Lundi 18 juillet était mon avant-dernière journée avec un spectacle du Festival d'Avignon, un du Festival Off et un du Avignon IF. Plus une rencontre autour de l’humour. L’accord parfait.
N’ayant pas pu avoir la moindre miette de place pour Gretel, Hansel et les autres aux Pénitents blancs (je suis certaine que la création de Igor Mendjisky est exceptionnelle. Je me rattraperai en saison à L'Azimut et me consolerai ici avec ce petit chaperon).
Le Petit Chaperon Rouge est un conte que tout le monde connaît, et apprécie diversement, annoncé tout public à partir de 4 ans par la Compagnie Das Plateau, invitée pour la première fois au festival.
Céleste Germe (à gauche sur la photo, avec Maélis Ricordeau), et je partage son point de vue, a été saisie, en relisant la version de Charles Perrault, par la pensée culpabilisatrice qu’elle véhiculait à l’égard des jeunes filles. La morale cautionne que le sexe féminin puisse mourir de sa curiosité. Et d'une certaine façon, l'homme représente un danger permanent. Les frères Grimm envisage une autre issue en faisant intervenir une figure positive, celle des chasseurs.
Par contre, elle ne s’est pas arrêtée à cette (première) fin heureuse. Elle a ajouté une suite (dont on parle peu même si beaucoup d’auteurs de littérature jeunesse s’en sont inspirés pour renverser l’histoire en ridiculisant le loup). Elle a eu l'idée de renvoyer la petite fille chez sa grand-mère et de rencontrer une nouvelle fois un loup. L'enfant, avertie par sa précédente mésaventure, mettra en place un véritable guet-apens et aura raison de l’animal dont elle s’emparera de la peau qu’elle portera, un peu à la manière de Peau d’âne.
L’histoire devient conte initiatique et la petite fille une héroïne. Dans cette version, elle prend acte du danger, apprend à le reconnaître et à le dépasser en se défendant.
Si le jeune spectateur est confronté à la peur, il comprendra qu’on peut la dompter. Aucun enfant n’aura été effrayé ce matin. Ils ont bien au contraire été émerveillés. Céleste Germe est aussi architecte et travaille avec son décorateur à la manière de montrer l'invisible. Sur le plan visuel, la scénographie imaginée par James Brandily est un voyage en trois dimensions qui conduit le public, depuis le hameau où vit le petit chaperon jusqu’à la maison de la grand-mère en traversant une forêt qui prend parfois l’allure surréaliste de la Forêt de bouleaux de Gustav Klimt.
Avant d’entrer dans le décor, totalement inspiré par le romantisme allemand, le public sera averti par Maélis Ricordeau, assise au centre d’une scène rouge vif qui fonctionne comme un écrin, que l’histoire est à recoudre, autrement dit à revoir sous un autre angle. Antoine Oppenheim deviendra récitant à ses côtés. Les deux artistes sont autant comédiens que manipulateurs.
Dire le texte d’une voix calme avant de le jouer permet aux enfants de comprendre qu’il s’agit d’une histoire et d’en apprécier la saveur. Ils peuvent prendre plaisir ensuite à avoir peur … en toute sérénité…
Ce spectacle est un vrai encouragement à la curiosité qui est, somme toute, la qualité essentielle du festivalier.
Le public de la région parisienne est chanceux de pouvoir le voir dans de nombreuses salles (mais la tournée passe aussi par les régions et l'étranger):
Du 28 au 30 septembre 2022 • Théâtre de Châtillon (92)
Du 24 au 26 novembre 2022 • La Villette, Grande halle (75)
Du 1er au 4 février 2023 • Théâtre Gérard Philipe, CDN, Saint-Denis (93)
Du 9 au 11 février2023 • Théâtre de Sartrouville Yvelines CDN (78)
Du 7 au 9 mars 2023 • Théâtre de Brétigny-sur-Orge, scène conventionnée (91)
Du 23 au 25 mars 2023 • Nanterre-Amandiers, Maison de la musique de Nanterre (92)
Du 17 au 22 avril 2023 • Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Scène (94)
Du 1er au 3 juin 2023 • Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée (77)
Le petit chaperon rouge de Jacob et Wilhelm Grimm
Traduction de Natacha Rimasson-Fertin, Editions Corti, et des fragments de Futur, ancien, fugitif de Olivier Cadiot
Mise en scène Céleste Germe
Avec Antoine Oppenheim et Maëlys Ricordeau
Collaboration artistique Maëlys Ricordeau
Composition musicale et direction du travail sonore Jacob Stambach
Scénographie James Brandily
Création vidéo Flavie Trichet-Lespagnol
Dispositif son et vidéo Jérôme Tuncer
Création lumière Sébastien Lefèvre
Costumes Sabine Schlemmer
Spectacle vu le Lundi 18 juillet 2022 aux Pénitents Blancs. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Christophe Raynaud de Lage
Pour accéder à celles de la Chapelle des Pénitents, suivre le lien :
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