C'est Thierry Delaballe qui a eu l'idée de cette exposition unissant les photographies d'Afsaneh Afkhami et de Pierre Barbrel aux siennes. Leurs travaux, présentés au Salon des Artistes Français, au Grand Palais, quoique très différentes des siennes, laissaient percevoir disait-il, le soir du vernissage, une possibilité d'harmonie.
Ils se rejoignent tous les trois à la Galerie Nast pour présenter Vertiges, au pluriel parce que les mouvements sont multiples. L'intitulé de l'exposition exprime quelque chose de l'ordre de ce qu'on ressent au moment où l'on perd pied, quand tout bouge autour de nous et qu'on est frappé par la peur du vide.
Francis Réveillaud Nast avait fait un premier séjour au Congo Kinshasa entre 1967 et 1969 où il a travaillé pour la jeune télévision congolaise. Passionné par ce pays et ses habitants il y revient en 1973 et créé à Kinshasa une entreprise de fabrication de mobilier contemporain dans les bois précieux du Congo, qu’il dirigera pendant vingt ans. Sur place, il constitue une importante collection d’objets, récoltés pour la plupart sur le terrain auprès des populations autochtones. De retour en Europe, imprégné par ces cultures vouées à l’invisible, il ouvre sa galerie en 2001 et la consacre -sauf exception- aux arts anciens d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Il y expose en permanence un ensemble de sculptures rigoureusement choisies, témoins de ces cultures anciennes.
Pour le galeriste qui leur a ouvert ses portes, l'opération était difficile. Et pourtant le résultat est remarquable. On jurerait que certaines œuvres de Thierry Delaballe sont accrochées ici depuis toujours, en particulier celles qui font écho aux statuettes africaines de la salle du fond.
Le détail qu'il a saisi de la Sculpture d'ancêtre Hemba-Niembo en provenance du Congo, Kinshasa, révèle autre chose de cette oeuvre et le galeriste est enchanté de redécouvrir en quelque sorte ces objets qu'il affectionne particulièrement.
On pourrait aussi jurer que le portrait du mannequin posté derrière la fenêtre (intitulé l'attente) est présent depuis longtemps sur ce mur. Les photographies de Afsaneh Afkhami subliment les modèles.
Quand son objectif saisit les danseurs, ils sont suspendus hors du temps, soit loin en arrière, évoquant les années 30 lorsqu'elle privilégie le noir et blanc, soit dans un futur plus ou moins proche dès que la couleur apparait.
On a conscience que ce n'est pas un artiste unique qui a pris tous les clichés présentés dans la première salle. Et pourtant les œuvres se répondent. A tel point que j'ai eu la tentation d'attribuer à l'un un cliché de l'autre.
Les points communs existent. Afsaneh Afkhami est dans le registre de l'humain, photographiant exclusivement des corps en mouvement (ou le suggérant) et des visages. Elle conjugue la photo et la peinture parfois, créant l'illusion que l'image sort du cadre, ce qui est rare en photographie.
La sélection de ses dernières œuvres réalisées avec la participation des danseuses et danseurs de l’Opéra est réduite mais significative de son talent. Comme à son habitude elle a placé un cliché (non photographié pour cet article) en regard de la création Couture de Jean Doucet portée par la danseuse.
L'objectif de Pierre Barbrel est davantage concentré sur un visage, celui de son frère, qu'il représente parfois en double pour constituer un seul tableau, dans une atmosphère christique.
Mais ce(s) visage(s) ne sont pas des portraits, au sens classique du terme. Ils évoquent un mouvement, physique, qui est aussi la trace d'un trajet intérieur, celui de l'arrachement à l'enfance précise l'artiste. Quant à Thierry Delaballe il focalise sur l'infiniment petit, végétal ou minéral qui, loin d'être naturaliste, devient abstrait par la magie de son regard, comme en témoigne cette Feuille à la sève riante.
La sélection de ses dernières œuvres réalisées avec la participation des danseuses et danseurs de l’Opéra est réduite mais significative de son talent. Comme à son habitude elle a placé un cliché (non photographié pour cet article) en regard de la création Couture de Jean Doucet portée par la danseuse.
L'objectif de Pierre Barbrel est davantage concentré sur un visage, celui de son frère, qu'il représente parfois en double pour constituer un seul tableau, dans une atmosphère christique.
Mais ce(s) visage(s) ne sont pas des portraits, au sens classique du terme. Ils évoquent un mouvement, physique, qui est aussi la trace d'un trajet intérieur, celui de l'arrachement à l'enfance précise l'artiste. Quant à Thierry Delaballe il focalise sur l'infiniment petit, végétal ou minéral qui, loin d'être naturaliste, devient abstrait par la magie de son regard, comme en témoigne cette Feuille à la sève riante.
Les expositions de photographies sont de plus en plus fréquentes. Cet art conquiert une belle place dans les arts. Il faut aller voir ces Vertiges, les éprouver ...
Vertiges
Photographies d'Afsaneh Afkhami, Pierre Barbrel et Thierry Delaballe
Photographies d'Afsaneh Afkhami, Pierre Barbrel et Thierry Delaballe
Du 20 au 28 Avril à la Galerie Nast,
10 rue d'Alger 75001, Paris
Ouverte du Mardi au Samedi de 14h à 19h, et le cas échéant sur rendez-vous
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Afsaneh Afkhami ou de Pierre Barbrel.
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Afsaneh Afkhami ou de Pierre Barbrel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire