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lundi 19 septembre 2022

Chronique d'une liaison passagère de Emmanuel Mouret

Il me semble qu'il faut voir des signes dans chaque plan de Chronique d'une liaison passagère.

Depuis l'affiche qui montre le couple de Charlotte et Simon (Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne) en arrêt devant l'immense tableau composé de 250 panneaux installés au Musée d'Art moderne de Paris.

Réalisé par Raoul Dufy en 1937, en réponse à la commande de la Compagnie parisienne de distribution d'électricité, et intitulé La Fée Électricité, il peut représenter une allégorie au coup de foudre.

A l'inverse, plus tard, les images du film de Bergman, Scènes de la vie conjugale, apparaitront comme une antiphrase. Quant à la chanson de Serge Gainsbourg, La javanaise, dont les accords reviennent régulièrement, elle dit bien que "nous nous aimons le temps d'une chanson".

C'est un peu la promesse de départ que se sont faits Charlotte et Simon qui ne s'engagent à se voir que  pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux en ne faisant surtout pas de plans sur la comète. Mais leur complicité grandit et avec elle, peut-être les sentiments, bien que le spectateur sache que les moments heureux donnés à vivre aux personnages sont promis à une fin annoncée en raison du terme de "liaison" annoncé dans le titre.

Ce serait idyllique de ne se retrouver que pour le plaisir. Sauf quand imaginant pouvoir se passer d'éprouver des sentiments n'est peut-être pas si facile que ça. Les exprimer étant interdit la liaison pourra-t-elle durer ?
La tendresse par contre est très présente. C'est le métier de Simon (hapnothérapeute) et les plans sur les mains sont très beaux. Emmanuel Mouret filme les corps avec une sensualité tout en finesse, y compris quand il s'agit juste de faire une pâtisserie, ou quand un personnage est de dos mais qu'on devine malgré tout l'immensité des émotions qui le traverse alors que le partenaire insiste : on est amoureux ou pas ?

Dans un couple, le danger provient souvent d'une tierce personne. On pourrait penser ici que la femme de Simon est un facteur de risque. Pourtant il viendra à l'initiative d'une autre, Louise (Georgia Scalliemais je ne peux pas le raconter au risque d'en dire trop.

Outre Gainsbourg, que l'on entend à plusieurs reprises avec différents titres, la bande-son est porteuse de diverses énergies avec Ravi Shankar, Mozart et Poulenc.

D'Emmanuel Mouret j'avais beaucoup aimé Une autre vie, un peu moins Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait. Le réalisateur voulait y démontrer que pour  construire une relation durable il fallait s'appuyer sur des projets communs plutôt que sur un plaisir appelé à être éphémère.

Il est amusant de constater qu'il cherche à le prouver avec Chronique d'une liaison passagère en prenant le contrechamp du même postulat. Le terreau de l'amour est-il la prudence ou l'insouciance ?

Je suis presque impatiente de découvrir le prochain film de notre Woody Allen français.

Chronique d'une liaison passagère de Emmanuel Mouret
Scénario  Pierre Giraud et Emmanuel Mouret
Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scallie
Sélection officielle Cannes 2022
En salles le 14 septembre 2022

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