Puisqu’il y a eu des loupés dans les réservations faites par certains théâtres j’ai pu grappiller un peu de temps libre et aller voir un spectacle que je n’avais pas pu programmer, ni l’an dernier (il passait alors aux Gémeaux), ni cette année,
Camus-Casarès, une géographie amoureuse s'est déplacé de quelques mètres pour s'installer, à 17 heures dans le Jardin de Fogasses, 37 rue des Fourbisseurs (p. 441 du programme, rubrique autre lieux») dans la mise en scène de Elisabeth Chailloux.
Pour un peu on se croirait dans un des jardins accueillant le Festival d'Avignon IF (dont je vous parlerai le 13 juillet). Le plaisir d’être en plein air et quasi à l’ombre aurait été total si le mistral n’avait pas tant soufflé, jusqu’à faire tomber des branchettes sur ma tête.
Je rends hommage aux comédiens d’avoir joué comme si de rien n’était, et sans micro. Jean-Marie Galey restitue le côté dépressif de Camus que rien n’apaise, même pas la remise du Prix Nobel. Teresa Ovidio incarne cette amoureuse éternelle et passionnée que fut Maria Casarès, acceptant le rôle d'amante qui ne sera jamais l'épouse.
Tous les deux ont effectué un énorme travail de documentation pour nous restituer une histoire d'amour d'une intensité exceptionnelle. Peut-on imaginer aujourd'hui échanger 865 lettres ? Les deux amoureux auraient d'ailleurs battu ce record si la mort n'avait fauché Albert Camus dans un accident de la route, en 1960, juste après avoir posté une lettre dont il ne se doutait pas qu'elle était la dernière.
Les deux comédiens ont retenu presque 200 missives. Ils ont ajouté des passages des Carnets de Camus. Le résultat est un spectacle qui n'a rien d'une "lecture", et dont Elisabeth Chailloux a remis la mise en scène pour la rendre cohérente avec le nouveau cadre, ce qui est formidablement réussi.
Le décor naturel est exactement ce qui convient. Avec un escalier métaphorique idéale des aller-retour de l'un comme de l'autre. Quelques objets symboliques de la période 44-60 rappellent que nous effectuons un voyage dans un passé encore marqué par la Seconde Guerre mondiale où la TSF annonçaient bonnes et mauvaise nouvelles, souvent en langage codé. Quel contraste au demeurant avec le conflit russo-ukrainien que nous vivons en ce moment !
Au-delà d'une réflexion sur la permanence de l'amour fou, nous sommes amenés à nous interroger sur les rêves de monde meilleur.
Jolie et douce idée que de terminer avec la chanson de Fabienne Thibault rappelant la mémoire de Gérard Philipe, le prince avignonnais. Ne manquez surtout pas ensuite l’exposition consacrée à ces deux mythes Philipe-Casarès à la Maison Jean Vilar.
Spectacle vu le Jeudi 7 juillet 2022 dans le Jardin de Fogasses. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
Reprise parisienne à la Scala-Paris du 6 au 29 janvier 2023 (relâche le 20 janvier).
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