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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

lundi 13 février 2023

Visite à Vinexpo

C’est un produit à consommer avec modération, on le sait. Mais si on reste raisonnable, rien n’interdit de savourer le patrimoine œnologique.

Je suis allée à Vinexpo en premier lieu pour revoir des vignerons que je connais déjà, dont j’ai visité les derniers temps es caves et les vignes, ou avec lesquels je m’étais entretenue en viso-conférence quand toute rencontre était prohibée.

Pouvoir de nouveau se saluer "pour de vrai", échanger et discuter, fut le premier motif de satisfaction. Bien sûr que l’opportunité de déguster était agréable mais, au risque de vous étonner, elle n’était pas essentielle. A tel point que je ne l’ai pas systématiquement fait, ce qui ne m’a pas empêchée d’avoir des échanges intéressants avec des maisons que j’apprécie, et à propos desquelles j’ai déjà écrit. Comme par exemple Bestheim, qui présentait dans une de leurs étonnantes bouteilles bleues devenues caractéristiques de la marque un nouveau Crémant Coeur de lunePessac-Leognan ou Abecassis, dont je n’ai pas pris de nouvelles photos mais que je continue à vous recommander (en cliquant sur leur nom vous saurez tout le bien que je pense de chacun).

Si une telle manifestation conforte souvent ce qu’on sait déjà c’est aussi le lieu pour rendre possible des découvertes inattendues. Par exemple avec les vins de l’Etat de New-York dont j’ignorais qu’on y faisait pousser de la vigne, ou Torpez, la cave coopérative de Saint-Tropez, que depuis, j’ai très envie d’aller visiter. J’imagine que la probabilité de m’y rendre est plus forte que celle d’aller aux USA.

C’est aussi l’occasion d’investiguer à propos d’une région sur laquelle on veut en savoir plus, comme la Savoie dont je gardais un souvenir très vif d’un voyage de presse effectué il y a quelques années. J’ai eu quelque mérite car la signalétique du salon était assez confuse mais je suis heureuse d’avoir persévéré. La maison Jean Cavaillé valait qu’on fasse l’effort de la chercher.

Enfin ce fut l’opportunité d’assister à une master-class sur un sujet d’actualité, le réchauffement climatique et une de ses conséquences en matière de maturité pour le Pinot noir. Ce moment fera l’objet d’une publication particulière pour ne pas alourdir le présent article.

Si je devais caractériser en quelques mots l'impression qui se dégage à la fin de cette journée je dirais énergie, projets, modernité, patrimoine.

Commençons par l'Alsace
Les stands installés sous l'égide du CIVA étaient tout à l'honneur de l'Alsace. J'aurais bien aimé me renseigner sur le klevener (ou klevner) mais malgré l'immense variété offerte je n'ai rien trouvé sur ce rare cépage, probablement issu d'un Savagnin rosé.
Je me suis réjouie par contre de faire connaissance avec la maison Ruhlmann dont je vais prochainement déguster les vins ci-dessus lors d'une rencontre digitale (dont je parlerai le moment venu).
Ce salon fut l’occasion de faire connaissance avec Myriam Haag avec qui j’avais fait ma première dégustation digitale l’an dernier, et avec qui je recommencerai prochainement. C’est évidemment très satisfaisant de pouvoir nous parler en face à face. Cette spécialiste dont j’apprécie la finesse de jugement m’a fait remarquer que tout le monde croit connaître le Riesling, parce qu’il est planté mondialement mais la diversité des terroirs alsaciens brouille en quelque sorte les cartes même si, selon moi, c’est la richesse de la région.

Elle conseille à ceux qui en ont le temps de faire des dégustations comparatives au Carrefour des tendances où chaque exposant propose deux vins différents. Le conseil est valable pour toutes les régions.

Elle m’a fait découvrir une bouteille exceptionnelle au nom étonnant, Synergie 2018. C’est un Pinot noir cueilli surmûri, non éraflé, vinifié avec la rafle. On recueille très peu de jus et la macération dure trois semaines, sans soufre (il n’y en aura qu’un peu à la toute fin). Après trente mois d’élevage en barrique neuve, la mise en bouteilles s’est effectuée en septembre 2021 et le vin a été présenté en décembre.

Il a un incomparable goût de cerise, de quetsche séchée, de subtiles saveurs torréfiées. Un régal …

Je signale à ceux qui auraient l'envie d'aller faire un tour en Alsace que, du 23 avril au 30 juillet, se déroulera chaque dimanche la tournée des terroirs en réinventant les codes du présentiel et de l’événementiel avec 160 vignerons. A chaque fois seront organisés un bar éphémère, de la petite restauration locale, un collectif DJ. Il y aura 3 ateliers (dégustation - balade sur un sentier- approfondissement avec une masterclass par exemple de géologie). Tout fonctionnera de manière neutre en carbone grâce à une alimention sélectrique par panneaux photovoltaïques. Ce seront au total 35 grands crus ou lieudits que l'on pourra découvrir et 80 ateliers auxquels il sera possible de participer.

On ne pourra plus dire qu'on ne comprend pas les vins de terroir, et arrêter de penser qu'ils sont réservés à une élite.

Savoie
Je n’aurais pas voulu manquer les vins de Savoie qui, s’ils représentent moins de 1% du vignoble français, offrent un vif intérêt depuis que je les ai découverts à l’occasion d’un voyage de presse. Aujourd’hui c’est avec des vins de Jean Cavaillé que j’ai réactivé mes souvenirs.

Je commence malgré tout par une surprise totale. Je n'aurais jamais cru qu'un Crémant puisse être originaire de cette région qui a droit à cette appellation depuis 2015, sachant que les premières bouteilles sont sorties en 2017. Rien d'étonnant donc à cette ignorance puisque mon voyage sur place remonte à 2016.

Les bulles de cette bouteille sont si fines qu’on dirait un vin tranquille. Il est élaboré à 80 % à partir de Jacquere, 10% de Gamay et autant de Pinot. La jacquère étant suffisante pour tendre le vin il a été décidé de se passer de Chardonnay. Et ce choix est judicieux car il permet de retranscrire au mieux le terroir de la Savoie puisque la Jacquere en est le cépage le plus répandu.

De qualité étonnante et exceptionnelle, il développe des arômes subtils de fruits et de fleurs en combinant saveur et fraîcheur. Il a obtenu la Médaille d'or au concours national des crémants de France et du Luxembourg en mars 2017.

Ensuite vient la Roussette de Savoie Cep Noir 2021, élaborée avec des raisins issus de vieilles vignes (de plus de 50 ans) plantées uniquement en cépage Altesse.

Voilà un vin qui est encore typiquement savoyard.

Sa robe est d’un joli or ambré, avec des reflets verts. Au nez, ce sont des notes de fruits frais (pêche et poire) qui apparaissent ainsi que de noisettes. C’est un vin ample en bouche, un peu gras mais capable de garder la fraîcheur avec un repère calcaire.

Il serait parfait sur des sushis, idéal sur un veau cuisiné avec des champignons et de la crème.

La robe du Pinot Noir Cep Noir 2020, lui aussi provenant de vieilles vignes, est d’un rouge grenat intense.

Même si les arômes de fruits sont confiturés il reste gouleyant. Voilà une bouteille élégante et conviviale qui fédérera les copains autour d’une planche de charcuterie en tout début de repas.
Enfin la Mondeuse d’Arbin 2020, encore Vieilles Vignes révèle, et c’est frappant sur la photo, une robe plus soutenue, presque violacée.

L’élevage se fait 18 mois en cuve neuve de béton.  C’est un vin charpenté, avec des tanins bien présents mais qui restent fondus. On appréciera les arômes nobles de poire et d’épice, avec une note de poivre blanc, des arômes de violette et de cuir.

C’est un grand vin qui n’est produit que sur cette commune d’Arbin, sur seulement 11 hectares. Je le vois idéalement sur du canard et bien sûr sur des gibiers.

Le Beaujolais
Dominique Piron, spécialiste du Beaujolais, m’a informée de la manifestation Bienvenue en Beaujonomie qui rassemblera 50 domaines un même week-end, les vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 juin 2023. Ces jours-là, les châteaux ouvrent leurs portes et de grandes tables sont installées dans un esprit convivial.

Rendez-vous est donné chez les vignerons et vigneronnes du Beaujolais en famille, entre copains, en tête à tête, pour un repas bistronomique chic et décontracté autour de belles cuvées de caractère et d’exception pour un déjeuner ou un dîner dans une ambiance néo-bistrot.

J’ai dégusté avec Dominique un Beaujolais blanc 2020 Clos du Vieux Bourg qui se révèle assez rond, équilibré, aromatique, dans lequel on reconnaît l’acacia. Puis un Regnié 2021 La Croix Penet, qui est un joli millésime un peu croquant, idéal pour la charcuterie.
Ensuite un Morgon qui est peut-être le Beaujolais qui rassemble le plus, parce qu’il n’est pas trop fruité ni trop boisé. Pour terminer, un superbe Morgon Côte du Py où on retrouve encore de la griotte, qui est un peu poivré en fin de bouche avec une petite note de réglisse.

Les vignerons artisans de Cascastel
Ils sont rassemblés dans une cave coopérative de 70-80 vignerons. Cette fois je goûte le Corbières blanc 2021 Héritage de Bonnafous qui est le haut de gamme en blanc et qui offre une belle acidité. Le cépage dominant est le Grenache blanc. J'aurai l'occasion, quelques mois plus tard de faire plusieurs accords mets-vin avec cette bouteille.
Ensuite le Fitou, Château de Cascastel 2020 qui est. Il est néanmoins abordable par le consommateur car il est en coeur de gamme, offrant beaucoup de buvabilité. J’apprends que les vendanges ont eu lieu du 15 septembre au 10 octobre car les vignes sont en altitude. A signaler que ce vin qui est l’expression même du cépage a zéro fut, zéro boisage.
Enfin, un dernier Fitou mais on progresse en concentration, avec un élevage en futs neufs de chêne français. Ce sont les meilleures sélections qui sont faites dans es vignes qui s’étendent sur 100 à 200 hectares. Ce vin s’illustre avec 3 F : force, finesse et fierté pour un prix très raisonnable, inférieur à 12 €.

Corbières
C’est avec grand plaisir que je découvre ce Cinsault 2021 du Domaine du Chateau de Lastours où j’ai passé de formidables moments en septembre dernier.

Élevé totalement en amphore, mis en bouteilles la semaine dernière, c’est en quelque sorte une avant-première que j’imagine réjouir les soirées musicales que le domaine organisera cet été.

Il sera facile à boire, pourvu de le servir bien frais et s’accordera parfaitement avec des tapas.

Servir le rouge frais est bien une des tendances actuelles.

Chateauneuf-du-Pape
Basés à Chateauneuf, dans le sud de la vallée du Rhône, la Maison Brotte est leader de l’appellation Chateauneuf-du-Pape mais elle fait aussi du Cairanne et de l’appellation Côte du Rhône Village.

C’est une Maison familiale restée indépendante dont l’origine remonte à 1880 à une époque où on disait qu’on cultivait "du raisin", quand Édouard Amouroux, l’aïeul maternel de Thibault Brotte avec qui j’ai eu la chance de pouvoir discuter exploitait des terres chateauneuvoises (abritant aujourd’hui le Domaine Barville). Laurent incarne la 5 ème génération et travaille sur le domaine avec ses parents et son frère.
En 1931, Charles Brotte, le grand-père, qui s’était lancé dans des études de commerce, rencontre celle qu’il épousera, et qui vit à Chateauneuf du pape. Charles voit très vite le potentiel et créé aussitôt sa structure. Il vend beaucoup de vins en barriques à des négociants bourguignons ou bordelais. Il sera le premier à embouteiller à Chateauneuf. Son fils sera un des premiers à prospecter en Asie et aux USA, ce qui vaut aujourd’hui à ses descendants un réseau de distribution dans plus de 100 pays (soit 70% de l’activité). A 90 ans il vient encore chaque jour au bureau.

Le père de Thibault, Laurent Brotte, apporte un vrai changement dans la stratégie, au niveau des outils et des techniques. Il adopte des outils de mesure de la qualité (et les notes obtenues aujourd’hui en sont la conséquence). Son frère Benoit rejoint la production en 2015 aux côtés de sa mère tandis que lui a la charge du commerce et du marketing. Sur 5 générations, 3 travaillent toujours ensemble aujourd’hui.

Je dégusterai (de droite à gauche sur la photo ci-dessus) d’abord un Chateauneuf-du-Pape blanc, domaine Barville, mono cépage de Roussannesur terroir de calcaire éclaté, une toute petite cuvée de 2000 bouteilles, vinifié moitié en cuve béton et moitié barrique neuve. De belle couleur jaune citron, ce vin exprime la signature BROTTE sur la finesse, la rondeur, l’accessible, l'élégance, la fraîcheur peu boisée.

Ensuite le Cote du Rhône Signature, qui est une nouveauté depuis 2 ans, élaboré après beaucoup d’essais. Le rouge existant, ne supporterait pas le froid mais celui-ci a été conçu pour le  boire frais car son frère Benoit constate une progression des consommations de cocktails, de bière, de rosé et de blanc qui ont tous les quatre comme point commun d’être bu frais. Cette tendance vers la fraicheur est la même que constatent les producteurs alsaciens.

On est sur le fruit, la fraîcheur, il n’est pas écœurant. Il a été élaboré de manière à ce que les tanins ne ressortent pas à partir de raisin blanc, clairette, grenache. Il est fruité, souple et rond pour être dégusté très frais. Le bleu de son étiquette est la couleur de l’été en bord de mer. Il séduira de nouveaux consommateurs pourvu qu’on ait l’occasion d’expliquer, ce qui peut se faire en restauration.

En troisième position le Cairanne Domaine Grosset, du nom de jeune fille de la maman, élaboré principalement en grenache poussant sur une parcelle vieille de 120 ans, de sols de sable (ce qui a permis aux vignes de survivre au phylloxéra) et en bordure desquels des arbres ont été replantés. L’élevage est fait en une dizaine d’amphores (on les teste depuis 2020) et pour partie en barriques. On sent à la dégustation le travail des vignerons, exigeant plus de technique, mais pour faire du Cairanne le haut de gamme des appellations du sud.

Enfin, pour finir retour au Domaine Barville, millésime 2019 avec un Chateauneuf-du-Pape très féminin, tout en finesse et en cerise (photo ci-contre).

Saint-Tropez
Torpez est le nom de la plus vieille cave du Var encore en activité, la cave historique de Saint-Tropez depuis 1908. Cependant une nouvelle cave (pilote) a été crée en 2018Le diadème du saint en est devenu le blason, les bouteilles ont une forme d’amphore romaine avec un coeur dans la piqure (le cul de la bouteille).

Originellement, Torpessius est un martyre italien qui fut décapité par Néron. Il donna son nom à un comptoir grec qui était la préfiguration de Saint-Tropez, de la même façon que le coq donna Cogolin, le chien Grimaud. La lettre r a simplement changé de place par métathèse (comme formaticum donna fromage) pour donner le obtenir de Saint-Tropez. C’est aussi le saint patron de Pise, d’où le jumelage entre cette ville et Saint-Tropez.

En tant que comptoir grec, la ville a toujours connu la vigne. Elle s’est développée sur une presqu’île au sous-sol granitique qui est une résurgence du massif des Maures. Son patrimoine territorial est particulier avec des embruns caractéristiques. On peut estimer le nombre de parcelles à 500, sur 180 hectares qui sont les jardins des villas car le port est en eau profonde.

Tout est fait à la main, depuis toujours puisque la mécanisation serait impossible dans ces jardins de vigne qui participent à conserver Saint Tropez dans un environnement vert et préservé. L’activité vinicole participe donc à la préservation du patrimoine.. Les vins sont en appellation Côtes-de-Provence mais avec une spécificité. Ce sont majoritairement, à 80%, des vins rosés mais l’accent est porté sur le reste. Bravade est le coeur de gamme.

Je goûte d’abord le Bravade rosé dont la teinte si claire laisserait croire qu’il s’agit presque d’un blanc. Il est fait avec 6 cépages parmi lesquels le Grenache est majoritaire, et où on retrouve ensuite le Tibouren (qui est endémique en Provence), le Mourvèdre et le Cinsault. Il donne lieu à 3 mois de bâtonnage sur lies fines. Car il est travaillé comme un blanc. C’est clairement ce qui lui permet d’être un vin de repas, qui sera agréable avec tous les plats (à l’inverse des rosés qu’on a l’habitude de restreindre à l’apéritif). Sa salinité en fin de bouche est fort agréable.

Le nom de la gamme se réfère aux fêtes de bravade de St Tropez qui sont les fêtes patronales ayant les les 14-15-16 mai dans ce port franc, comme Monaco ou Saint Malo, et dont les couleurs sont le blanc et le rouge.
Ensuite je découvre le Bravade blanc, dans la même bouteille très identitaire, confirmant une parentalité étonnante entre rosé et blanc. Il est issu d’un assemblage avec surtout 80% de Rolle, qui est l’ancien nom du Vermentino.

Les rouges sont majoritairement issus de grenache avec une petite proportion de Syrah, de Carignan et de Mourveyre. Je déguste le Chateau la Moutte, produit sur 4,5 hectares, sur une parcelle surplombant la mer au bout du cap. On a choisi de faire monoparcellaire en rouge et rosé. Je me rends compte qu’il y aurait beaucoup à raconter sur le domaine où se trouve un bâtiment qui appartient au conservatoire du littoral. L’été a lieu en août le Festival Nuit de la Moutte, en souvenir de la fille de Frantz Litz, Blandine, qu’Emile Olivier épousa et qui décéda à l'âge de 27 ans dans son château de la Moutte.On remarquera que c’est une autre forme de bouteille qui a été retenue. Le vin est très minéral, avec beaucoup de fraîcheur.

Champagne

Je ne connaissais pas les champagnes Charpentier. Je découvre en premier le Brut Vérité Terre d’émotion, qui a un PH plus bas, ce qui lui permet de garder sa fraîcheur au sens primaire, sur un terroir argilo-calcaire proche de ceux qu’on trouve dans le chablisien. Ce champagne est aromatique par le Chardonnay.
Puis le Blanc de Noirs Extra brut qui est en zéro dosage, typique de la vallée de la Marne. On est vraiment sur de l’extra brut. Enfin un Pinot meunier zéro dosage.
Chez Brun de Neuville je découvre une sélection parcellaire 100% Chardonnay, tirage liège qui permet des notes plus oxydatiques et une belle salinité. Le poids de la bouteille est passé de 1, 200 kg à 0, 880 mais je la trouve encore lourde.
J’apprends que la bouteille transparente va disparaître de l’horizon Champagne car elle exige des traitements et a donc un très lourd impact carbone. Comment pourra-t-on alors permettre de juger de la couleur d’un rosé ?

L'Etat de New York
Je n’avais pas prévu de me rendre dans le pavillon consacré aux vins étrangers, non par snobisme mais par manque de temps. J’ai appris ce soir, bien après la fermeture du salon que les Ukrainiens étaient venus avec des vins excellents et c’est un regret d’être "passée à côté".

Il n’empêche que j’ai malgré tout découvert des vins dont je ne soupçonnais même pas l’existence, élaborés dans l’Etat de New-York grâce à Michèle Piron de Vinconnexion que je remercie. Elle ne pouvait pas me faire connaître les 471 vignerons mais les quelques maisons sur lesquelles la dégustation a été ciblée m’ont convaincue de la qualité du travail et de l’intérêt de ces vins. Quand on pense que l’histoire de la vigne remonte au XVII° siècle dans cette région … cela incite à ne pas être chauvin !
Nous avons commencé par le Bone-dry Riesling 2020 de Living Roots. Il est très crisp, très frais, très minéral, qui est le cépage emblématique des Finger Lakes, une région de climat froid qui fait des vins plus intéressants que ceux de la Californie et qui commence à être connue et donc bientôt reconnue.

Dans cette même région voici une bouteille de Boundary Breaks 2021 (qui fait également des Rieslings) mais cette fois un Cabernet franc (même si on lui adjoint du Merlot dans une proportion de 25%). Le Cabernet franc est le deuxième grand cépage de la région. Il est frais, pur, très typé Cabernet franc. Vendue aux USA 20-25 dollars la bouteille prix public, ce vin arrivera au même prix en France.
Suivront un blanc et un rosé de la même maison, Wölffer Estate Vineyard qui, depuis 25 ans s’affirme un des meilleurs producteurs de la Cote Est. Le blanc est un 100% Chardonnay qui révèle une grande ampleur. Le rosé 2021 est une combinaison de huit cépages (dont un peu de Gewurtztraminer) très réussie en terme d’arômes. Il est complexe mais sec. Je me souviendrai de cette bouteille qui aurait pu, à première vue, sembler fantaisiste et qui, après dégustation, lui correspond tout à fait.

On remarquera sur la droite, sur la photo, une bouteille triangulaire de Sparkling Pointe Vineyards, un Brut Chardonnay-Pinot noir-Pinot Meunier, que je n’ai pas gouté mais qui témoigne de la vitalité de la région y compris sur le segment de la pétillance.
Très belle surprise ensuite avec ce New York Icon Cabernet sauvignon 2017 qui offre tellement d’épices, jusqu’au clou de girofle, qu’il donne envie de l’associer immédiatement à une côte de bœuf, Ce vin de Brotherhood Winery, originaire de Long Island, est une réussite. Y compris pour son étiquette. A cet égard j’ai remarqué l’audace des américains. Même si tous ces vins ne sont pas encore en vente ici il est intéressant de faire savoir qu’ils existent. Vous ne direz pas que je ne vous aurai pas prévenu.
Pour terminer, une bouteille qui sera peut-être bientôt en France. C’est le RGNY Scielo Tinto 2019 de la famille Rivero Gonzalez qui cultive ses vignes à North Fort et … au Mexique. Un joli vin élaboré avec du Merlot, du Cabernet Sauvignon, Cabernet franc et Petit Verdot.

Comme toujours dans ce type de salon il y a des afters, des soirées privées … Après la si longue période de confinement il était presque crucial de pouvoir de nouveau rassembler les principaux distributeurs et personnes qui comptent pour les producteurs.

Si je n’ai pas parlé des champagnes Chassenay d’Arce c’est parce que je me suis réservée pour une de ces soirées. J’y ai eu l’opportunité de déguster de très vieux millésimes, qui n’étaient pas encore madérisés ou si peu que, franchement, il faut être de mauvaise foi pour dire qu’ils ne sont pas exceptionnels.
Si vous ne connaissez pas cette coopérative je vous invite à lire les articles que j’ai publiés sur leurs vins et sur leurs méthodes de travail.
Dans les prochains jours j’écrirai le compte-rendu d’une Master-class sur les conséquences du réchauffement climatique pour le Pinot noir, car Vinexpo est aussi une occasion de réfléchir et d’en apprendre davantage sur l’avenir de la vigne.

Vinexpo
Du lundi 13 au mercredi 15 février 2023
Parc des expositions de la Porte de Versailles - Paris

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