La Mouette est inspirante puisque pas moins de trois créations de cette pièce auront vu le jour cette année. Ce soir c'était Isabelle Hurtin qui présentait la sienne, dans un des théâtres les plus jolis qui soient, le Ranelagh.
Elle a bien du cran pour mettre en scène cette pièce d'Anton Tchekhov qui est si souvent à l'affiche. Du coup on a tous en tête une référence et chacun peut se bloquer sur "sa" version préférée. On ne s'étonnera donc pas d'entendre des avis divergents.
Toujours est-il que cette Mouette m'a convaincue ... hormis l'affiche, d'abord parce qu'elle est de mon point de vue peu représentative de l'originalité de cette création, d'autre part parce que le vert n'est pas une couleur heureuse au théâtre. A moins de vouloir défier les superstitions.
Le décor, ou plutôt son absence, surprenait le public qui s'installait dans l'espace. On avait tout à craindre du capharnaüm qui semblait encombrer le plateau. Il faut se défendre de nos a priori parce qu'un des sujets de la pièce étant le théâtre dans le théâtre quoi de plus logique que de faire monter le décor par les acteurs ?
Toujours est-il que cette Mouette m'a convaincue ... hormis l'affiche, d'abord parce qu'elle est de mon point de vue peu représentative de l'originalité de cette création, d'autre part parce que le vert n'est pas une couleur heureuse au théâtre. A moins de vouloir défier les superstitions.
Le décor, ou plutôt son absence, surprenait le public qui s'installait dans l'espace. On avait tout à craindre du capharnaüm qui semblait encombrer le plateau. Il faut se défendre de nos a priori parce qu'un des sujets de la pièce étant le théâtre dans le théâtre quoi de plus logique que de faire monter le décor par les acteurs ?
La première scène est à cet égard très "naturelle". Et de fait les comédiens seront tout à fait à l'aise dans la mise en abime qu'ils interprètent. Faut-il la résumer en reprenant les mots d'Isabelle Hurtin : Treplev, jeune écrivain, (Mathieu Saccucci) aime Nina (Léonor Ilitch) qui va interpréter la pièce qu'il a écrite. Mais la représentation n’est pas du goût de sa mère, la célèbre actrice Arkadina (interprétée par Isabelle Hurtin elle-même). Nina le quitte pour l'amant de sa mère, et star de l’écriture, Trigorine (Thomas Cousseau). C’est ainsi que les rêves finissent parfois… entre les larmes du lac, les couleurs claires et limpides de l’espoir, de la jeunesse, de l’amour, les brumes de la vie.
Le petit théâtre où Nina va jouer est construit en papier Kraft, fixé sur des lattes de bois, relevé par des guindes. La maison et sa baie vitrée sont en tulle, en toute transparence. La fragilité des matériaux est symbolique et permet aussi la déchirure et la projection d'ombres portées, souvent très évocatrices des sentiments tourmentés des personnages.
Assez souvent des scènes sont jouées au lointain (comme un tableau de Vermeer), en corbeille, ou en surgissant parmi des spectateurs. Les coulisses sont visibles. On voit bien que l'essentiel est de signifier le théâtre dans le théâtre comme si l'art prévalait aux sentiments. C'est souvent heureux. parfois moins : nous ne sommes pas sur la scène du Théâtre du peuple de Bussang et il n'est pas possible d'ouvrir le fonds sur la forêt ...
Rien à redire à la traduction d'Antoine Vitez (avec qui Isabelle Hurtin travailla). Et pourtant on regrette de n'avoir pas en tête tout le texte qui n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire. Lorsque Tréplev parle du théâtre, il dit en substance qu'il faut peindre la vie non pas telle qu’elle est, ni telle qu’elle doit être, mais telle qu’elle se représente en rêve. Comme si l'espoir (qui se dit mouette en russe) peut faire vivre.
Pourtant il tue la mouette et ce n'est pas dans un rêve. Quand tombe le corps aux pieds de Nina c'est un vrai oiseau qui a été sacrifié, annonciateur d'une fin violente pour Nina avec la perte d'un enfant, d'un amour et de ses rêves d'actrice, et surtout pour Treplev le renoncement au théâtre et à la vie.
Quant aux intermèdes musicaux, parfois discordants, ils soulignent les conflits à la manière d'une voix off. On pourrait juste regretter que les personnages n'incarnent pas suffisamment leurs propres désillusions à la mesure de la force de leurs espérances.
Cette mouette reste malgré tout cohérente malgré des faiblesses. Comparaison n'est pas raison alors ne faisons pas de parallèle avec d'autres mises en scène, sans doute plus fastueuses.
La Mouette d'Anton TchekhovLe petit théâtre où Nina va jouer est construit en papier Kraft, fixé sur des lattes de bois, relevé par des guindes. La maison et sa baie vitrée sont en tulle, en toute transparence. La fragilité des matériaux est symbolique et permet aussi la déchirure et la projection d'ombres portées, souvent très évocatrices des sentiments tourmentés des personnages.
Assez souvent des scènes sont jouées au lointain (comme un tableau de Vermeer), en corbeille, ou en surgissant parmi des spectateurs. Les coulisses sont visibles. On voit bien que l'essentiel est de signifier le théâtre dans le théâtre comme si l'art prévalait aux sentiments. C'est souvent heureux. parfois moins : nous ne sommes pas sur la scène du Théâtre du peuple de Bussang et il n'est pas possible d'ouvrir le fonds sur la forêt ...
Rien à redire à la traduction d'Antoine Vitez (avec qui Isabelle Hurtin travailla). Et pourtant on regrette de n'avoir pas en tête tout le texte qui n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire. Lorsque Tréplev parle du théâtre, il dit en substance qu'il faut peindre la vie non pas telle qu’elle est, ni telle qu’elle doit être, mais telle qu’elle se représente en rêve. Comme si l'espoir (qui se dit mouette en russe) peut faire vivre.
Pourtant il tue la mouette et ce n'est pas dans un rêve. Quand tombe le corps aux pieds de Nina c'est un vrai oiseau qui a été sacrifié, annonciateur d'une fin violente pour Nina avec la perte d'un enfant, d'un amour et de ses rêves d'actrice, et surtout pour Treplev le renoncement au théâtre et à la vie.
Quant aux intermèdes musicaux, parfois discordants, ils soulignent les conflits à la manière d'une voix off. On pourrait juste regretter que les personnages n'incarnent pas suffisamment leurs propres désillusions à la mesure de la force de leurs espérances.
Cette mouette reste malgré tout cohérente malgré des faiblesses. Comparaison n'est pas raison alors ne faisons pas de parallèle avec d'autres mises en scène, sans doute plus fastueuses.
Traduction Antoine Vitez
Mise en scène Isabelle Hurtin
Avec Bruno Bisaro (Medvedenko - un maître d'école), Jean-François Chatillon (Chamraïev - intendant du domaine), Marjorie Hertzog (Paulina - sa femme), Fanny Jouffroy (Macha - sa fille), Kevin Chemla (Iakov - un domestique), Thomas Cousseau (Trigorine - écrivain renommé, amant d'Arkadina), Frédéric Cuif (Dorn - un médecin de campagne), Lionel Erpelding (Sorine - frère d'Arkadina, rôles repris par Didier Sauvegrain à l’Epée de Bois) , Isabelle Hurtin (Arkadina - une actrice), Léonor Ilitch (Nina - une jeune fille), Mathieu Saccucci (Treplev - un dramaturge)
Scénographie : Jean-Marc Hennaut et Jean-Pierre Lescot
Assistants : Marie Vitez et Kevin Chemla
Musique : François Couturier et Jean-Marc Larché
Création Lumières et Régie Générale : Jean-Marc Hennaut
Ombres : Jean-Pierre Lescot , assisté de Marie Vitez
Dessins : Manuelle Baudin
Chant : Lara Bilger
Du vendredi 14 au dimanche 30 avril 2017du mercredi au samedi à 20h45, dimanche 17h
Relâche les jeudi 20 et samedi 29 avril
Supplémentaire le lundi 17 avril à 20h45
Théâtre Le Ranelagh
5, rue des Vignes - 75016 Paris - 01 42 88 64 44
Reprise du 12 au 18 juin au Théâtre de l’Epée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes
Tél : 01 48 08 39 74
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