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lundi 17 avril 2017

La Garçonnière au Théâtre de Paris

Je n'étais pas emballée par cette Garçonnière, connaissant le film de Billy Wilder, réalisé en 1960 avec Jack Lemmon, Shirley MacLaine, multioscarisé, et je craignais d'être déçue.

Et puis l'Amérique des années soixante me semble si loin de nos préoccupations .... mais l'annonce des pièces retenues pour les Molières m'a obligée à sortir de ma réserve car je me fais un point d'honneur à en voir le maximum avant de donner un avis.
Nous sommes dans l’Amérique des années 50, celle des grattes-ciel et du rêve américain triomphant. Monsieur Baxter, un "petit employé de bureau" dans une importante compagnie d’assurances, prête régulièrement son appartement à ses supérieurs hiérarchiques qui s’en servent comme garçonnière. Ils lui promettent en remerciement une promotion qui n’arrive jamais. M. Sheldrake, le grand patron, s’aperçoit du manège et demande à Baxter de lui prêter l’appartement pour y emmener sa maîtresse, mais il exige d’être dorénavant le seul à en profiter. Shelkdrake est un mari et un père respectable, il a besoin de discrétion. Baxter accepte, il monte en grade de façon spectaculaire. Mais lorsque qu'il comprend que Sheldrake y emmène celle qu’il aime, mademoiselle Novak, Baxter est face à un dilemme : renoncer à son amour, ou à sa carrière.
J'avais entendu un débat passionné sur France Inter, les uns étant pour, les autres radicalement contre. Il était essentiel de me faire ma propre opinion. Elle est partagée.

10 sur 10 sans contestation aucune pour le décor, évoquant superbement Manhattan, les costumes, la distribution, l'interprétation, la musique ... Alors qu'est-ce qui cloche ? Le sujet. Cette fable machiste célébrant les frasques des cols blancs consommant la chair fraiche jusqu'à plus faim ... on l'a assez entendue et je dirai que le plus choquant a été de constater que le public féminin pouvait autant rire de bon coeur et avec complaisance à des comportements qui ne devraient plus exister.

Réussir parce qu'on couche ou parce qu'on aide son patron à organiser ses escapades adultérines n'est pas du tout drôle en soi et ne peut provoquer en moi la nostalgie des sixties.
Certaines répliques ne peuvent plus être anodines et on mesure le harcèlement dont les femmes sont l'objet. Certes, la fin est "morale" puisque la jouissance élevée au rang de la normalité sera punie et que l'amour triomphera mais la misogynie est constante.
Cette adaptation ne m'a pas semblé indispensable et le record de cinq nominations aux Molières est stupéfiant. D'autant qu'elle colle au monde des années cinquante qui n'existe plus et surtout qu'elle pointe des comportements dont on ne veut plus. A son crédit le naturalisme de la pièce qui pourrait avoir valeur historique grâce aux costumes années 1950-1960 de Brigitte Faur-Perdigou. Bien entendu le décor d’Édouard Laug qui est très réussi et dont on se souviendra longtemps. Et une direction d'acteurs qui est parfaite.

La Garçonnière de Billy Wilder et I.A.L Diamond
Adaptation de Gerald Sibleyras/Judith Elmaleh
Mise en scène de José Paul
Avec Guillaume De Tonquedec, Claire Keim, Jean-Pierre Lorit, Jacques Fontanel, Benoit Tachoires, Pierre-Olivier Mornas, Muriel Combeau, Sophie Le Tellier, Jean-Yves Roan, Benedicte Dessombz, Gregory Gerreboo, Anne-Sophie Nallino
Au Théâtre de Paris
15 Rue Blanche, 75009 Paris
01 48 74 25 37
Du mardi au samedi à 20h30, matinée le samedi à 17h00

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