Il fallait, pour terminer la journée, une pièce légère, une fois n’est pas coutume. Ce sera, toujours au Théâtre du Chêne Noir, à 21 h 20 Le temps des trompettes de, avec, par Felicien Chauveau qu’on jurerait être le fils de Muriel Robin.
Ne me soumettez pas à un interrogatoire pour que je vous avoue pourquoi. Allez l’entendre, c’est une évidence. Et c’est rigoureusement exact sur le plan historique. Molière mode stand-up, il fallait un culot créatif à la hauteur du sien pour oser le faire, et le réussir !
L'artiste revendique un spectacle, au croisement d’une comédie-ballet et d’un seul en scène, et c'est tout à fait cela. Avec, qui plus est, de très jolis éléments de décor. Jusqu'à a chaise Louis Ghost de Philippe Starck, ultra légère, totalement transparente, fabriquée en polycarbonate et d'inspiration baroque, donc légitime sur le plateau.
Il a choisi un titre avec une arrière-pensée. Il fait référence bien entendu à l'instrument de musique mais aussi à l'expression, peu usitée aujourd'hui, signifiant la faiblesse intellectuelle d'un personnage intellectuel qui pourrait aussi être le fou du Roi. J'y vois aussi un clin d'oeil à la musique composée par Maurice Jarre pour lancer chaque représentation dans la cour d'honneur du Palais des papes.
Il a cherché à faire le portrait fidèle de la vie de troupes, en l'occurence celle de Molière, 400 ème anniversaire oblige … en restituant sous forme de story-board argumenté la multiplicité de l’entourage et des figures qu’a rencontrées Jean-Baptiste Poquelin qui, devenant Molière, croisera bon nombre de personnalités historiques, du prince de Conti à Philippe d’Orléans, jusqu’au Roi Soleil.
Les barbons inquiets, les faux dévots, les médecins charlatans, les hiérarchies sociales, le tumulte des genres, bref tout ce qui constitue l’œuvre classique de ce génie hantent cette biographie déchaînée et humoristique qui ne refoule pas la gravité, par exemple en rappelant les morts de l'horrible année 1656 quand sévit la Grande peste, et qui provoque une atmosphère proche du recueillement parce qu'on pense immédiatement au Covid.
Quel homme que Molière ! Il est assez juste de lui prêter les pensées que Felicien Chauveau nous offre en usant parfois d'un accent : Faire de mon Jeu de Paume une friche culturelle avec vue sur la Seine …
Je pensais que personne ne savait pourquoi le dramaturge avait choisi son pseudonyme. J'apprends que ce serait une déformation de "meulière".
Le temps des trompettes de, avec, par Felicien Chauveau
Texte de Felicien Chauveau et Luc Lagier
Mise en scène et jeu Felicien Chauveau
Eclairages Albane Augnacs
Spectacle vu le Dimanche 10 juillet 2022 au Théâtre du Chêne noir. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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