
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur une felouque portée par le vent où il sera progressivement rejoint par d’autres animaux. S’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à s’accommoder de leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Le réalisateur a à peine 30 ans et est originaire de Lettonie. Il met en scène un monde abandonné par l'être humain, peut-être suite à une catastrophe écologique de l’ordre d’un déluge. Le monde est essentiellement vert et bleu, avec quelques touches brunes de bâtiments abandonnés et de cités en ruine, témoignant d’une ancienne présence humaine. Les dialogues se passent de mots. Tout se joue dans les regards et les corps.
Sur le plan technique Gints Zilbalodis a d’abord créé entièrement son univers en 3D, en le travaillant comme un décor de jeu vidéo, modélisant des reliefs, dessinant des structures, bâtiments et autres statues, avant de placer dans cette environnement synthétique ses personnages et ses caméras virtuelles. Cette technique autorise des mouvements de caméra propres au jeu vidéo, notamment dans les séquences d’action et donne un rythme particulier (un peu surprenant pour moi qui ne joue pas aux jeux video, mais pas dérangeant pour autant).
Les principaux animaux en question sont un capybara paresseux, un lémurien collectionneur, un oiseau échassier, un chat bien sûr, et un chien labrador.
Ce qui est réussi c’est qu’il n’y a aucune mièvrerie dans le synopsis. Le scénariste n’a pas eu recours au moindre anthropomorphisme. Au contraire, l’effet comique provient d’un animal tentant d’adopter les mimiques d’un autre. Sans doute parce que le travail de recherche a été approfondi, à partir de captations video dans des zoos ou chez des particuliers pour ce qui est des animaux domestiques.
Le chien est d’abord hostile, de même que le serpentaire et ce n’est que parce que le chat leur vient en aide que ceux-ci adaptent leur comportement. L’amitié n’est donc pas innée dans le groupe où chacun conserve son tempérament.
A l’inverse des contemporains de Darwin, Gints Zilboladis fait le pari de prendre exemple sur le monde animal pour prôner l’entraide. Les chiens pourchassent le chat au début du film, les serpentaires se livrent à un combat violent entraînant l’exclusion de l’un d’eux, les lémuriens sont égoïstes et chapardeurs. Si au début du film le chat est seul à se regarder dans le miroir de l’eau, à la fin ils sont quatre, ce qui ne signifie pas pour autant que toute menace est écartée puisqu'on peut croire que le cétacé qui les aidait depuis le début finit par agoniser puisque l'eau s'est retirée, signifiant par là qu'il est bien complexe que la nature soit favorable à toutes les espèces.
Regardez le film au-delà du générique. vous aurez la surprise de voir revivre ce léviathan.
Flow peut être regardé en famille. Cette dystopie animalière et fantastique provoquera sans doute des discussions intergénérationnelles à propos des comportements des animaux comme des humains. Et il faut saluer aussi la prouesse d'avoir réalisé un film de fin du monde qui ne soit pas anxiogène.
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, long-métrage d'animation de Gints Zilbalodis · 1 h 24 min (France, Lettonie, Belgique)
Sélection Officielle Festival de Cannes "Un Certain Regard", Festival international du film d’animation d’Annecy (Prix du jury, Prix du Public, Prix Fondation Gan à la Diffusion et Prix de la meilleure musique originale)
César 2025 du meilleur film d’animation
En salles le 30 octobre 2024
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