Plusieurs Marguerite Duras sont programmés au Petit Louvre où William Mesguich a mis en scène La vie matérielle, spectacle soutenu à juste titre par l’Adami.
Sous-titré "Marguerite Duras parle à Jérôme Beaujour", La Vie matérielle est un recueil de textes publié en 1987. Cette confession d'un auteur majeur à l'apogée de son oeuvre nous offre le privilège d'accompagner l'écrivaine dans les coulisses de son oeuvre et de sa vie quotidienne.
Alors âgée de soixante-dix ans, elle passe en revue son enfance en Indochine jusqu'à la consécration de L'Amant, et la rencontre déterminante avec Yann Andréa et avec quelques personnalités marquantes.
Accordés au journaliste et retravaillés par la suite, ils nous font voyager entre l'Indochine, son appartement de la rue Saint-Benoit à Paris, Neauphle-le-Château, l'hôtel des Roches noires de Trouville… Ces entretiens sont l'occasion pour l'écrivaine d'aborder sans tabou tous ses sujets de prédilection, sa vie amoureuse et sexuelle, l'ivresse alcoolique … Et si on l'a voit boire dans le spectacle, ce n'est pas dans l'excès. Elle qui nous confie : On ne peut pas boire sans penser qu'on se tue.
Elle donne, à travers cette cinquantaine de textes qui mêlent autobiographie, confidences et conceptions littéraires, sa conception des rôles de la femme (la mère, l'amante, la femme au foyer), et bien sûr aborde ses films, son rapport à l'injustice, à la célébrité...
Comme le titre le sous-entend, nous sommes surtout immergés dans le quotidien de celle qui fut une star en son temps, en plus d’être une immense auteure. On découvre que la propreté représentait pour elle une sorte de superstition. Elle se confie sur l’arithmétique pessimiste régissant la gestion d’une maison pour y survivre. Elle dit précisément "pour y durer", s’est-elle rendu compte de la proximité avec son nom ?
Ma vie est un film doublé mal monté. Nombre de confidences sont intimes et courageuses. Certaines sont amusantes : Les hommes aiment les femmes qui écrivent. La comédienne en fait quelques autres en se glissant un instant parmi les spectateurs.
Ne la copiez pas quand elle avoue n’être jamais à l’heure pour les repas, le cinéma et surtout le théâtre ! Les musiques arrivent à point nommé pour évoquer India Song ou le magnifique souvenir de Barbara à travers Sa plus belle histoire d'amour.
Marguerite pouvait être philosophe et s’exprimer avec une sincérité touchante à propos de tout. J'écris sur les autres pour écrire sur moi-même. Ecrire c’est le contraire de raconter des histoires. On comprend à travers son humour pétillant si bien rendu par Catherine Artigala combien c’est un engagement pour elle … mais aussi pour nous qui l’entendons, et qui la (re)lirons.
La vie matérielle de Marguerite Duras
Adaptation de Michel Monnereau
Mise en scène et lumières de William Mesguich
Avec Catherine Artigala
Costume de Sonia Bosc
Création sonore de Matthieu Rolin
Reprise parisienne à la Manufacture des Abbesses, Paris 75018
Du 12 octobre au 3 décembre 2022
Du mercredi au samedi à 19h
Spectacle vu le Dimanche 10 juillet 2022 au Petit Louvre. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire