Depuis le temps que je cite ce festival si particulier, il fallait bien que j’y aille, ou plutôt y retourne car Antigone était jouée dans Les Jardins de Baracane, la si jolie maison d’hôtes tenue par Laurence Belvisi et son mari Olivier, et que j’avais découverte en 2019.
Le If existe depuis presque 10 ans, né de la volonté poétique (je pourrais dire politique) de Frédéric Tort, qui n’est pas seulement avocat au barreau (je lui recommande le spectacle de Pierrette Dupoyet qui joue vraiment au coin de sa rue) mais aussi avocat de la cause théâtrale.
Avec Stéphane Pellet il gagne le pari de faire vivre un festival dans une ville qui est le "théâtre de leur enfance". Mais rien n'est jamais acquis et il s'agit maintenant de garantir une pérennité grâce à l’action de son équipe, mais également des soutiens historiques de la manifestation et des citoyens-mécènes (comment les appeler autrement ?).
En effet, le projet a été fondé dès l’origine sur la tradition d’hospitalité chère aux hôtes avignonnais, propriétaires de lieux d’exception, qui invitent des spectateurs-amis chez eux pour un moment d’échanges et de partage autour d’artistes souhaitant présenter une création en devenir. Et cela sans aucun flux financier, taxes ou billetterie.
C’est là qu’il aurait fallu (aussi) conduire Madame Rima Abdul Malak ! Et quand j'écrivais sur les réseaux sociaux qu'il restait quelques jours pour faire signe à l'ancienne ministre de la Culture, Françoise Nyssen, qui est désormais présidente de l'association de gestion du Festival d'Avignon. (Je ne croyais pas si bien dire puisque quelques jours plus tard … elle s'y rendait).
Après une pause forcée en 2021 (car malgré le contexte sanitaire, il aura été la seule manifestation à s’être tenue en Avignon à l’été 2020), le If revient donc avec quatre propositions. Et en particulier une soirée conçue spécialement pour cette édition par Bénédicte Bosc (photo ci-contre) qui est celle qui aura été la déclencheuse du If.
Vous imaginez l’émotion ! Elle interprète Antigone sous le soleil de midi avec l’accompagnement de la percussionniste Sophia Martin qui, avec son zarb, est capable de faire surgir un cheval au galop dans ce si joli jardin (dont vous pourrez admirer les photos en fin de publication).
Une femme entre et s’adresse au public. Peu à peu, elle revêt son costume et raconte l’histoire d’Antigone dans un récit épique et sensible accompagnée par le tambour.
On sait bien que la jalousie peut se transformer en guerre. L’Europe est la Thèbes moderne. La petite Antigone à la famille disloquée interrogera sans baisser la tête.
Elle demeure un modèle pour qui se demande si le respect des lois doit primer sur les questions humaines. Qu’est-ce que "gagner" ?
Son père, Créon, cherche les réponses dans les lois. Mais il n'en trouvera aucune pour lui dicter sa conduite. Antigone investigue en elle. Et nous-mêmes ne pouvons que faire des rapprochements avec l'histoire contemporaine. Il est si tentant de voir dans la pandémie Covid une métaphore de la peste qui a envahi Thèbes.
L'auteure interroge sur le présent en revisitant le mythe. Et nous alerte. Pourquoi parle-t-on toujours de guerres en employant le pluriel alors que la paix est toujours invoquée au singulier ?
L’interprétation de Bénédicte est sensible et juste. Avec ce qu'il faut d'émotion lorsque son personnage accepte d'être enterrée vivante pour avoir voulu donner une sépulture à son frère Polynice.
Elle a l’habitude d’emporter ce spectacle dans les lycées alors ce n’est pas le public de ce soir qui allait la distraire de sa mission d’alerte. Et si je vous dis que c’est Pamela Ravassard qui en a assuré le regard extérieur vous serez tenté de me jalouser.
Mais rassurez-vous, sa dernière mise en scène, celle de Courgette, est ouverte à tous aux Béliers à 10 heures.
Mise en scène et Interprétation Bénédicte Bosc
Regard extérieur Pamela Ravassard
Musique de Sophia Martin
Compagnie Aedesia
Spectacle vu le Mardi 12 juillet 2022 dans Les Jardins de Baracane. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
Les Jardins de Baracane est une maison d'hôtes de charme avec 5 chambres, jardin, piscine au cœur du centre historique d'Avignon.
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