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mardi 25 septembre 2018

La légende d'une vie de Stefan Zweig au Théâtre Montparnasse

J'ai vu La légende d'une vie il y a quelques semaines à peine dans une mise en scène "resserrée" au Lucernaire mais il y a peu de risque à me répéter. Certes, la trame est la même, mais le décor, la richesse des costumes et la mise en scène en feraient presque un spectacle différent.

La version vue cet été se concentrait sur le rapport entre le frère et la soeur Clarissa (Valentine Galey). Exister en tant que fils et artiste est une voie étroite sur laquelle avance Friedrich (Gaël Giraudeau), le fils de l’illustre Franck.
Mais c'est davantage la place de Maria, l'ancienne amie du père, incarnée par Macha Méril qui se présente comme un "fantôme du passé" qui pèse sur le plateau, face à la veuve du poète, Leonor, autoritaire et intransigeante gardienne de l’œuvre poétique de son époux, interprétée par Natalie Dessay. Inutile de se voiler la face, un des plaisirs de la soirée est d'assister à la confrontation entre les deux femmes et tout est mis en oeuvre pour qu'elles en sortent gagnantes l'une comme l'autre.
Rappelons l'intrigue : Vienne, 1919. Un jeune auteur cherche à exister indépendamment du souvenir de son père, poète devenu icône nationale. Le jeune homme étouffe dans la maison familiale où tout est organisé par sa mère, femme autoritaire et intransigeante, autour du culte du grand homme. C’est alors que revient au sérail une femme dont le secret pourrait libérer le jeune homme de son carcan.
Christophe Lidon, le metteur en scène, dit avoir cherché à installer ici l’ambiance incroyablement intense et redoutable d’une famille digne de Faulkner, les obsessions de Treplev dans "La Mouette" de Tchekhov et la puissance d’un Thomas Bernhard… Les thèmes que brasse la pièce sont l’écho fidèle de ce "monde d’hier" au déclin duquel Zweig ne voulut pas survivre: l’incidence des clivages sociaux et du culte du secret, la genèse des drames familiaux, la constitution de l’identité (comment construire sa propre identité face à un si lourd héritage ?), le glissement de la vérité déformée vers le mensonge affirmé, et, bien sûr, le thème central de l’héritage spirituel : Peut-on réécrire la vie de l’autre jusqu’à construire une légende ?

La pièce est un subtil match psychologique où Bürstein (Bernard Alanele biographe du défunt, et ami de la famille semble maintenir chacun sous influence.
La légende d'une vie de Stefan Zweig
Traduction de Jean-Yves Guillaume, et adaptation de Michael Stampe
Mise en scène de Christophe Lidon assisté de Natacha Garange
Avec Bernard Alane, Natalie Dessay, Valentine Galey, Gaël Giraudeau et Macha Méril
Décor de Catherine Bluwal
Costumes de Chouchane Abello-Tcherpachian
Musique de Cyril Giroux
Lumières de Marie-Hélène Pinon
Du mardi au samedi à 20h30
Matinées le samedi à 17h00 et le dimanche à 15h30
Au Théâtre Montparnasse - 31 Rue de la Gaîté - 75014 Paris - 01.43.22.77.74
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Jeep Stey

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