"Toi, tu ne t‘intéresses pas à l’humour", avait regretté à peu près en ces termes, mais avec le sourire, un attaché de presse, l’autre jour.
"Mais non. J’adore par exemple … " (je ne vais pas faire de jaloux et ne citerai personne). C’est que j’aime particulièrement que l’humour soit une arme pour dénoncer des travers sociétaux, … et secouer les consciences.
Mes choix de spectacles dans le Festival Off sont dictés par plusieurs critères mais je laisse toujours quelques portes ouvertes à l’inattendu pourvu que je devine la qualité et du potentiel derrière la proposition artistique.
Je n’aurais malgré tout sans doute pas découvert Le Life-Up de Catoch' si elle ne m’avait pas elle-même persuadée que j’étais susceptible d’apprécier son humour. Comme elle a eu raison ! Je confesse que son Stand-Up est réjouissant à plus d’un titre. Il aura été ma (dernière) heureuse surprise, quelques heures avant de quitter Avignon.
J’avais gardé de mon séjour en Alsace un souvenir mitigé. L’entendre a réactivé les bons moments. Catherine Sandner, Catele pour les intimes, a un sens de la dérision qui renvoie dos à dos les gens de l’intérieur (en particulier les parisiens) et ceux qui vivent au-delà de la ligne bleue des Vosges.
Ce spectacle est un vrai encouragement à la curiosité qui est, somme toute, la qualité essentielle du festivalier. Elle ferait un houblon dans toutes les salles françaises, … pardon un tabac.
Avec l’accent, en tenue folklorique et sous des lumières stroboscopiques, elle déverse des flots de bonne humeur et d’énergie sur un public qui ressort positif à l’alsattitude.
Amateurs d’humour ne la manquez pas. Vous la reconnaîtrez facilement à son immense noeud dans les cheveux. Elle vous convaincra de la suivre aussi sûrement que le joueur de flûte de Hamelin. Son talent, c’est pas du pipeau.
J’avais gardé de mon séjour en Alsace un souvenir mitigé. L’entendre a réactivé les bons moments. Catherine Sandner, Catele pour les intimes, a un sens de la dérision qui renvoie dos à dos les gens de l’intérieur (en particulier les parisiens) et ceux qui vivent au-delà de la ligne bleue des Vosges.
Ce spectacle est un vrai encouragement à la curiosité qui est, somme toute, la qualité essentielle du festivalier. Elle ferait un houblon dans toutes les salles françaises, … pardon un tabac.
Avec l’accent, en tenue folklorique et sous des lumières stroboscopiques, elle déverse des flots de bonne humeur et d’énergie sur un public qui ressort positif à l’alsattitude.
Amateurs d’humour ne la manquez pas. Vous la reconnaîtrez facilement à son immense noeud dans les cheveux. Elle vous convaincra de la suivre aussi sûrement que le joueur de flûte de Hamelin. Son talent, c’est pas du pipeau.
Cet article est le dernier de mes compte-rendus avignonnais (et il en aura eu 70) alors il peut être plus long que les autres. Cliquez sur le lien pour le lire, découvrir les photos et … en apprendre davantage sur cette région particulière. Bien sûr je ne vais pas tout vous raconter …
A l’inverse des mexicaines d’origine indienne (et j’en ai vues beaucoup), qui portent en toutes circonstances le costume traditionnel, brodé de mille fleurs, les alsaciennes (sauf cette artiste) ne se baladent pas toute la journée avec un noeud sur la tête. Si le tablier n’appartenait pas à la tenue folklorique, les choses auraient peut-être été différentes et ces femmes continueraient à vaquer à leurs occupations en jupe longue, et blouse blanche sans y voir une insulte à leurs opinions féministes.
Catoch porte le costume alsacien, et après tout cela fait couleur locale. On sait tout de suite à qui on a affaire. Maman aurait tant aimé la voir, elle qui adorait sa poupée alsacienne (même si la sienne avait une jupe rayée rouge et blanc, et que sa coiffe était noire). D’ailleurs je me souviens d’une photo très ancienne de ma mère, en tenue alsacienne, posant devant le mur de la maison … en Bourgogne. Cela ne m’avait pas surprise, je me demande bien pourquoi puisque mes grands-parents détestaient tout ce qui pouvait rappeler de près ou de loin le cauchemar boche. A moins que, justement, ma mère ne le portait que pour signifier la joie de son père de n’avoir pas fait la guerre "pour rien" puisque la province était redevenue française.
Ce n’est pas mon histoire familiale que je veux vous raconter mais celle de Catoch (pour les intimes) car elle s’appelle Catherine Sandner. Son spectacle commence par une musique entraînante, que j’avais déjà entendue quelque part, sans doute au cours de mon séjour dans sa contrée puisque j'ai moi-même vécu trois ans en Alsace.
Son accroche est en dialecte, on s’y était préparé. On lui répond poliment que oui ça va bien. La dame ne va pas se contenter d’un timide encouragement. Nous sommes 15 mais elle veut qu’on se déchaîne comme 15 000. Et ça marche. On lui obéit au doigt et à l’œil. Çà continuera à ce niveau jusqu’au bout. Et qu’on soit du pays ou qu’on ne connaisse rien à l’Alsace avant de venir, on repartira tout à l’heure avec un diplôme d’alsattitude.
Elle s’exprime avec l’accent, mais j’en ai entendu de plus rêche. Elle ne sait pas parler doucement. Reconnaissons-le, elle gueule, mais elle a l'excuse d'être née avec un mégaphone dans la gorge. Et surtout notre Jane Birkin de l'Est le fait par amour.
Elle nous souhaite la bienvenue dans cette contrée exotique qui s’est développée à l’Est autour du Kristkindelsmärik, littéralement marché de l’enfant Jésus … (ça c’est moi qui l’ajoute parce que, pour ne pas nous perdre, elle parle simplement du marché de Noël) de Strasbourg et qui existait avant que ne se répande la mode de ce type de festivité (depuis 1570 à Strasbourg).
Cette évocation ravive pour moi des odeurs de cannelle et de chocolat, d’anis et de gingembre. Des images de manele, bredele, zimtstene et autres pâtisseries que j’ai découvertes quand j’ai habité là-bas, bien avant que le concept de marché de Noël n’ait été exporté et se soit démocratisé dans le moindre village de notre si jolie France.
Menele, petit homme, Bredele, petit four. Elle avoue son surnom, Catele, petite Catherine, Spatzele, une forme de pâte qu’on adore à l’Est, et qui signifie petit zizi. En Alsace, les diminutifs sont des rallonges. Et ce n’est pas la seule incongruité. On apprendra plus tard que, sur la carte, le Bas-Rhin est en haut, et le Haut-Rhin en bas. Logique alsacienne respectant le cours du Rhin.
Je ne vous ai pas dit, et Catoch non plus je crois, que l’intérieur, c’est le territoire français qui s’étend de la pointe du Finistère jusqu’à la ligne bleue des Vosges. Au delà, à l’Est, c’est … l’Alsace, dont les habitants ne disent jamais qu’ils vivent à l’extérieur. Mais ils ne perdent pas une occasion de nous rappeler, par exemple quand on s’étonne que le Vendredi Saint et le 26 décembre soient fériés depuis 1905, ou que les boulangeries soient fermées le dimanche (mais il me semble que l’interdiction provenant de la loi allemande a été abrogée en 2015), ou encore que la Sécurité sociale rembourse les consultations à 90% (contre 70% ailleurs) et les médicaments à vignette bleue 80% (contre 35% ailleurs) … que si on ne le sait pas c’est bien sûr parce qu’on que nous, nous venons de l’intérieur.
L’Alsace est son Heimat, son pays d’enfance. Elle l’aime, sans en être d’une fierté inconditionnelle. Elle reconnait la difficulté à lire les panneaux d’entrée des villages dont les noms qu’ont plus de lettres qu’il y en a dans l’alphabet et qu'il ne faut pas confondre avec des codes Wifi.
Elle règle son compte aux cigognes (elle se lancera plus tard dans une diatribe contre les pigeons parisiens). Rapport au boucan de leurs cris, au poids de leurs nids, et à l’odeur de leurs déjections. Elle pulvérise le mythe du bébé qu’elles apporteraient, accroché à leur long bec. Elles se trompent si souvent d’adresse !
Il n'en restait que deux couples dans les années 80. On se réjouit tout de même que l’espèce ne soit plus en voie de disparition car que seraient les villages alsaciens sans ces oiseaux ? Elles sont un élément emblématique du folklore. Mais sachez que la région n’en a pas du tout l’exclusivité. J’en vois des dizaines et des dizaines avant d’arriver sur Oléron. Ont-elles été déboussolées pour se risquer ainsi à l’intérieur ?
Quant à nous, il serait temps qu’on lâche nos préjugés sur les célébrités alsaciennes. Elles s’appellent Claudio Capeo, Sébastien Loeb, Auguste Bartholdi, et même Tom Cruise qui a un huitième de sang alsacien dans ses veines, et Obama aussi … un peu.
J’ajouterais le "bourguignon" Guy Roux et "l’anglaise" Marie Tussaud. Et puis le Mime Marceau … qu’on ne pouvait pas reconnaître sur scène à son accent.
A propos de l’accent elle nous fait remarquer que Mat Pokora a perdu le sien et que les cinq miss France ne l’ont jamais eu. Parce que, pour se faire accepter des parisiens, on s’inscrit aux AA, les Alsaciens Anonymes. Pendant cent ans l’Allemagne et la France se sont disputés le terrain. Alors beaucoup gomment ce qui évoque le germanisme dès leur arrivée à l’intérieur.
La dame affiche un fort caractère. C’est pas parce qu’on est blonde qu’on est une espèce de quetsche, lance-t-elle avant de tourner sous des lumières stroboscopiques entre deux gorgées de bière.
Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ne se censure pas quand elle évoque son père cardinal la vertu, sa mère dépressive, ses souvenirs télévisuels avec Christine Bravo, laquelle s'était donné pour objectif de la "démémériser". Ou encore quand elle raconte son mariage avec un turc.
Tout le monde en prend pour son grade, et les parisiens aussi qui ont l'audace de servir 25 cl de bière quand on leur commande un demi. Et qui osent présenter la Flammekueche au tofu comme si c’était une recette régionale.
Elle ne vous laissera pas repartir sans vous passer à la question.
Elle est spontanée, grande gueule, avec un tempérament de marseillaise, logique puisque l’hymne national a été composé à Strasbourg par Rouget de l’Isle. Je vous le garantis. Si vous avez un ronchon dans votre entourage elle le guérira illico presto.
Je ne vous ai pas tout dit, loin de là. Hopla. Salu bisame.
Mise en scène : Nathalie Vrd
Reprise parisienne du spectacle au Paris de l’Humour 8 rue Pradier 75019 les samedis à 18 h 30
Spectacle vu le Mardi 19 juillet 2022 au Théâtre Les Etoiles. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
Spectacle vu le Mardi 19 juillet 2022 au Théâtre Les Etoiles. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
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