Cette édition 2022 aura marqué le retour de l'association Jean Vilar et de la BnF dans les murs de la Maison Jean Vilar, suite à ses travaux de mises aux normes réalisés par la Ville d'Avignon.
La programmation était riche de dlectures au Jardin de Mons autour de Gérard Philipe et Maria Casarès, de plus d'une dizaine de rencontres, et bien sûr de quatre expositions, consacrées à Maria Casarès, Gérard Philipe, Jean Vilar et Christophe Raynaud de Lage.
Le vernissage des deux premières expositions a eu lieu aujourd’hui. Une troisième sera ouverte au public dans 48 heures.
Une quatrième est toujours visible au Jardin des Doms. J’ai choisi de les rassembler dans un même article.
Au rez-de-chaussée, qui accueille la librairie, on peut découvrir Infiniment, Maria Casarès, Gérard Philipe - une évocation
Cette première exposition est très émouvante. Parce qu’elle concerne deux «monstres» de la culture française, devenus des icônes. La directrice déléguée de l'association Jean Vilar, Nathalie Cabrera, a rappelé dans son discours, que la Maison avait été fondée autour des archives de Jean Vilar pour les valoriser et les partager. De fait, les murs présentent une profusion de documents d'époque.
Maria Casarès est peut-être la plus grande actrice française. Elle aurait été centenaire aujourd'hui.
Gérard Philipe, acteur engagé dans l’art et en politique, était né la même année, en 1922. C'est avec une évidente fierté qu'ils sont tous les deux célébrés.
Il fut par exemple l'un des premiers à signer l'appel de Stockholm, en 1950, contre l’armement nucléaire en pleine Guerre froide. Malgré son immense notoriété, il ne demanda jamais aucune augmentation de salaire. Sur les affiches, son nom figure toujours à sa place alphabétique. Il fut foudroyé par un cancer du foie à tout juste 37 ans.
On ne verra pas le costume du Cid parmi les objets présentés dans les vitrines. Et pour cause puisqu’il repose dans cette tenue dans le cimetière de Ramatuelle. Ç’aura été la seule faveur particulière qu’il aura jamais demandée.
La scénographie est imaginative, jouant avec le décor naturel des différents espaces, et utilisant des projections originales sur les voutes. Bien entendu certains documents surprennent comme cette publicité en faveur de la lecture. Ou encore le portrait dit "indiscret" du comédien qui nous apprend que son plat préféré était le poulet à l'estragon.
Ces icônes sont aujourd'hui fort méconnues des mois de cinquante ans et souhaitons que cette exposition provoque des émotions parmi les jeunes visiteurs qui ressentiront la présence quasi physique des acteurs dont étymologiquement on se souviendra que "act" signifie agir.
Ce soir, oui tous les soirs, Jean Vilar, Notes de service, TNP 1951 - 1963
L’exposition consacrée à Jean Vilar retrace, au premier étage, l’exigence de cet homme, défenseur inlassable du théâtre public. Ses notes témoignent de la vie quotidienne au théâtre.
Elles sont remarquables de caractère. Les coups de colère sont fréquents, mais toujours exprimés avec une politesse infinie, qu'ils soient dactylographiés ou rédigés à chaud à la main.
Certaines font rire (voir ci-dessous à droite) l'autorisation à repeindre les loges sous conditions particulières.
Sur la feuille rose le metteur en scène "souhaite qu'on le laisse se tromper sur ses distributions".
Tout compte : la qualité du papier, la marque de la machine à écrire ou la calligraphie, Il me semble qu’on pourrait en faire le sujet d’un spectacle, en prolongation de la lecture qui nous en est faite par Robin Renucci.
Des photos achèvent de nous mettre dans l'ambiance. La mention "vestiaire gratuit" une volonté … Bertrand Gaume, Préfet du Vaucluse n'avait pas manqué de rappeler que pour Jean Vilar la culture devait être un service public au même titre que l'air et l'eau.
Une troisième exposition commencera dans 48 heures, autour du travail de Christophe Raynaud de Lage, photographe du festival depuis 17 ans (son portrait à droite, par Guillaume Mussau). Je soupçonnais une forte émotion à revoir tant d’artistes que j’ai connus et avec qui j’ai pour certains travaillé. Mais les images choisies reflétaient plus l’art du photographe que l’atmosphère particulière des éditions du festival.
J’aurais dû anticiper sur la nature du sujet en m’attardant sur le titre, L’œil Présent. J’aurais eu moins de regret à ne voir aucune photo des années où moi-même je travaillais dans le Festival d’Avignon. J’ai cependant reconnu avec un plaisir immense les instantanés de moments magiques vécus ces dernières années.
Une fois passée un métaphorique voile de rideau de scène, le visiteur foule des pavés imaginaires et découvre le devant et l’arrière des décors.
Les photos sont sublimes, sur cela il n’y avait aucun doute, mais pourquoi avoir typographié des cartels difficiles à lire et positionnés de telle façon qu’on doive presque se mettre à genou pour se mettre à leur hauteur ?
Néanmoins le plaisir de reconnaitre des moments-clés de spectacles appréciés les années passées est intense, comme Mister Tambourine Man, au collège Anselme Mathieu (2021), Thyeste de Thomas Jolly dans la Cour d'honneur (2018) et bien sûr l'émouvant Macbeth Philosophe, mis en scène par Olivier Py à la Chartreuse avec des prisonniers du Montet (2019).
Sur un autre cliché on remarque que l'idée d'installer des cabanes (allusion au Moine Noir) dans la Cour d'honneur n'est pas nouvelle. La scénographie intègre des draps, des images annexes, des bandes-son, et même un regard de coulisses.
Car, et c'est Elliot Erwitt qui le recommandait : Il y a partout des photos à faire. Il s'agit simplement de remarquer les choses et de savoir les organiser. Il faut juste s'intéresser à ce qu'il y a autour de soi et se soucier l'humanité, de la comédie humaine.
Le théâtre prend corps. Comme le disait Claude Bricage, lui aussi grand photographe, la photographie de théâtre ose mettre en scène le théâtre lui-même, ce que le commissaire de l'exposition applique à la lettre. Admirable !
Enfin je recommande toujours l’exposition installée en plein air dans le jardin des Doms des trois compères Vilar-Casarès et Philipe. Elle se poursuit jusqu’à l’automne et c’est entrée libre. Voici ce que j’en écrivais en juillet 2021 : https://abrideabattue.blogspot.com/.../une-exposition...
Maison Jean Vilar
Place de l'Horloge - Montée Paul Puaux - 8 rue de Mons - 84000 Avignon
Le Festival 2022 est terminé mais la Maison est ouverte en août et les expositions continuent !
Du mardi au samedi de 14h à 18h.
Départ des visites guidées toutes les heures
La bibliothèque est fermée en août mais rouvrira le mardi 6 septembre.
Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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