Il m’arrive de rencontrer les comédiens après le spectacle. Une fois passé le cap (essentiel, je le dis toujours) des félicitations il arrive qu’on aborde des sujets très sérieux, qu’on se lance dans une conversation pointue à propos de l’adaptation, des parti-pris de mise en scène.
La matière ne manque pas et on entend parfois de jolies confidences que je ne partage pas systématiquement sur les réseaux sociaux.
Jean-Luc Reichmann avait voulu ce soir voir une poignée de blogueurs, à jeun si je puis dire, puisque c’est une heure avant le lever du rideau que nous avons discuté avec les comédiens dans le foyer François Perrier du Théâtre de la Michodière.
Nuit d’ivresse parlait à chacun de nous, pour l’avoir vu au théâtre ou au cinéma. Les plus jeunes d’entre nous avaient pu facilement mettre à jour leurs connaissances avant la rencontre. Il suffisait d’interroger le célèbre moteur de recherches. On avait tous des questions à poser et on aurait pu faire louper la montée sur scène tant il fut passionnant d'écouter les comédiens.
Jean-Luc avait connu un grand succès avec Hibernatus et rêvait une performance semblable. Il avait déjà contacté plusieurs grands auteurs de théâtre comme Eric Assous et Jean-Luc Moreau. Et puis il a pensé à Nuit d'ivresse, pour jouer le rôle d'un animateur de télé, lui qui le fait au naturel dans sa vie de tous les jours, en ayant le souhait insensé de passer derrière les monstres de scène que furent Michel Blanc, Thierry Lhermitte et Josiane Balasko. Comme si le défi était encore trop faible il a voulu décaler le propos en reprenant la pièce avec uniquement des hommes.
Richard Caillat, un des directeurs associés de la Michodière lui a dit banco. Restait à convaincre Josiane Balasko qui fut, parait-il, sonnée 5 secondes, provoquant un silence dont Jean-Luc garde un souvenir d'éternité. Faut voir ... a-t-elle consenti. Toujours est-il que 48 heures plus tard elle terminé l'adaptation qu'elle lui remettait en le mettant en garde : Attention ! Belin il est plus ras du bonnet que toi.
Jean-Luc n'a pas eu peur de la comparaison et a rajouté des choses "téeffunuesques" de temps en temps. Je mets une louche en pensant à ce que je vis sur TF1 ...
Ce qui est formidable c'est que la pièce n'est pas une suite, voilà pourquoi le chiffre 2 n'apparait pas. Le titre est une belle marque, alors effectivement pourquoi le modifier ? C'est simplement une autre version de l’histoire et nous sommes tous ressortis enchantés.
Richard Caillat, un des directeurs associés de la Michodière lui a dit banco. Restait à convaincre Josiane Balasko qui fut, parait-il, sonnée 5 secondes, provoquant un silence dont Jean-Luc garde un souvenir d'éternité. Faut voir ... a-t-elle consenti. Toujours est-il que 48 heures plus tard elle terminé l'adaptation qu'elle lui remettait en le mettant en garde : Attention ! Belin il est plus ras du bonnet que toi.
Jean-Luc n'a pas eu peur de la comparaison et a rajouté des choses "téeffunuesques" de temps en temps. Je mets une louche en pensant à ce que je vis sur TF1 ...
Ce qui est formidable c'est que la pièce n'est pas une suite, voilà pourquoi le chiffre 2 n'apparait pas. Le titre est une belle marque, alors effectivement pourquoi le modifier ? C'est simplement une autre version de l’histoire et nous sommes tous ressortis enchantés.
Le début de la soirée démarre dans l’ivresse absolue avant de poursuivre sur la rencontre de deux humanités en dehors de l’influence de toute mondanité. Thierry Lopez est Charlie (Simone dans la version d'origine), qu'il joue avec une élégance assurée, et une sensibilité subtile sans tomber dans le cliché. Le troisième compère est Stéphane Boucher qui interprète le barman Henri dans toute sa splendeur.
On forme une espèce de triumvirat même si on se tchopine toute la soirée, promet Jean-Luc qui est très heureux de constater que des grands parents osent amener pour la première fois leurs petits enfants à un spectacle vivant tout autant que d'entendre rire des ados pendant la soirée.
Le comédien ne renie pas son expérience télévisuelle : Ok c’est la télé qui arrive au théâtre mais on remplit les salles, dit-il pour répondre aux critiques (que nous ne formulions pas). Sa popularité attire le public. Tout le monde ne le sait pas mais il est totalement légitime sur le plateau. Il fut élève au cours Florent avec Raymond Acquaviva et il a commencé sa carrière au théâtre. Il a aussi été pendant 15 ans membre de la ligue d'improvisation française.
La mise en scène est de Nathalie Lecoultre, qui est Mme Reichmann à la vie. Être dirigé sur scène par son épouse rendait plus grande la prise de risques mais Jean-Luc aime les défis : s’il n’y a pas de danger ça ne m’intéresse pas. Quant à Balasko elle a laissé les clés à Nathalie pour la mise en scène, ne venant à aucune répétition. Il faut dire qu'elle était mobilisée sur La femme rompue qu'elle joue au Théâtre Hébertot (où elle est formidable, ce dont je parlerai bientôt).
Elle ne leur donna qu'un conseil : Surtout pensez à rigoler ! Et elle vint tout de même à la première qui manifestement fut un moment joyeux pour elle puisque qu'elle s'est écrié à la fin mais quelle bonne idée tu as eue tout en montant immédiatement sur scène.
Le décor campe le Café de la gare et on pense au Splendid mais peu importe. C’est le Terminus et c’est une fin de soirée, trop arrosée pour Jacques Belin dont on saura bientôt quel triste événement il tente d’oublier. Quant à Charlie, il attend un train pour Cherbourg (ville sympathique, je ne peux m'empêcher de digresser en me souvenant d'un séjour là-bas, d'un déjeuner à la Satrouille, au bord du quai où Demy tourna Les parapluies et où on les fabrique depuis ... une de ces histoires improbables que je vous recommande de lire).
Jean-Luc est applaudi dès son entrée en scène, ce qui m’impressionne toujours, car qui aurait l’idée de troubler l’arrivée d’un Michel Bouquet ... mais nous sommes dans le théâtre privé. On y vient encore pour une tête d’affiche (on comprend mieux ce que Jean-Luc nous confiait il y a quelques minutes) mais ils sont bien trois comédiens, et tous excellents. Franchement le spectacle mérite une note très élevée parce que tout y est réussi. On oublie très vite qu'on connait l'histoire et on plonge dedans avec délice.
On voit tout de suite que rien ne prédisposait Jacques et Charlie à se rencontrer et à sympathiser, voir plus si affinités. Y a que vous qui discutez se plaint le premier tandis que son partenaire demande un perroquet. On se régale du sous-texte de Josiane Balasko.
L'écriture est aux petits oignons. Et on a très envie de lire la pièce à la sortie. Des répliques s'impriment dans notre cerveau, qui pourraient devenir cultes, comme J’adore Deauville en automne quand les planches sont désertes (je vous fais grâce de mes adresses) juste avant que Reichmann n'imite fantastiquement bien la mouette. Plus tard son compère fera un pigeon très réussi.
C'est un jeu de ping pong auquel on assiste et qui donne envie d'écrire un quizz à la sortie. Et six sous, c’est pas cher dit Jean-Luc. Qui a reconnu Bourvil ? Un pays qui se trouve à sept heures de décalage avec Paris. Qui a pensé au Mexique ? C'est facile pour moi, je connais le pays. C’est une journée idéale ... Qui pense comme moi qu'on va entendre Claude François chanter le lundi au soleil ?
Le décor, le texte, la mise en scène, les costumes ... tout est cohérent et sans critique possible. Il y a plus encore avec des chorégraphies très réussies aussi. Il faut saluer le travail d'Anouk Viale. La scène de la majorette est revue, corrigée, majorée. On ne cherche pas comment c'était avant, ce qu'on entend et ce qu'on voit est si cohérent qu'on pourrait croire que ça a toujours été écrit comme ça.
La rencontre qui avait eu lieu avant a pris, après coup, une tournure surréaliste parce que j'avais interrogé Jean-Luc Reichmann à propos de la signification d'expressions françaises tout simplement parce qu'il voulait connaitre l'origine du nom du blog A bride abattue. J'avais enchainé sur ça mange pas de pain dont il ne connaissait pas la signification. J'avais complètement oublié que c'est une des répliques de la pièce ! Tout comme l'affirmation qu'Il n’y a aucune magouille à la télévision.
Nous avons eu envie de nous lever à la fin et de crier bravo comme Balasko. Ce que jean-Luc Reichmann appelle un voyage ne fait aucun doute. Cette Nuit d'ivresse est LA comédie à ne rater sous aucun prétexte !
Ce fut une drôle d’idée de les rencontrer avant, parce que en sortant de la représentation ce sont d’autres questions qui me viennent à l’esprit. Je brûle d’envie de demander à Thierry Lopez ou à Jean-Luc Reichmann s’ils sont allés au Mexique (que je connais bien et je confirme qu'on y rencontre les types les plus cools au monde). Bonne idée en tout cas puisque nous avons tous pu rentrer suffisamment tôt chez nous pour nous jeter devant la fin de la cérémonie des César qui a couronné Jeanne Balibar, pour son interprétation dans Barbara, le vrai-faux biopic de Mathieu Amalric sur la chanteuse (un de mes très grands coups de coeur) et entendre le magnifique discours de la productrice de Au revoir là-haut, venue chercher le César du meilleur réalisateur pour Albert Dupontel pour Au revoir là-haut.
On forme une espèce de triumvirat même si on se tchopine toute la soirée, promet Jean-Luc qui est très heureux de constater que des grands parents osent amener pour la première fois leurs petits enfants à un spectacle vivant tout autant que d'entendre rire des ados pendant la soirée.
Le comédien ne renie pas son expérience télévisuelle : Ok c’est la télé qui arrive au théâtre mais on remplit les salles, dit-il pour répondre aux critiques (que nous ne formulions pas). Sa popularité attire le public. Tout le monde ne le sait pas mais il est totalement légitime sur le plateau. Il fut élève au cours Florent avec Raymond Acquaviva et il a commencé sa carrière au théâtre. Il a aussi été pendant 15 ans membre de la ligue d'improvisation française.
La mise en scène est de Nathalie Lecoultre, qui est Mme Reichmann à la vie. Être dirigé sur scène par son épouse rendait plus grande la prise de risques mais Jean-Luc aime les défis : s’il n’y a pas de danger ça ne m’intéresse pas. Quant à Balasko elle a laissé les clés à Nathalie pour la mise en scène, ne venant à aucune répétition. Il faut dire qu'elle était mobilisée sur La femme rompue qu'elle joue au Théâtre Hébertot (où elle est formidable, ce dont je parlerai bientôt).
Elle ne leur donna qu'un conseil : Surtout pensez à rigoler ! Et elle vint tout de même à la première qui manifestement fut un moment joyeux pour elle puisque qu'elle s'est écrié à la fin mais quelle bonne idée tu as eue tout en montant immédiatement sur scène.
Le décor campe le Café de la gare et on pense au Splendid mais peu importe. C’est le Terminus et c’est une fin de soirée, trop arrosée pour Jacques Belin dont on saura bientôt quel triste événement il tente d’oublier. Quant à Charlie, il attend un train pour Cherbourg (ville sympathique, je ne peux m'empêcher de digresser en me souvenant d'un séjour là-bas, d'un déjeuner à la Satrouille, au bord du quai où Demy tourna Les parapluies et où on les fabrique depuis ... une de ces histoires improbables que je vous recommande de lire).
Jean-Luc est applaudi dès son entrée en scène, ce qui m’impressionne toujours, car qui aurait l’idée de troubler l’arrivée d’un Michel Bouquet ... mais nous sommes dans le théâtre privé. On y vient encore pour une tête d’affiche (on comprend mieux ce que Jean-Luc nous confiait il y a quelques minutes) mais ils sont bien trois comédiens, et tous excellents. Franchement le spectacle mérite une note très élevée parce que tout y est réussi. On oublie très vite qu'on connait l'histoire et on plonge dedans avec délice.
On voit tout de suite que rien ne prédisposait Jacques et Charlie à se rencontrer et à sympathiser, voir plus si affinités. Y a que vous qui discutez se plaint le premier tandis que son partenaire demande un perroquet. On se régale du sous-texte de Josiane Balasko.
L'écriture est aux petits oignons. Et on a très envie de lire la pièce à la sortie. Des répliques s'impriment dans notre cerveau, qui pourraient devenir cultes, comme J’adore Deauville en automne quand les planches sont désertes (je vous fais grâce de mes adresses) juste avant que Reichmann n'imite fantastiquement bien la mouette. Plus tard son compère fera un pigeon très réussi.
C'est un jeu de ping pong auquel on assiste et qui donne envie d'écrire un quizz à la sortie. Et six sous, c’est pas cher dit Jean-Luc. Qui a reconnu Bourvil ? Un pays qui se trouve à sept heures de décalage avec Paris. Qui a pensé au Mexique ? C'est facile pour moi, je connais le pays. C’est une journée idéale ... Qui pense comme moi qu'on va entendre Claude François chanter le lundi au soleil ?
Le décor, le texte, la mise en scène, les costumes ... tout est cohérent et sans critique possible. Il y a plus encore avec des chorégraphies très réussies aussi. Il faut saluer le travail d'Anouk Viale. La scène de la majorette est revue, corrigée, majorée. On ne cherche pas comment c'était avant, ce qu'on entend et ce qu'on voit est si cohérent qu'on pourrait croire que ça a toujours été écrit comme ça.
La rencontre qui avait eu lieu avant a pris, après coup, une tournure surréaliste parce que j'avais interrogé Jean-Luc Reichmann à propos de la signification d'expressions françaises tout simplement parce qu'il voulait connaitre l'origine du nom du blog A bride abattue. J'avais enchainé sur ça mange pas de pain dont il ne connaissait pas la signification. J'avais complètement oublié que c'est une des répliques de la pièce ! Tout comme l'affirmation qu'Il n’y a aucune magouille à la télévision.
Nous avons eu envie de nous lever à la fin et de crier bravo comme Balasko. Ce que jean-Luc Reichmann appelle un voyage ne fait aucun doute. Cette Nuit d'ivresse est LA comédie à ne rater sous aucun prétexte !
Nuit d'ivresse
Une comédie de Josiane Balasko
Mise en scène de Nathalie Lecoultre
Avec Jean-Luc Reichmann, Thierry Lopez et Stéphane Boucher.
A partir du 25 janvier 2018
Du jeudi au samedi à 20h30
Matinées le samedi à 16h30
Matinées le dimanche à 15h30
Au Théâtre de la Michodière
4, Rue de la Michodière, 75002 Paris
01 47 42 95 22
01 47 42 95 22
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