Muriel Gaudin accueille elle-même le public qui est tout de suite mis dans le bain ... de la misogynie sociale en particulier. Des fiches dans la main gauche, une corbeille de pastilles Vichy dans l'autre, elle interroge et on se prend au jeu de tenter de trouver une bonne réponse pour gagner un bonbon.
Ce quiz est une excellente idée. Les questions semblent faciles et pourtant suscitent une vraie surprise. On apprend plein de choses.
C'est sans surprise qu'on apprend que les femmes soient chefs de 84% des familles monoparentales. On sait qu'elles sont par contre sous-représentées dans tous les postes à responsabilité, mais quand il s'agit de donner une proportion hommes-femmes nos chiffres sont quasiment toujours en deçà de la réalité.
Le nombre de femmes metteur en scène, chorégraphe, chef d'orchestre ou dirigeant une entreprise du CAC 40 est absolument stupéfiant. On n'imagine pas qu'elles soient si absentes ... ou écartées des fonctions de direction ... Qui sait que le salaire moyen d'une femme est inférieur de 24% à celui d'un homme ? Une femme ne vaudrait donc que trois quarts d'un homme ? Au fil des questions, et surtout des réponses, le public est de plus en plus prêt à écouter un texte qui soit une ode aux femmes.
C'est ma petite musique dit Muriel qui aime ce moment de complicité avec le public. On partage sans arrière-pensée un moment très joyeux et soudain, paf, ça capote alors que s'égrènent quelques notes de musique à la Satie mais composée par Emily Loizeau. La comédienne est entrée dans la peau de son personnage ... il faudrait employer le pluriel car elle se dédouble à vitesse grand V.
Sa voix peut descendre dans les graves et elle joue les mecs sans problème. Pierre Notte, qui a écrit les textes et assuré la mise en scène, a été heureux de constater qu'elle pouvait endosser tous les rôles. Mais tout de même il a réduit leur nombre. Jusque là on disait la pièce inmontable mais le désir de Muriel a été tel qu'il a spontanément voulu reprendre l'adaptation, spécialement pour elle, en se laissant porter m'a-t-elle confié par les situations entre les personnages.
Pierre Notte assume le féminisme de ses textes. Histoire d'une femme témoigne que la misogynie ordinaire est partout. Cette femme n'en meurt pas mais elle est tirée vers la folie quand même. Excessive, elle ira jusqu'à mette le feu à son appartement. L'écriture est intense, comme l'auteur nous y a habitué et son style très particulier fait mouche.
Arrêtez de vous excuser de tout ce qui vous arrive ! Ça s'enchaîne à un rythme serré entre quelques noirs, de brèves pauses dont elle profite pour s'hydrater. La puissance et l'énergie avec laquelle lutte cette femme se voit visuellement.
Et ça marche ! Le public rit mais il réfléchit aussi. L'engagement de la femme se ressent : elle nous harangue avec sa bouteille (d'eau) comme un clochard apostrophe le chaland avec son litron (de vin). La tension ne nous lâche pas. On s'enivre de ses paroles.
Les lumières sont parfaitement dosées, osant parfois un rouge intense avec beaucoup d'à propos. Le spectacle évoque l'univers des contes avec les chaussures de Cendrillon, les escarpins rouges comme ceux que Dorothy portait dans "le Magicien d'Oz" en 1939, la syncope de la Belle au Bois Dormant, la figure de l'ogre, Barbe bleue. On pense à Joël Pommerat, avec moins d'effets spéciaux, et ce n'est pas plus mal.
La voix d'Emily Loizeau annonce la fin avec un extrait des Eaux sombres de l'album "Mona". L'amour nous emportera un jour, peut être ce soir.
Le ton est mélancolique. On sort sonné de la salle en se demandant ce qu'il va advenir d'elle.
Après le Poche Montparnasse ce formidable spectacle sera en tournée au Théâtre de Belleville en mai, puis en juin (sous réserve). On le verra au Théâtre des Trois soleils, en juillet, dans le cadre du festival d’Avignon off.
Pierre Notte assume le féminisme de ses textes. Histoire d'une femme témoigne que la misogynie ordinaire est partout. Cette femme n'en meurt pas mais elle est tirée vers la folie quand même. Excessive, elle ira jusqu'à mette le feu à son appartement. L'écriture est intense, comme l'auteur nous y a habitué et son style très particulier fait mouche.
J’ai vu un homme à vélo, se rapprocher d’une passante, elle traversait la rue, il roulait, je l’ai vu ralentir, lui mettre une main aux fesses, et repartir en riant. La femme s’est effondrée, au milieu de la route qu’elle traversait. Je me suis approché, je voulais lui demander pardon au nom de toute l’humanité des hommes, elle m’a rejeté, parce qu’elle a vu en moi une autre menace, un autre danger masculin. Je suis parti, j’ai pleuré, j’ai voulu écrire l’histoire d’une femme qui n’en peut plus d’avoir à supporter une société d’hommes.La mise en scène est une nouveauté pour Pierre Notte qui jusque là était surtout un auteur. Muriel Gaudin dit éprouver un grand bonheur à travailler sous sa direction parce qu'il est très précis, quoique très exigeant. Il lui a laissé malgré tout une part de créativité et de proposition importante. La performance est formidable, surtout quand on sait qu'il n'y a eu que deux semaines de répétition de quatre heures par jour.
Arrêtez de vous excuser de tout ce qui vous arrive ! Ça s'enchaîne à un rythme serré entre quelques noirs, de brèves pauses dont elle profite pour s'hydrater. La puissance et l'énergie avec laquelle lutte cette femme se voit visuellement.
Et ça marche ! Le public rit mais il réfléchit aussi. L'engagement de la femme se ressent : elle nous harangue avec sa bouteille (d'eau) comme un clochard apostrophe le chaland avec son litron (de vin). La tension ne nous lâche pas. On s'enivre de ses paroles.
Les lumières sont parfaitement dosées, osant parfois un rouge intense avec beaucoup d'à propos. Le spectacle évoque l'univers des contes avec les chaussures de Cendrillon, les escarpins rouges comme ceux que Dorothy portait dans "le Magicien d'Oz" en 1939, la syncope de la Belle au Bois Dormant, la figure de l'ogre, Barbe bleue. On pense à Joël Pommerat, avec moins d'effets spéciaux, et ce n'est pas plus mal.
La voix d'Emily Loizeau annonce la fin avec un extrait des Eaux sombres de l'album "Mona". L'amour nous emportera un jour, peut être ce soir.
Le ton est mélancolique. On sort sonné de la salle en se demandant ce qu'il va advenir d'elle.
Après le Poche Montparnasse ce formidable spectacle sera en tournée au Théâtre de Belleville en mai, puis en juin (sous réserve). On le verra au Théâtre des Trois soleils, en juillet, dans le cadre du festival d’Avignon off.
Histoire d'une femme de et mis en scène par Pierre Notte
Avec Muriel Gaudin
Lumières Antonio de Carvalho
Du vendredi 17 mars au dimanche 7 mai 2017
Jeudi, vendredi et samedi à 19h
Dimanche à 17h30
Théâtre de Poche-Montparnasse
75, bd du Montparnasse - 75006 Paris - 01 45 44 50 21
Le texte de L’Histoire d’une femme est publié en mars 2017 aux éditions Quatre-vents/Avant-Scène. Et le spectacle sera joué au festival d'Avignon 2017 au Théâtre Les 3 Soleils à 13h40.
L'actualité de Pierre Notte est intense avec trois mises en scène :
- C’est Noël tant pis, à la Comédie-des-Champs-Elysées, jusqu’au 29 juillet
- Ma folle otarie, avec l'excellent Brice Hillairet, au Lucernaire, du 10 mai au 24 juin 2017
- la reprise au Théâtre du Rond-Point le 12 juin prochain de Night in white Satie, textes et musiques d'Erik Satie.
Avec Muriel Gaudin
Lumières Antonio de Carvalho
Du vendredi 17 mars au dimanche 7 mai 2017
Jeudi, vendredi et samedi à 19h
Dimanche à 17h30
Théâtre de Poche-Montparnasse
75, bd du Montparnasse - 75006 Paris - 01 45 44 50 21
Le texte de L’Histoire d’une femme est publié en mars 2017 aux éditions Quatre-vents/Avant-Scène. Et le spectacle sera joué au festival d'Avignon 2017 au Théâtre Les 3 Soleils à 13h40.
L'actualité de Pierre Notte est intense avec trois mises en scène :
- C’est Noël tant pis, à la Comédie-des-Champs-Elysées, jusqu’au 29 juillet
- Ma folle otarie, avec l'excellent Brice Hillairet, au Lucernaire, du 10 mai au 24 juin 2017
- la reprise au Théâtre du Rond-Point le 12 juin prochain de Night in white Satie, textes et musiques d'Erik Satie.
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