C'est l'histoire d'une nana (ma fille qui a l'âge de la sienne dirait la meuf), donc d'une nana qui collectionne les soucis. Des tracas qui ne l'empêchent pas -lorsqu'elle n'est pas cachée au sous-sol pour s'empiffrer de bonbons- de se distraire de cours d'aquagym en leçons de yoga, de faire des courses et de passer de délicieux moments dans les salons de thé.
Est-elle au courant de sa chance ? Car nous - les nanas (ou les meufs) de l'an 2021, sommes condamnées à la réclusion. Pas de cours … hormis en distantiel. C'est moins fun (Pierre Gagnaire n'est pas Marcello, je vous raconte ça demain). Et s'il nous vient l'envie de faire une visite de musées elle sera virtuelle. Ça fait un bail qu'on n'y est plus invitées à de joyeux vernissages. Adieu plaisirs, désormais interdits.
Et pourtant écoutez-la se plaindre : "Aujourd’hui, j’ai soixante-deux ans. Je ne suis plus jeune et pas vraiment vieille… J’habite un charmant mais tout petit village de Haute-Savoie. J’étais mère au foyer et, depuis que Louise a fini ses études et quitté la maison, me voilà juste au foyer. Je remplis mes semaines avec quelques activités à droite, à gauche – la piscine avec Nicoucou, mes cours de flûte traversière, un peu de marche –, mais rien de transcendant n’est arrivé dans ma vie depuis des lustres… Ma famille est réunie dans notre jardin, et il manque Michel, mon mari depuis trente-huit ans, qui préfère la petite reine à la reine de la fête. Je crois que je suis sur la dangereuse pente de la déprime."
Voilà le constat que dresse Zabou, pourtant entourée des siens, le jour de son anniversaire. Le coup de grâce est porté par ses enfants qui lui offrent un cours d’initiation au yoga. Elle va prendre ses jambes à son cou. Pour la première fois de sa vie, Maman ne répond plus !
Il faut tout de même avoir lu la moitié du roman pour entendre cette mise en garde. C'est un détail parce que la lecture est facile. L'auteure a le chic pour dédramatiser les situations les plus agaçantes. On a toujours de bonnes raisons de faire certaines choses, même si elles échappent à nos proches (p. 161). je me retiens d'ajouter surtout à nos filles.
L'auteure écrivait jusque là des romans pour la jeunesse. Celui-ci est son premier dans le monde des adultes et c'est une bien jolie surprise. Il ne sera sans doute pas le dernier. Elle a la plume agile d'une Françoise Dorin ou d'une Katherine Pancol. Tous les espoirs lui sont permis. D'autant qu'elle ne manque pas d'humour. Voilà une comédie romantique qui secoue les codes habituels du feel-good. On rêve toutes d'avoir une belle-mère en or comme celle que Fabienne décrit.
L'amitié est un sentiment inoxydable qui sera essentiel à Zabou. S'il ne fallait retenir qu'un conseil ce serait celui-ci : Si tu vois tout en gris, déplace l'éléphant (p. 140).
On apprend en lisant sa biographie que Fabienne Blanchut a vécu à Annecy et qu'elle s'est luxé chacune des deux épaules. Et puis encore qu'elle s'est fait retoquer par TF1 des propositions d'émissions de cuisine, au motif que ça ne devait jamais intéresser personne. On en reparle demain …
Maman ne répond plus de Fabienne Blanchut, Collection La Belle Etoile, Marabout, en librairie depuis le 31 mars 2021
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