Jean-Claude Grumberg connaît l'âme humaine et apparement la problématique des relations entre les familles et l'institution dans le cadre d'un placement pour démence.
Dans une maison de retraite, la maman reçoit les visites de son fils. Tantôt elle le reconnaît, tantôt elle le confond avec le directeur. Ces visites sont souvent agitées, pressées, semées de problèmes, de malentendus qui font naître d’étranges cocasseries et loufoqueries.
Dans une maison de retraite, la maman reçoit les visites de son fils. Tantôt elle le reconnaît, tantôt elle le confond avec le directeur. Ces visites sont souvent agitées, pressées, semées de problèmes, de malentendus qui font naître d’étranges cocasseries et loufoqueries.
Si je fais exception de la scénographie (j'y reviendrai plus tard) ce que j'ai entendu hier soir est si proche de mes propres souvenirs que je pourrais penser que ma mère a servi de modèle à l'auteur.
A commencer par cette manière de la désigner d'un "votre maman" générique sans plus employer le nom de famille, comme s'il était question d'un objet. Les "pensionnaires" adoptent une manière de s'exprimer, qui devient un tic de langage, consistant à répéter en écholalie les phases qu'on se prend de plein fouet et qui échappent à notre propre raison.
Car tout est surréaliste quand on pénètre dans l'univers quasi carcéral d'un EPAHD. L'établissement est bouclé soi-disant pour le bien des résidents, entendez par là qu'un digicode et un double sas garantissent théoriquement au personnel leurs (nombreuses) tentatives d'évasion ou même de simple sortie.
La scénographie ne reprend pas cet élément essentiel et ne cherche pas davantage à reproduire une chambre type ou ce qu'on appelle un "espace de vie". Le mur de fond évoque une forêt ouverte, ce qui crédibilise la fuite de l'aïeule et permet astucieusement de justifier la fin.
Il m'a semblé que la première partie manquait de souffle. Le directeur sillonne les couloirs autant impuissant que le fils qui multiplie les va et vient, aller retour métaphoriques d'une situation sans issue rationnelle. La mère l'a bien compris. C'est en solitaire qu'elle entreprendra sa balade de Narayama. Elle a une fixation secrète, profonde, intime, qui est de retrouver sa propre mère qu’elle a dû abandonner sur les routes pendant l'exode.
A la fin de sa vie les souvenirs, et les culpabilités enfouies resurgissent. Ma mère faisait des cauchemars de trains, de rationnement en tous genres. Le traumatisme de la Seconde guerre mondiale n'était pas digéré. Ce doit être une question de génération.
La mère a aussi beaucoup de caractère ... il n'y a guère que cela que l'on peut conserver intact. Alors elle compense l'absurdité de son quotidien par toutes les petites rebellions qui sont à sa portée : s'attribuer le fauteuil roulant d'un voisin, donner un coup de pébroc à qui veut entrer dans sa chambre sans y être invité.
On pouvait s'attendre à un duel entre la mère (Catherine Hiegel) et le fils (Bruno Pudzulu) mais il est inconditionnellement aimant, patient, emphatique avec elle, conciliant puis lui aussi rebelle vis à vis d'une institution impuissante mais exigeante envers les autres. Les soucis de personnel ne peuvent pas tout excuser. Le combat s'engagera entre le garçon et le directeur de la maison de retraite (Philippe Fretun).
Catherine Hiégel est furieusement drôle malgré l'issue tragique. Les facéties de la vieille dame font rire les spectateurs et puis cela bascule. Chacun se retrouve avec sa mémoire et son histoire personnelle. Catherine Hiegel est superbe de naturel, sans jamais surjouer, comme l'aurait sans doute été tentée de le faire une Jacqueline Maillan. Elle aurait pu avoir pour ce rôle le Prix du brigadier, mais elle l'a déjà reçu. Un Molière peut-être ... ?
Votre maman de Jean-Claude GrumbergA la fin de sa vie les souvenirs, et les culpabilités enfouies resurgissent. Ma mère faisait des cauchemars de trains, de rationnement en tous genres. Le traumatisme de la Seconde guerre mondiale n'était pas digéré. Ce doit être une question de génération.
La mère a aussi beaucoup de caractère ... il n'y a guère que cela que l'on peut conserver intact. Alors elle compense l'absurdité de son quotidien par toutes les petites rebellions qui sont à sa portée : s'attribuer le fauteuil roulant d'un voisin, donner un coup de pébroc à qui veut entrer dans sa chambre sans y être invité.
On pouvait s'attendre à un duel entre la mère (Catherine Hiegel) et le fils (Bruno Pudzulu) mais il est inconditionnellement aimant, patient, emphatique avec elle, conciliant puis lui aussi rebelle vis à vis d'une institution impuissante mais exigeante envers les autres. Les soucis de personnel ne peuvent pas tout excuser. Le combat s'engagera entre le garçon et le directeur de la maison de retraite (Philippe Fretun).
Catherine Hiégel est furieusement drôle malgré l'issue tragique. Les facéties de la vieille dame font rire les spectateurs et puis cela bascule. Chacun se retrouve avec sa mémoire et son histoire personnelle. Catherine Hiegel est superbe de naturel, sans jamais surjouer, comme l'aurait sans doute été tentée de le faire une Jacqueline Maillan. Elle aurait pu avoir pour ce rôle le Prix du brigadier, mais elle l'a déjà reçu. Un Molière peut-être ... ?
Avec : Catherine Hiegel, Bruno Putzulu, Philippe Fretun et Paul Rias
Mise en scène : Charles Tordjman
Scénographie : Vincent Tordjman
Lumières : Christian Pinaud
Images : Thomas Lanza
Costumes : Cidalia Da Costa
Musique : VICNET
Collaboration artistique : Pauline Masson
Au Théâtre de l'Atelier, 1 place Charles Dullin, 75018 Paris
01 46 06 49 24
Jusqu’à fin juin
Du mardi au samedi à 19h, matinée dimanche à 16h
Le vendredi 16 et samedi 17 juin 2017, la représentation aura lieu à 18H30
Relâches dimanche 23 et samedi 29 avril, dimanche 7 mai, mardi 13, mercredi 14, jeudi 15 et mercredi 21 juin 2017
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