Elliot Jenicot commence dans un fauteuil de velours chocolat, le dos calé contre un coussin rouge, assis sous un œillet ou une rose rouge qu’il n’utilisera d’ailleurs jamais.
Il a choisi une chanson de Mireille Mathieu pour lancer son spectacle parce qu’elle lui donne foi en lui.
Je me suis fait tout seul et je me suis raté. Je me faisais mal en croyant bien faire. Le voilà maintenant debout sur le vaste plateau.
Les rires sont immédiats non pas tant en raison des jeux de mots mais de l’espèce de candeur naïve de l’homme et de la tendresse qu’il dégage, suscitant l’empathie. On a envie de le prendre dans nos bras, de nous attabler avec lui pour boire un verre.
On met un moment à reconnaître le texte de Raymond Devos qui pourtant est joué à la lettre près. Quelle prouesse de faire oublier l’humoriste en costume bleu, son phrasé particulier et ses instruments de musique. Elliot Jenicot démontre qu’un bon texte peut connaître plusieurs interprètes, pourvu que ceux-ci soient à la hauteur.
Il restitue à merveille toutes les voix qu’il a dans la tête. Plus tard Il imitera celle du metteur en scène et deviendra un labrador aux aguets dans le célèbre sketch du chien. Il fait aussi bien celui qui ne fait rien. Mine de rien, ce n’est pas si simple d’être successivement mime et ventriloque. Son aisance corporelle est un atout supplémentaire. On n’a pas de mal à suivre, quel que soit le registre, franchement drôle ou tragique, absurde ou surréaliste.
Combien de temps les artistes se tiendront-ils encore debout sur la planche pourrie de la culture avant de couler avec les subventions et réapparaître aussi sec ? Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient, … le titre du spectacle est emprunté à l’émission de radio parodiée par Devos. Les paroles du grand auteur n’ont rien perdu de leur puissance humoristique.
Article extrait d’une publication intitulée "Avignon Thelonius et Lola, Josef Josef et les spectacles vus le 19 juillet aux Halles, à la Chartreuse et à la Luna".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire