La journée du 7 juillet s'achève avec Belles de scène à 21 h 10, une pièce de Jeffrey Hatcher qualifiée de "géniale", dans la mise en scène autant réussie que la scénographie de Stéphane Cottin.
Avec une bande de beaux et de belles formidables que sont Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Emma Gamet, Vincent Heden, Jean-Pierre Malignon et Sophie Telier.
L'action se situe à Londres en 1661. Edouard Kynaston (Vincent Heden), comédien et "homme" de son état, est l'interprète incontesté des grandes héroïnes de Shakespeare et excelle notamment en Desdémone. Il est également la coqueluche du Tout Londres célébré par les journalistes comme Samuel Pepys (Patrick Chayriguès), et l'amant secret du très puissant Duc de Buckingham (Stéphane Cottin).Sa suprématie s'écroule le jour où Maria (Emma Gamet), son habilleuse, joue Desdémone dans un théâtre rival dans la plus flagrante illégalité ; non pas qu'elle soit meilleure, loin de là, mais le Roi Charles II (Jean-Pierre Malignon) sous l'influence de sa maîtresse, elle-même aspirante comédienne (Sophie Tellier) décide non seulement de rétablir le droit pour les femmes de jouer au théâtre mais également d'interdire aux hommes d’interpréter les rôles féminins, réduisant au chômage bon nombre de comédiens du moment. Artisan involontaire de sa propre perte (il s'est sans le savoir attiré les foudres de la maîtresse du Roi) Kynaston est humilié, molesté et projeté dans une déchéance totale, perdant à la fois son métier, son amant, ses appuis, ses repères et jusqu'à son identité.Amené par la suite à diriger celle par qui le malheur est arrivé, il enseigne à Maria l'art de jouer une "vraie" femme et découvre chemin faisant comment jouer lui-même un homme.
Les costumes sont sublimes, le propos est passionnant puisqu’on découvre que la France fut féministe avant l’Angleterre qui, en 1661, interdisait purement et simplement aux femmes de jouer un rôle de femme (et a fortiori d’homme). Bref les femmes n’avaient pas droit à la scène.
La pièce est féministe, comment pourrait-il en être autrement ? Mais elle ne condamne pas les comédiens qui "ravissaient" leurs rôles aux femmes. On comprend qu'eux-mêmes ont été victimes d'un système les contraignant à adopter les postures féminines pour incarner des femmes en jouant de l'ambiguïté.
Quand celles-ci recouvrèrent la place qui leur était due, les comédiens perdirent la leur et se trouvèrent fort démunis, devant en quelque sorte réapprendre leur métier pour se glisser dans un rôle masculin. Vincent Heden joue à la perfection cette partition de la défaite et les conséquences, notamment le rejet de son amant Buckingham.
C’est instructif, savoureux, truculent, forcément captivant et ça se termine à l’anglaise, c’est-à-dire avec un seul salut ! Alors on ne les rappelle pas mais le coeur y est. Bravo ! Succès évident assuré !
Belles de scène, d'après Complete Female Stage Beauty de Jeffrey Hatcher
Adaptation de : Agnès Boury, Vincent Heden, Stéphane Cottin
Mise en scène et scénographie : Stéphane Cottin
Mise en scène et scénographie : Stéphane Cottin
Avec Patrick Chayriguès Stéphane Cottin Emma Gamet Vincent Heden Jean-Pierre Malignon Sophie Tellier
Lumière : Moïse Hill et Musique : Cyril Giroux
Costumes : Chouchane Abello Tcherpachian
Spectacle vu le Jeudi 7 juillet 2022 aux Gémeaux. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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