On me prévient que No Way Veronica sera une vision d’horreur et ça commence par un éclat de rire. Non, deux. En fait trois. Oh et puis quatre. Me serais-je trompée de salle ?
Le spectacle, né en 2003, n’a cessé d’évoluer jusqu’à cette version très rock et ultra jouissive avec une actrice (époustouflante Isabelle Ronayette) qui joue les voix de 9 hommes (une femme et un manchot), et qui danse divinement, un acteur (Jean-Christophe Quenon) qui dit les didascalies avec la voix d’une bande-annonce hollywoodienne, un troisième (Philippe Lardaud) qui assure les bruitages en direct et un guitariste, compositeur et interprète pop-rock (Hervé Rigaud). Tous les quatre portent les costumes créés pour la circonstance par Pauline Pô.
Véronica est une vampe nymphomane, qui refuse de jouer l’arlésienne. A peine est-elle chassée qu’elle revient avec une obstination sans limite et sous une autre forme pour mettre à exécution son projet de séduire les scientifiques vivants en vase clos dans ce bout du monde.
Cette comédie misogyne (c’est ainsi que la troupe la caractérise) est une réflexion ironique sur le genre et la sexualité dans les images de film. Écrit à la fin des années 80, en pleines années sida, No way Veronica résonne aujourd’hui encore alors que les luttes homosexuelles contre la domination de l’hétéro–normalité voisinent avec les luttes féministes contre le patriarcat.
Sur le plan esthétique, on assiste à un concert amplifié, où se fabriquent en direct des images sonores qui renvoient à des images visuelles absentes. Les musiques sont de David Jisse et la sonographie de Christophe Hauser. On rêverait d’une fête d’anniversaire comme celle qui se déroule sur scène et la séquence de la douche entraine le public à battre des mains. Je comprends que Veronica tente par tous les moyens possibles de s’imposer sur la base météo Sub Antarctique qui s’est implantée au 11, boulevard Raspail.
Le quatuor dégage une énergie de folie et on les suivrait volontiers jusqu’au bout de la nuit.
Article extrait d’une publication intitulée « Avignon le 10 juillet à l’Atelier 44, au 11 et à la Conditions des Soies ».
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