Le spectacle a obtenu le Molière jeune public 2010 amplement mérité. L'adaptation que Catherine Verlaguet a faite du roman de Marie-Aude Murail est à la fois fidèle et synthétique, émaillé de formules imagées qui font mouche et dont voici un florilège :
Les enfants ont fait le jurement de n’être jamais séparés. Un orphelinat c’est un hôtel pour les enfants qui n’ont pas de parents. Un imprévu totalement imprévu que je pouvais pas prévoir. Je m’embrouille, Siméon me débrouille. En attendant on attend. La juge débrouille mon embrouille. Le docteur débarque et m’embarque. Pour que çà déséquilibre son équilibre familial.
Lionel Erdogan est l'unique interprète qui fait vivre tous les personnages grâce à la mise en scène astucieuse d'Olivier Letellier. Il incarne Bart, le grand frère qui découvre soudainement trois frères et sœur qui s'imposent dans sa vie pour échapper à l'orphelinat. Mais il prête aussi sa voix à son copain (intolérant), à sa grande sœur (rivale), au médecin (séduisant), à la juge des tutelles (menaçante) et à chacun des enfants dont le corps est symboliquement représenté par une chaise miniature.
On peut s'étonner qu'en devenant adultes les grandes personnes oublient l'enfant qu'elles ont été. Une amnésie qui les bloque et qui expliquerait leur désarroi : comment çà marche les gosses ?
Le décor se concentre sur une armoire à tout faire qui devient table, lit (d'hôpital), espace utérin ou cercueil. Léger quand le moral est au beau fixe, le meuble s'alourdit quand l'objectif parait inatteignable.
La salle du théâtre Victor Hugo de Bagneux (92) où je suis venue voir le spectacle ce matin était extrêmement attentive. Les jeunes des Centres de loisirs ne perdaient pas un mot, pas un geste de ce qui se passait sur scène, ce qui ne les empêchait pas de rire. La pièce ressemble à la vraie vie, passant du tragique au comique. Le public finissait les mots et assistait avec fascination à certains effets spéciaux simples mais efficaces (le moment du feu d'artifices est magique), n'hésitant pas à se lever d'un bond pour mieux capter ce qui se tramait sur le plateau.
De discrets bruitages intensifient les émotions : souffle du vent, pulsations cardiaques, sirène d'ambulance, réverbération, rendant utiles plusieurs intermèdes musicaux pour "décompresser" comme le dit Bart : Mika et Coco Rosie s'accordent avec Frère Jacques.
De mon temps on disait purée, purée de pois, purée de pois cassés. Oh boy ! est le juron que Bart lâche quand il s'énerve, quand il soupire ou qu'il s'affole. A la fin c'est aussi un soupir de soulagement. La traduction la plus fidèle serait "bon sang" ... Oh boy ! est aussi un subtil jeu de mots comme Marie-Aude Murail excelle à les faire. Son récit est tissé dans les limbes des secrets d'une famille déchirée avant de se recomposer. Elle n'hésite pas à traiter aussi des sujets que les journaux abordent plus froidement : la maladie, l'abandon, le suicide, l'homoparentalité et surtout les idées reçues, démontrant avec vigueur que les vraies valeurs demeurent éternelles : l'amitié et la fraternité.
Le spectacle est tout à fait adapté à être vu en famille avec des enfants à partir de 8/9 ans mais des adultes seuls y prendront autant de plaisir ... et d'émotion. J'en ai vu écraser une larme.
La tournée de Oh boy se poursuit sur Chatenay-Malabry à la Piscine le vendredi 10 décembre puis sur Angoulême, Bastia, Ajaccio, Cavaillon, Chevilly-Larue 94550 (le 28 janvier 2011) puis en février à Saint-Ouen l'Aumône, Kingersheim, Vannes, Alençon ...
Photo de Nicolas Franchot
Les enfants ont fait le jurement de n’être jamais séparés. Un orphelinat c’est un hôtel pour les enfants qui n’ont pas de parents. Un imprévu totalement imprévu que je pouvais pas prévoir. Je m’embrouille, Siméon me débrouille. En attendant on attend. La juge débrouille mon embrouille. Le docteur débarque et m’embarque. Pour que çà déséquilibre son équilibre familial.
Lionel Erdogan est l'unique interprète qui fait vivre tous les personnages grâce à la mise en scène astucieuse d'Olivier Letellier. Il incarne Bart, le grand frère qui découvre soudainement trois frères et sœur qui s'imposent dans sa vie pour échapper à l'orphelinat. Mais il prête aussi sa voix à son copain (intolérant), à sa grande sœur (rivale), au médecin (séduisant), à la juge des tutelles (menaçante) et à chacun des enfants dont le corps est symboliquement représenté par une chaise miniature.
On peut s'étonner qu'en devenant adultes les grandes personnes oublient l'enfant qu'elles ont été. Une amnésie qui les bloque et qui expliquerait leur désarroi : comment çà marche les gosses ?
Le décor se concentre sur une armoire à tout faire qui devient table, lit (d'hôpital), espace utérin ou cercueil. Léger quand le moral est au beau fixe, le meuble s'alourdit quand l'objectif parait inatteignable.
La salle du théâtre Victor Hugo de Bagneux (92) où je suis venue voir le spectacle ce matin était extrêmement attentive. Les jeunes des Centres de loisirs ne perdaient pas un mot, pas un geste de ce qui se passait sur scène, ce qui ne les empêchait pas de rire. La pièce ressemble à la vraie vie, passant du tragique au comique. Le public finissait les mots et assistait avec fascination à certains effets spéciaux simples mais efficaces (le moment du feu d'artifices est magique), n'hésitant pas à se lever d'un bond pour mieux capter ce qui se tramait sur le plateau.
De discrets bruitages intensifient les émotions : souffle du vent, pulsations cardiaques, sirène d'ambulance, réverbération, rendant utiles plusieurs intermèdes musicaux pour "décompresser" comme le dit Bart : Mika et Coco Rosie s'accordent avec Frère Jacques.
De mon temps on disait purée, purée de pois, purée de pois cassés. Oh boy ! est le juron que Bart lâche quand il s'énerve, quand il soupire ou qu'il s'affole. A la fin c'est aussi un soupir de soulagement. La traduction la plus fidèle serait "bon sang" ... Oh boy ! est aussi un subtil jeu de mots comme Marie-Aude Murail excelle à les faire. Son récit est tissé dans les limbes des secrets d'une famille déchirée avant de se recomposer. Elle n'hésite pas à traiter aussi des sujets que les journaux abordent plus froidement : la maladie, l'abandon, le suicide, l'homoparentalité et surtout les idées reçues, démontrant avec vigueur que les vraies valeurs demeurent éternelles : l'amitié et la fraternité.
Le spectacle est tout à fait adapté à être vu en famille avec des enfants à partir de 8/9 ans mais des adultes seuls y prendront autant de plaisir ... et d'émotion. J'en ai vu écraser une larme.
La tournée de Oh boy se poursuit sur Chatenay-Malabry à la Piscine le vendredi 10 décembre puis sur Angoulême, Bastia, Ajaccio, Cavaillon, Chevilly-Larue 94550 (le 28 janvier 2011) puis en février à Saint-Ouen l'Aumône, Kingersheim, Vannes, Alençon ...
Photo de Nicolas Franchot
2 commentaires:
Nous aurons bientôt la chance de voir cette pièce à Lannion. Je le verrai même deux fois : une première avec ma classe de Sixième, une deuxième avec mes filles. Mathilde, ma cadette, a déjà lu deux fois le roman qu'elle adore.
Mardi dernier, nous avons assisté en famille à la représentation de L'Illusion Comique par la troupe d'Ivry : une merveille !
Je ne regrette absolument pas d'avoir pris un abonnement familial au Carré magique, la salle de spectacle de la ville.Tes articles sur les spectacles auxquels tu assistes sont un peu à l'origine de cette décision.
Merci à toi de me le dire. Savoir qu'on a une influence positive encourage à continuer à débusquer ce qui mérite d'être promu.
Tes élèves apprécieront vraiment Oh boy. Il y a un réel travail de mise en scène et d'adaptation. D'ailleurs ils auront sûrement envie de relire le texte ensuite.
Je guetterai particulièrement le nom de la ville de Lannion sur les tournées des prochains spectacles que je verrai.
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