Pour finir je voudrais dire quelques mots de Josef Josef dont le concert est programmé à 21 h 50 au Théâtre du Roi René et qui est un excellent choix pour clôturer une journée de festival comme je l’ai fait samedi denier.
Josef Josef fait référence à une chanson yiddish écrite par Nellie Casman en 1923 : Yossel Yossel... Lorsque le père d’Eric Slabiak entendait cet air-là, son visage s’illuminait parce que c’était une de ses chansons préférées.Voilà pourquoi il a choisi de nommer ainsi son nouveau groupe.
Il assure le violon et le chant et s’est entouré de Frank Anastasio, Guitare & chant, Dario Ivkovic, Accordéon, Rémi Sanna, Batterie et Jérôme Arrighi, Basse, qui sont tous des musiciens ayant joué avec les plus grands chanteurs de notre temps. Le groupe aura donné le meilleur de lui-même avec presque une vingtaine de morceaux qui ont tous réjouit le public de ce soir.
Chacun des cinq musiciens occupe chacun dans un cercle de lumière. Le violon commence. L’air est familier. C’est Opinka Hora de Mana. L’accordéon et la guitare prennent la suite avant que la batterie et que la basse ne s’y mettent. On se retient de danser. On imagine et c’est déjà très bien. Les musiciens ralentissent puis le violon reprend et j’entends les premiers claquements de mains, encore discrets. Si on dansait, la tête nous tournerait.
Éric Slabiak exprime sa joie de retrouver le public à qui il dédie la prochaine chanson, A Glezele Lekhayn en levant symboliquement un petit verre à la vie pour célébrer le retour de la lumière. Le groupe enchaîne avec Unter Dayne Vayse Shtern … sous les étoiles blanches, mes larmes coulent dans ta main. Le texte a été écrit en 1943 dans le ghetto de Vilno. L’accordéon résonne en notes cristallines mais on est davantage dans la mélancolie et si l’on voulait danser ce serait une valse.
Les lumières deviennent orangées et le rythme s’affole soudain. C’est une course avec un mélange de joie et de gravité, propre au tempérament tzigane. Les instruments dialoguent entre eux et la musique est entraînante car bien sûr il n’est pas question de céder à la mélancolie.
On dit en yiddish qu’une femme est Belle comme la lune, Sheyn Vi Di Levone. On pourrait aussi dire d’une autre qu’elle est aussi moche que la nuit car on peut tout dire dans cette langue. C’est une chanson de séducteur qui alterne les parties chantées et morceaux joués.
Voilà Hora Lui Buca où l’accordéon impose une nouvelle fois le tempo avant que le violon ne reprenne l’ascendant. Frank Anastasio annonce ensuite Sila Kale Bal qui est une chanson des tziganes de Serbie. Je suis fou d’amour pour elle, chante-t-il de sa voix profonde alors que la batterie se fait caressante.
Vos is gevein, autrement dit ce qui est passé est passé et n’est plus. L’ambiance est plus grave, alors que résonnent les tambours. C’est la philosophie de vie tzigane. On remet vite la sauce avec Balkanski Colek qui est une vraie cavalcade.
Eric raconte alors l’histoire d’un veau, ligoté à une charrette que son propriétaire mène à l’abattoir. Tu pleures ? lui demande-t-il. Si tu étais né hirondelle, tu aurais pu voler au-dessus de nos têtes. Mais ainsi va la vie, tu es né veau et moi, pour gagner ma vie, je dois te vendre. C’est la vision de la fatalité et Das Kelb est très connu. Il a été chanté par Claude François en 1964 en français sous le titre Donna, donna. Eric Slabiak se doute que nous connaissons l’air et dirige la plus belle chorale yiddish du festival malgré nos masques qui nous font chanter en sourdine.
Ani Mei Si Tinerlea nous entraîne dans une fête de village. Avec Calusul la virtuosité du violon est époustouflante et on a envie taper du pied sur un plancher. Les autres musiciens ne sont pas en reste. Chacun compte double.
Nous sommes de nouveau entraînés à taper dans les mains avec O’Djila qui témoigne d’une belle connivence entre eux. Sirba Dili grimpe en un ultra crescendo ponctué de cris. Le public réclame le rappel.
Ils ne sont plus que trois pour interpréter Dobri Dien Romale, un champ tsigane de Russie, qui est une mise en garde : n’oublie pas l’endroit d’où tu viens, n’oublie pas qui tu es.
Il y aura aussi à la toute fin Sanie cu zurgale, qui lui aussi a été composé par Richard Stein (en 1937) qu’Edith Piaf enregistra en 1953 sous le titre Johnny tu n'es pas un ange sur des paroles de Francis Lemarque. Certes ce ne sont que des garçons, une moitié de parité, comme ils se présentent mais on aime ce Josef Josef mais on les aime sans réserve.
Article extrait d’une publication intitulée "Avignon Thelonius et Lola, Josef Josef et les spectacles vus le 19 juillet aux Halles, à la Chartreuse et à la Luna".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire