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mercredi 9 avril 2025

Orgueil et préjugés… ou presque ! dans une mise en scène de Johanna Boyé

C'est la guitariste Melody Linhart qui nous accueille et lance la représentation de Orgueil et préjugés… ou presque ! d'un joyeux God save the queen.

"Pride and Prejudice (sort of)" a été écrit par Isobel McArthur qui est une actrice, metteuse en scène et dramaturge récompensée par de nombreux prix, et notamment le prix Evening Standard du meilleur talent émergent. Sa pièce fait actuellement l'objet d'une tournée au Royaume-Uni et d'une traduction en plusieurs langues dans le monde entier. Elle est le succès londonien de ces dernières années sans doute parce que la folie, la fantaisie et l’humour d’Isobel McArthur ont infusé les situations et les personnages pour donner un texte décapant et férocement drôle.

Je ne sais pas s'il faut être prévenu que la mise en scène de Johanna Boyé, est décalée et pop. Peut-être, car cette jeune femme a aussi créé des pièces de théâtre émouvantes et tragiques dont Les filles aux mains jaunes est un exemple.

Quoiqu'il en soit, elle s'est emparée de la version française du célèbre roman de Jane Austen, signée par Virginie Hocq et Jean-Marc Victor, pour en faire une pièce musicale d'une drôlerie sans faille, d'une beauté acoustique remarquable, d'un jeu d'actrices rarement aussi abouti et d'un rythme qui jamais ne faiblit et laisse admiratif.

Dans cette adaptation, l’intrigue est présentée du point de vue des femmes, en commençant par donner le beau rôle aux domestiques. Elles tireront les ficelles et s’emparent avec ironie du destin de leurs maîtresses. Cela donne l'occasion d'un premier ballet.

Cinq comédiennes nous racontent avec humour les péripéties des sœurs Bennet et de leur mère, prête à tout pour les marier. Elles sont accompagnées tout le long de cette histoire à rebondissements par une musicienne qui ne fait pas de la figuration, c’est le moins qu’on puisse dire. Sa présence ajoute un petit quelque chose tout à fait charmant.

Nous rions beaucoup et souvent mais il ne faut pas oublier pas qu'au XIX° en Angleterre les femmes n'ont pas le droit d'hériter. Se marier (avec un homme fortuné) est donc indispensable. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits... Malgré les préjugés qu'Elisabeth Bennet et Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate, ont l'un envers l'autre, les deux jeunes gens finiront-ils par tomber amoureux ?

On a beau savoir que le casting est 100% féminin on mettra un temps certain à remarquer qui joue quoi. C’est sans nul doute une grande prouesse que de passer si vite d’un rôle à un autre, d’être aussi juste en soubrette qu’en noble, et surtout en femme qu’en homme. Par contre # Me too a tout de même laissé des traces sous la plume des adaptateurs. On entend préciser que un non c'est non catégorique.

Les costumes sont évocateurs du siècle pendant lequel se déroule l’intrigue mais on appréciera une forme de modernité dans les réparties. La publicité inspire quelques gags. Le jeu de mots avec la marque de bouchées pralinées bien connue, déclinée en faire-part, est bien trouvé.

Les medleys s'enchainent. Le seul regret qu'on pourrait formuler est de ne pas pouvoir écouter les chansons dans leur exhaustivité. Mais il faudrait pour cela rester 4 heures en compagnie des artistes. Le public enthousiaste a souvent battu des mains et applaudi en cours de route. En particulier une scène très drôle de karaoké dont on se souviendra longtemps. On aura également reconnu All you need is love, puis aux rappels We are the champions.

S'il vous faut une réplique culte ce serait : je suis peut-être orgueilleuse mais pas con. A moins que vous préfériez le corps a ses raisons que l'élégance ignore. Et si j’osais j’ajouterais Oh et puis flute à la fin (vous comprendrez quand vous aurez vu la pièce) … vous trouverez quelques éléments biographiques de l’équipe sous le générique.
Orgueil et préjugés… ou presque ! 
Titre original "Pride and Prejudice (sort of)" d'Isobel Mcarthur
Librement adapté du roman de Jane Austen "Orgueil et Préjugés"
Adaptation française : Virginie Hocq et Jean-Marc Victor
Mise en scène : Johanna Boyé (assistée de Stéphanie Froeliger)
Avec Emmanuelle Bougerol, Lucie Brunet, Céline Esperin, Magali Genoud, Agnès Pat’, et Melody Linhart à la guitare.
Scénographie : Caroline Mexme
Lumières : Cyril Manetta
Costumes : Marion Rebman
Perruques : Julie Poulain
Musique : Mehdi Bourayou
Chorégraphies : Johan Nus
Jusqu'au 28 juin 2025
Du mercredi au samedi à 21h
Le dimanche à 17h sauf les dimanches les 15 et 22 juin.
Représentations supplémentaires les samedis 14 et 21 juin à 16h
Au Théâtre Saint-Georges
51 Rue Saint-Georges - 75009 Paris - 01 48 78 63 47

Nomination aux Molières 2025 dans la catégorie : Spectacle Musical 
En lice pour plusieursTrophées de la Comédie musicale
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Virginie Hocq co-signe l'adaptation française avec Jean-Marc Victor. On la connait bien sur les scènes, notamment pour ses one-woman-shows, comme "Pas d'inquiétude " (2010) mais aussi pour les rôles qu’elle a tenus au théâtre. Elle a très vite enchainé spectacles, théâtre, tournages au cinéma et à la télévision, écriture également d'une série et d'un long métrage. Elle est revenue au théâtre, avec un spectacle situé entre le seule-en-scène et la comédie, dont elle est l'auteure et qui s'intitule, " Ou presque " mis en scène par Johanne Boyé. En 2024 elle a joué dans " L'Amour chez les autres " au Théâtre Edouard VII et adapte le texte d'Isobel McArthur en français.

Universitaire de formation, Jean-Marc Victor est maître de conférences à Sorbonne Université, où il enseigne depuis 25 ans la littérature de langue anglaise, la traduction, et l'analyse de l'image. Spécialiste de littérature et de photographies américaines, il est aussi traducteur. lI travaille actuellement à un autre projet d'adaptation théâtrale, toujours en collaboration avec Virginie Hocq.

Formée au jeu de l'acteurs aux Ateliers du Sudden auprès de Véronique Nordey, Johanna Boyé suit ensuite des formations à l'école internationale Jacques Lecoq. En 2013, sa mise en scène du " Cas de la famille Coleman " remporte le Prix du jury et le Prix du public du Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène. Elle crée ensuite plusieurs spectacles. Sa mise en scène de " La Dame de chez Maxim " de Feydeau (Festival Off d'Avignon, Théâtre 13, Theatre Rive Gauche) lui vaut trois nominations aux Molières 2017. "Est-ce que j'ai une gueule d'Arletty ?" d'Eric Bu et Elodie Menant (Théâtre du Petit Montparnasse, Théâtre Michel) remporte 2 Molières en 2020 (Meilleur spectacle musical et Révélation féminine). Ce seront ensuite " Les Filles aux mains jaunes ", (au Théâtre Rive Gauche en 2022), le dernier seule-en-scène de Virginie Hocq (à Bruxelles puis au Théâtre Tristan Bernard), " Le Visiteur " d'Éric-Emmanuel Schmitt (Théâtre Rive Gauche) et " Je ne cours pas, je vole ! " d'Elodie Menant (Théâtre du Rond-Point, Comédie des Champs Elysées) qui recevra 5 nominations aux Molières 2023, dont meilleur spectacle du Théâtre Public et meilleur metteur en scène du Théâtre Public. Suivront l'adaptation pour la scène du roman de Karine Tuil, " L'Invention de nos vies " (Festival OFF d'Avignon puis Théâtre Rive Gauche) et " La Reine des neiges ", au théâtre du Vieux Colombier à partir de novembre 2022 qui obtient le Molière du spectacle jeune public aux Molières 2023.

Emmanuelle Bougerol a reçu le Molière de la révélation féminine en 2005 pour la pièce " Les Muses orphelines ", de l'auteur québécois Michel-Marc Bouchard, mise en scène par Didier Brengarth. Elle est nommée aux Molières 2020 en second rôle féminin pour " Suite Française " mise en scène par Virginie Lemoine, et dans la même catégorie en 2022 pour " Le voyage de Gulliver ", de Valérie Lesort et Christian Hecq. Elle collabore à divers projets en tant que chanteuse et tourne également au cinéma et à la télévision. Elle est depuis 2020 la " Major Kerouac " de la série " Cassandre " sur France 3.

J’avais remarqué Lucie Brunet, comédienne, musicienne, chanteuse (sous le pseudonyme de LUCE) et autrice au Studio Marigny où elle joue le rôle de " Denali " de Nicolas Le Bricquir.

Céline Espérin, comédienne éprise de comédie musicale a été nommée en 2020 aux Molières dans la catégorie meilleure second rôle féminin pour " Est ce que j'ai une gueule d'Arletty " mis en scène par Johana Boyé.

Magali Genoud a débuté sa carrière de comédienne en interprétant Nina dans " La Mouette ", mis en scène par Jean Bellorini. Elle a travaillé aussi avec par exemple Alexis Michalik et Jean-Philippe Daguerre. Devant la caméra, Magali a tenu le rôle récurrent de " Marie " dans la série " Fabien Cosma " (France 3) ainsi que le rôle de " Marion " dans la websérie " Polichinelles ".

Comédienne, chanteuse, clown, danseuse de claquettes Agnès Pat joue notamment dans " Froufrou les Bains " au Théâtre Edouard VII, mise en scène Patrick Haudecoeur , " La Revue " des Sea Girls à la Nouvelle Eve, mise en scène Philippe Nicole, " Chance! " au Lucernaire, mise en scène Herve Devolder. Je l’avais beaucoup appréciée dans Tapis rouge au festival d’Avignon.

Melody Linhart a été choriste à 14 ans dans le groupe pop-rock de son père, a travaillé le chant jazz et a vite composé d'abord un album de chansons écrites en anglais, pop folk, avant d’être repérée en tant qu'autrice-compositrice par un éditeur avec qui elle sortira son premier EP pop en français sous le label Finalistes en 2020. Toujours compositrice, elle sort un autre album de chansons en Avril 2024, " L'eau monte ".

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