrude, Reine de Danemark, Olivier Denizet - Guildenstern, le 2e paysan, Osric, Laurent Muzy – Barnard, le 1er comédien, un garde, le prêtre, Didier Niverd - Polonius, le prêtre, Manuel Olinger - Claudius, Roi de Danemark, Stéphane Ronchewski - Rosencrantz, le premier paysan, Ludovic Thievon – Marcel, le 2e comédien, un garde, un messager, Philipp Weissert – Laërte, Francisco, la comédienne
Décors : Caroline MexmeCostumes : Virginie H
Lumières : Didier Brun
Musique : Frédéric Jaillard
Maître d’armes : François Rostain
Du 9 mars au 22 avril 2018
Du mardi, vendredi et samedi à 20h30 - mercredi et jeudi à 19h - matinée samedi à 16h
Relâche dimanche et lundi
Au Théâtre 14- 20 rue Marc Sangnier, 75014 Paris
Renseignements et réservations : au théâtre ou par téléphone au 01 45 45 49 77
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Laurencine Lot
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