Il semblerait qu’il soit de bon ton de donner des leçons de bonheur. Après celui que J.M. Erre promet de trouver au bout du couloir, celle de Françoise Spineux nous jurant que nous sommes À deux doigts du bonheur voici la promesse de Camille Andrea qui, pour une raison injustifiée, a souhaité cette fois publier anonymement.
Cela m’intrigue qu’on m’ait présenté ce livre comme un futur best-seller, écrit par un écrivain célèbre (et supposé ne manquant pas de succès) comme étant finalement l’œuvre d’un grand auteur français qui a préféré garder son identité secrète. Pourquoi se retrancher derrière un masque ? Pour gagner davantage en notoriété ? Pour éviter de fastidieuses séances de dédicaces à des fans hystériques ?
Peu importe. Le plus important serait que le livre soit bon. Je n’ai pas compris s’il s’agissait d’une fable ou un roman, qui plus est plus ou moins autobiographique.
Le Sourire contagieux des croissants au beurre a pour ambition de nous entraîner dans la quête du bonheur d’un chef pâtissier qui, cela nous est précisé d’emblée, ne s’était pas rendu compte qu’il avait perdu le goût de la vie.
Cet homme, au nom prédestiné, Pierre Boulanger, a 44 ans. Il a -comme on dit- coché toutes les cases de la bucket-list du bonheur. Installé aux États-Unis, il y a fait fortune en construisant un empire en mettant au point une recette exceptionnelle de croissants surgelés que tout le monde s’arrache, les gens modestes comme les riches. De fait, il s’entretient régulièrement avec Madonna qui semble être une de ses très bonnes amies.
Pierre est marié à Kate, une brillante avocate avec qui il a eu un adorable petit garçon prénommé Hugo. Il est propriétaire d’un immense appartement qui surplombe Manhattan, et ses affaires prospèrent… Pourtant, sa rencontre avec un vendeur de hot-dogs édenté va ébranler toutes ses certitudes le jour où le vieux marchand lui propose contre un million de dollars un gobelet du meilleur café du monde, qu’il lui promet comme seul capable de redonner du sens à sa vie.
On trouve dans ce roman des séquences universelles comme la rencontre entre deux mondes que tout oppose, l’échange des situations (on a souvent vu au cinéma un va-nu-pied prendre la place d’un milliardaire pour 24 heures), la reconquête du goût de vivre … Le vieil homme s’exprime par métaphores et le business-man y voit ce qu’il veut bien y voir.
On se souvient nous aussi des paroles de Confucius suggérant : Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. Le philosophe en prend régulièrement pour son grade au fil des chapitres. Car il est vrai que cette façon de penser n’empêche pas le burn-out, loin s’en faut.
L’ouvrage se situe à mi-chemin entre feel-good, développement personnel et traité de philosophie. Il est (très) bien pensant. On ne peut pas le prendre en défaut de quoi que ce soit.
On sait bien que la vie est un mets que l’on devrait déguster en prenant notre temps. On sait tout autant qu’on se leurre en croyant qu’en courant on vivra plus, en réalité, on se rapproche deux fois plus vite de la mort (p. 80). Mais a-t-on envie de s’entendre marteler des leçons ?
Il n'empêche que j'irai voir la version cinématographique. Mon petit doigt me dit qu'il y en aura une et que ce sera (aussi) un succès.
Le sourire contagieux des croissants au beurre de Camille Andrea, éditions Plon, en librairie depuis le 22 avril 2021
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