J'avais tant été enthousiaste par Le Dernier Ogre que j'avais vu en juillet 2019 que je ne voulais pas manquer la nouvelle création de Marien Tillet qui signe texte, récit, mise en scène et musique de Deux Soeurs, toujours au 11 • Avignon.
On reste donc dans la combinaison théâtre-musique, mais avec un seul-en-scène faisant surgir plusieurs personnages dans une atmosphère qui oscille comme un pendule entre l’humour sympathoche et la tragédie horrible.
S’il existait et si j’en avais le pouvoir j’attribuerai un Molière du son à Laurent Le Gal qui fait en sorte que la voix de Marien parvienne à chacun comme s’il nous parlait en face à face, sans jamais hausser le ton plus qu’il ne convient. A bon entendeur salut ! (Comme le répète le comédien dans le spectacle)
Prodigieux d’intelligence et de subtilité, Marien a repris l’essentiel d’un de ses premiers spectacles "Après ce sera toi" pour écrire celui-ci qui justifierait à lui seul l’étrange nom de sa compagnie créée en 2012 en Ile-de-France, Le cri de l’Armoire.
1953 : fin novembre, dans le sud de l'Irlande, la jeune Aïleen O'Leary disparaît.60 ans plus tard, Marc, ethnologue spécialiste des hystéries collectives, retrouve son carnet intime. Il suspecte un lynchage et la résurgence de massacre de sorcières.
Il est complexe d'analyser le travail de Marien qui tient du conte, et des légendes urbaines, en accordant une place importante à l'univers des films d'horreur et en s'appuyant sur une bande musicale contemporaine aux accents évocateurs du folklore irlandais. Cette fois-ci il ajoute des séquences qui tiennent du stand-up et de la magie avec quelques effets spéciaux bien appropriés. Le résultat est historique, poétique, politique, philosophique et … néanmoins humoristique.
L'artiste le qualifie de thriller-enquête où s'enchâssent dans la peau d'un seul comédien (et vous remarquerez en comparant les deux photos que l'acteur ne ressemble pas tant que cela à l'homme), les témoignages des personnages de l'histoire. Il démontre que la folie et la peur vont de paire, qu'il est hasardeux de lire un journal intime et que le spectateur est lui aussi partie prenante de l'aventure en étant une sorcière comme les autres. A tel point que alors qu'il a dénoncé les spectateurs dont le portable s'allume inopinément une sonnerie résonnera dans les gradins au moment le plus tragique du spectacle.
Il utilise les ficelles du raccourci sensoriel (il vous expliquera le concept mieux que moi) pendant le spectacle pour croiser plusieurs histoires dans une temporalité évolutive et captiver un public qui ne considérera plus la moindre petite araignée sous le même œil.
Si je devais parler de ce spectacle à un groupe potentiel de spectateurs je me risquerais à une percée conversationnelle s’appuyant sur les 99, 99 % qui auraient fait une standing ovation si les ouvreurs du théâtre ne les avaient pas priés de faire place aux suivants. A force de rire toutes les cinq minutes (statistique approximative, j’en conviens) on retarde l’artiste de 10 secondes à chaque fois et au final … ça a débordé.
Donc il n’y aura pas de chronique sur le spectacle avec lequel je devais enchainer, Les galets au tilleul, puisque je ne pourrai pas les replacer dans mon planning mais "on" m’a dit que c’est très-très-bien.
Deux sœurs de, mis en scène et interprété par Marien Tillet
Scéno-lumières : Samuel Poncet
Dispositif sonore : P-A Vernette
Régie son : Laurent Le Gall
Spectacle vu le Mercredi 13 juillet 2022 au 11 Avignon. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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