Je ne connaissais rien de ce spectacle, pourtant programmé en 2019 dans ce même théâtre (qui, pardon de le dire est tout de même un peu éloigné des rues que je fréquente habituellement) puis au Théâtre du Gymnase Marie-Bell pour 22 représentations, en février-avril 2020 … alors que j'ai été brutalement éloignée des scènes par un épisode brutal de Covid dès le mois de mars.
L'insistance patiente d'Ewunia Adamusinska-Vouland a eu raison de mes réticences et j'ai casé son concert-spectacle juste après Iphigénie. J'ai découvert un bijou de sensibilité. La connivence entre la chanteuse et son pianiste, Yves Dupuis est manifeste, quoiqu’elle soit autant capable de nous toucher en chantant a capella.
On est loin des moyens de l’Opéra mais la voix est divine, offrant des inflexions multiples, en polonais bien sûr, mais aussi en français, en anglais et en yiddish, rendant le spectacle accessible aussi aux non-francophones.
Le décor est simple mais que faut-il de plus que de vraies photos de famille, quelques bougies, et la jupe fleurie d’une grand-mère adorée pour nous embarquer dans les rues pavées de Varsovie ? Quand le talent est là, tout va.
Tango argentin, valse sentimentale, bossa nova, rythmes tsiganes ou yiddish (notamment une partie du tango “Rebeka” de 1932, de Z. Białostocki et A. Włas)… Les mélodies font écho aux grands standards du monde et à la chanson française des années 1920-1965 en flirtant avec la musique folklorique et classique polonaise.
J'ai reconnu dans l'introduction et dans l'accompagnement de To Ostatnia Niedziela (Dernier Dimanche) une forte évocation de la chanson de Marie Laforêt, Mon amour, mon ami.
Il y a de la tristesse, de la colère, mais surtout de la tendresse, du souvenir et de l’amour, encore et toujours. Je pourrais dire qu’Ewunia évoque parfois Piaf mais ce serait quasiment une offense car elle est avant tout elle-même, unique.
On apprend aussi entre deux chansons plein de choses sur ce qui fait l’essence de l’âme slave et sur les us et coutumes du quotidien polonais. Le voyage est délicieux comme une tasse de thé.
Il y avait du beau monde dans cette salle, tout autant qu’à l’Opéra. Même le grand Serge (Gainsbourg) était venu ce soir avec son Black Trombonne. Je vous le dis en chuchotant puisque de cette manière on ne peut pas mentir. C'est ce que nous dit la chanteuse avant d'interpréter Szeptem (En chuchotant, Musique : J. Abratowski, Paroles : J. Korczakowski) qui est la chanson qui est à l'origine de son duo avec Yves Dupuis depuis 4 ans.
Les mains du pianiste se baladent à des rythmes divers et c'est une excellente idée d'avoir disposé l'instrument de manière à ce que les spectateurs puissent suivre leur cheminement sur le clavier du piano.
Les amants de Varsovie sont une de mes belles surprises du festival. Ils sont entrés dans mon coeur et je vous souhaite de faire cette même rencontre un prochain soir.
Les amants de Varsovie, concert-spectacle
Création collective avec les textes de Ewunia
Par Ewunia et Yves Dupuis
L’album est disponible à la vente pendant le Festival d’Avignon, après chaque représentation, et sera dans les bacs à partir du 7 octobre 2022
Reprise parisienne du spectacle le 13 mai au Théâtre de La mare au diable - 4 Rue Pasteur, 91120 Palaiseau (autres dates en cours)
Spectacle vu le Samedi 9 juillet 2022 au Théâtre Humanum. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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