Après le Jeu du président, un autre face à face va se dérouler dans un huis-clos haletant, et émouvant.
Une commerçante palestinienne est convoquée par un officier de police israélien qui veut lui poser quelques questions dans le cadre d’une enquête de routine. Pressée de rejoindre son travail, Amina Lamdani espère expédier cette formalité mais l’inspecteur David Stern semble décidé à prendre son temps.D’emblée, les remarques acerbes ou sarcastiques fusent de part et d’autre, et l’entretien anodin se transforme insensiblement en interrogatoire sous haute tension.Un mois plus tôt, un attentat-suicide a fait de nombreuses victimes parmi les passagers d’un bus d’une ligne très fréquentée de Jérusalem. Il s’avère que l’inspecteur Stern soupçonne Amina d’être liée au terroriste qui, ce jour-là, a fait sauter sa charge d’explosifs quelques minutes après qu’elle soit descendue du bus.
Le décor est d'une froideur et d'une rigueur implacable. La limite est étroite entre être soupçonnée et être accusée. Le mensonge est-il parfois légitime ? Qui, de cet homme et de cette femme qui sont d’abord et avant tout un policier (juif) et une commerçante (palestinienne) craquera le premier ? Quelle humanité pourrait se glisser dans ce combat fratricide entre deux mondes forcés de cohabiter à Jérusalem ? Transgresse-t-on les règles de son camp ou les suit-on aveuglément ? J’allais écrire impunément …
Amina aimerait que le monde soit meilleur. David aussi sans doute. Décidément c’est le credo de tout le monde, particulièrement aujourd’hui. Mais la "manipulation est nécessaire comme un scalpel", mot-clé du jour (en référence au spectacle du même nom), alors comme le policier ment, elle aussi.
Les passagers auraient pu n’être qu’une pièce de plus sur les ravages du terrorisme. Laurent Capelluleto fait évoluer, par la rigueur de sa mise en scène, et par la finesse d’interprétation des comédiens, un duel sur le chemin du duo, évoquant aussi l’univers du conte dans une joute verbale dont l'issue est difficile à deviner.
Les passagers de Frédéric KrivineMise en scène : Laurent Capelluto
Avec Emmanuel Salinger et Axelle Maricq
Scénographie et costumes : Renata Gorka
Lumières : Alain Collet
Spectacle Adami déclencheur.
Spectacle vu le Dimanche 10 juillet 2022 au Théâtre du Chêne noir. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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