Restons au Buffon après Acquittez-la pour un autre spectacle exemplaire (et très drôle au demeurant) avec Vole, Eddie, vole, encore une fois inspiré de faits réels.
La morale est délivrée dans les premières secondes du spectacle : les derniers seront les premiers. Ceci posé, la démonstration peut commencer.
C'est l'histoire d'un garçon qui découvre que la seule catégorie où le Royaume-Uni n'était pas représenté aux JO c’était le saut à ski. Alors, il s'est entraîné seul... sans argent, sans coach sans rien à part son obstination...
Réussira-t-il à monter sur le podium de Calgary ? Ce n’est pas la seule question à laquelle répondent les trois comédiens qui interprètent une myriade de personnages, dont bien sûr Eddie, tellement vrai qu’il a reçu la bénédiction du sportif en question, Michaël Edwards.
Sa naissance ne fut pas facile. Très gros bébé, il est surnommé Bibendum et il s'avère être un enfant maladroit. Une vraie catastrophe ambulante en raison d'un penchant immodéré pour le danger. ll voit le monde comme une immense salle de jeux. Il ose faire le rêve insensé de devenir champion olympique aux Jeux d’hiver au lieu de satisfaire le voeu de son père de faire comme lui une carrière de plâtrier.
L'hiver, il coupe le chauffage et dort fenêtres grandes ouvertes pour s'endurcir au froid. Il s'entraine par tous les moyens possibles. Bien entendu il cumule les soucis. Son genou est endommagé par une infection. Qu'à cela ne tienne; il deviendra Monsieur Propre pour gagner de l'argent avec le slogan je pense donc je skie.
La famille s'oppose et le ton monte. Mais, fidèle à son devise, ne jamais abandonner, le jeune homme poursuit sa route alors que les Beatles traversent la rue et chantent sur l'écran de télévision. Il se challenge en permanence, dévalant une piste noire après la fermeture. Il va finir par se rompre les os à ce rythme là.
Le décor, plutôt simple, est évolutif et s'adapte à chaque séquence. Un compteur affiche le nombre de jours qui sépare l'ouverture des Jeux. Une certaine fébrilité est perceptible. Il changera de discipline, expédiera dix ans d'entraînement en trois heures, recyclera du matériel de récupération. Rien ne l'arrête : The sky is the limit.
Arrivé presque au but il apprend qu'on va lui interdire l'accès pour raison de sécurité. Mais il est soutenu par un fan-club dont le nombre des membres croit exponentiellement. Que peut-on refuser à quelqu'un qui a 80 000 admirateurs ? Il est le chouchou de tout le monde, et pourtant il n'affiche pas les meilleurs résultats. Il ne gagnera pas de médaille olympique à Calgary en 1988, mais Pierre de Coubertin n'a-t-il âs dit que l'essentiel est de participer ?
De nouvelles règles lui bloqueront l'accès aux jeux suivants. Mais c'est lui qui portera la flamme olympique à Vancouver en 2010.
Vous le verrez à la fin s’adresser au public sur le poste de télévision et confirmer qu'il faut croire en ses rêves et forcer le destin. Comment voulez-vous que ce ne soit pas un succès ? Je vous aurai prévenus. Foncez sans réfléchir davantage car cette comédie qui tire les larmes frôle le "complet".
Ce spectacle est proche de Je ne cours pas, je vole de Elodie Menant, créé en juillet 2021, toujours programmé cette année au Roi René, en raison du titre (un hasard), du thème et aussi du coup de projecteur placé sur des athlètes qui, au départ, ne semblaient pas capables de franchir les obstacles et qui deviennent des modèles d’encouragement. Mais le traitement est différent et vous pouvez noter les deux sur votre planning. Plaisir garanti.
Vole, Eddie, vole ! de Léonard Prain (Texte édité à l’Avant-Scène théâtre)
Mise en scène Sophie Accard
Avec Benjamin Lhommas, Sophie Accard et Léonard Prain
Spectacle vu le Mardi 12 juillet 2022 au Buffon. Article rédigé après mon retour, à partir de mes notes et des publications faites chaque jour sur la page Facebook À bride abattue, rendant compte des spectacles vus la veille, aussi bien dans le In, que le Off ou le If. Les meilleures photos de la journée étaient publiées sur mon compte Facebook Marie-Claire Poirier peu après dans la matinée.
Première photo DR.
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